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M.Alp Topcuoglu, membre du conseil d’administration de Tosyali Algérie : «Nous avons exporté en 2022 vers 20 pays en Europe, en Amérique, en Asie et en Afrique»

Toysali Algérie qui exploite le complexe sidérurgique d’Oran a exporté durant les cinq premiers mois de l’année en cours pour 400 millions de dollars de produits sidérurgiques. Elle vise en 2023 l’exportation pour une valeur de 850 millions de dollars, soit le même résultat qu’en 2022. Tosyali Algérie programme, en outre, la mise en service de l’usine d’acier plat faisant partie de ce complexe en juin 2024.

Entretien réalisé par : Khaled Remouche

Algérie Invest : Quel est votre premier bilan de la participation de Tosyali Algérie à la foire internationale d’Alger?

M. Alp Topcuoglu : Nous sommes contents d’avoir participé à la FIA pour la première fois. Ce RDV annuel permet à notre société de rencontrer de nouveaux clients algériens et étrangers. Nous avons reçu à notre stand plusieurs potentiels acheteurs et fournisseurs à  la fois. Nous étudions à la suite de cette participation toutes les demandes qui requiert un fort intérêt pour notre complexe, notamment  en matière statistique et d’identification des divers métiers et savoirs faire où il y a un manque. Nous n’avons pas toute la base de données disponible pour nous référer à l’existant.  Les échanges directs nous renseignent  sur les producteurs de certains composants dont nos usines ont besoin.  Aussi bien pour les biens que pour les services, notamment dans les métiers liés à l’entretien des installations  l’économie verte, dans la pièce de rechange  etc.

Quels sont les résultats de Tosyali  Algérie en matière de production et d’exportation (valeur et volume) durant les cinq premiers mois de 2023 ainsi qu’en termes de conquête de nouveaux marchés?

Tosyali Algerie produit 4 millions de tonnes d’acier liquide annuellement dont 2,5 million de tonnes/an de rond à béton, 600.000 tonnes/an de fil machine et 600.000 tonnes/an de pipes. Tosyali a exporté en 2022, 1,5 millions de tonnes d’acier pour une valeur de  850 millions de dollars. Nous avons réalisé durant les 05 premiers mois de cette année 2023 l’’ équivalent de 400 millions de dollars d’exportation de divers produits, à destination de nos traditionnels clients en Amérique, en Europe, en Afrique et en Asie. Notre conquête de nouveaux marchés se poursuit. La demande s’accroît sur les marchés qui prévoient de grands investissements dans le bâtiment, l’automobile, l’énergie, la construction ainsi que les grandes infrastructures durant les mois et les années à venir. Nous travaillons à étudier le rythme de croissance des pays et des projets ambitieux qu’ils comptent lancer. Nous mettons à leur disposition  des produits à la hauteur de leurs attentes dans des délais record malgré  les freins logistiques qui caractérisent nos ports. C’est une course entre plusieurs producteurs mondiaux dans laquelle nous nous inscrivons. Evidemment nous concentrons nos efforts sur des clients sûres et à fort potentiel de croissance dont les besoins sont volumineux. 

Quels sont les objectifs de production et d’exportation pour l’année 2023?

En termes d’objectif, pour rester modeste nous tablons sur le même volume que l’année 2022 à  savoir 800 millions de dollars. Nous espérons faire mieux et plus. A condition que l’accompagnement de notre pays soit plus fort. Souvent ce sont des problématiques logistiques qui réduisent la compétitivité des entreprises mais pas que! Tosyali Algérie  peut occuper une plus large part de marché en Europe si la règle de réciprocité était établie dans le cadre de l’accord d’association UE -Algérie. Les producteurs nationaux EL HAJAR AQS et nous même, nous aurions souhaité exporter plus vers l’ ‘Europe si l’Algérie avait profité de la même manière des préférences accordées aux exportateurs européens des aciers vers le pays à zéro taxe. Ce n’est malheureusement pas le cas.

Quelle sera l’implication de Tosyali Algérie dans la valorisation du minerai de fer de Gara Djebilet et quel sera  le rythme d’enlèvement du minerai de fer de Gara Djebilet pour les besoins du complexe sidérurgique de Bethioua?

Tosyali Algerie mettra en service son unité de valorisation du minerai de fer du gisement de Ghara Djebilet à Tindouf  à hauteur de 500 mille tonnes par an de minerai déphosphorisé sur un total de 1 millions de tonnes. Cette opération va permettre à notre nouvelle usine des aciers plats de bénéficier de cette matière pour les besoins de production de nos aciers plats à partir de Ghara Djebilet. De ce fait, ce volume qui proviendrait de Ghara Djebilet participera à satisfaire nos besoins en matière première qui seront de l’ordre de 08 millions de tonnes de minerai, notamment avec la mise en service de l’usine des aciers plats. Une partie de nos besoins sera alimentée en local avec en prime une réduction sensible des importations de la matière première pour toutes les industries sidérurgiques. A moyen terme le complexe sidérurgique avec toutes ses unités sera alors intégré à 80 %.

Comment situez-vous l’état d’avancement des travaux de réalisation du projet d’aciérie spécialisée dans la production d’acier plat?

Les travaux de l’’usine des aciers plats avancent bien  que nous ayons  connu la pandémie du Covid ou nous étions contraints de reporter le lancement des travaux. D’autres aléas indépendants de notre volonté ont ralenti le lancement des travaux, mais nous veillons à rattraper ces lenteurs. Les fondations sont finalisées. Les structures de génie civil sont en bonne voie. Nous avons recouru à une main d ‘œuvre efficace et experte qui maîtrise tout le process de construction, avec une maîtrise des aspects de sécurité, de solidité et d’économie d’ énergie avec des circuits intégrés entrant dans le domaine de l’économie circulaire notamment dans la réutilisation des eaux et la transformation des résidus. 

Le changement des règles d’accès au marché européen pour les produits sidérurgiques de pays tiers oblige-t-elle Tosyali Algérie à investir dans la production de produits strictement respectueux de ces directives liées à la préservation de l’environnement ?

Tosyali Algerie a  mis au point  des installations technologiques de référence mondiale, un DRI unique au monde. Les règles d’accès au marché ne sont pas une limite ni une contrainte pour nous. Bien au contraire. Sachez que nous avons une très faible empreinte carbone car nous utilisons du gaz naturel là où d’autres producteurs  utilisent le coke à très forte empreinte carbone. Mieux encore, nous allons investir dans 1000 mégawatt d’énergie renouvelable avec panneaux solaires ou énergie  photovoltaïque. Ainsi, l’alimentation  de nos complexes  sera  générée en partie de cette énergie propre. De ce point de vue, les règles d’accès au marché européen seront  amplement respectées. Tosyali Algerie exporte comme vous le savez vers divers  marchés développés  qui exigent le respect d’une batterie de règles de normes et de certification, lesquelles normes et certifications varient d’une région à une autre. Ces exigences portent sur un ensemble d’éléments, protection de l’environnement, sécurité, solidité, processus de transformation, origine , composants, mais aussi des exigences de respect des conditions de la RSE, HSE, RH et des conditions d’employabilité. C’est vous dire à quel point  notre société est au fait des nouvelles règles industrielles, sociales et environnementales, qui nous imposent davantage de rigueur et une transformation radicale de nos industries selon les nouveaux paradigmes. En réalité, nous sommes face à une demande de  transformation du modèle social qui prend naissance au sein de l’entreprise. Nous y adhérons pleinement tant que la finalité tourne autour de la recherche du bien-être de nos employés, de la collectivité dans son ensemble et de la pérennité de nos investissements. 

Les contraintes logistiques que rencontre Tosyali Algérie pour importer et exporter sont-elles sur le point d’être surmontées?

Tosyali a réalisé 850 millions de dollars d’exportation en 2022 cela représente 45 % de son chiffre d’affaire annuel, 20 pays sont destinataires des produits sidérurgique du complexe d’Oran .Un chiffre que nous pouvions largement dépasser si les problèmes logistiques ne constituaient pas un frein. Parmi eux, la faiblesse du tirant d’eau des ports qui ne peuvent prendre en charge ou traiter des navires de grandes capacités comme les CAP SISE de 60 mille tonnes. A l’ heure actuelle, seul le port d’Oran peut recevoir à quai des navires qui atteignent au grand maximum les 40 mille tonnes , qu’il s’ agisse d’opération d’ exportation que d’ importation. Outre cette difficulté, la faiblesse du rythme de déchargement ou de chargement par des équipes sur place. Cela induit des attentes des navires qui restent en rade jusqu’ à 15 jours. Cette rade des navires coûte à l’entreprise exportatrice des pénalités des surestaries en devise forte payée aux armateurs. J’ajoute à cela la désorganisation dans la gestion des ports à savoir le manque de moyen de manutention chargement, déchargement, l’absence de qualification des équipes dans la manutention des produits sidérurgiques, les lenteurs dans l’exécution du travail en général. Les équipes du port n’acceptent pas le rythme de travail de trois fois huit. Résultat, Seulement 3000 tonnes de produits sidérurgiques d’un navire de 40.000 tonnes peuvent être chargés en 15 jours alors que dans les ports concurrents 10.000 tonnes de chargement sont traités en seulement 4 jours ! Cette situation est un handicap pour tout exportateur. Pourtant nous sommes plus proche géographiquement de nos clients. Ce que nous espérons, la fin des travaux en juin 2023 au Port d’Arzew qui est  en voie de modification et d’extension des quais et de tirant d’eau. Ces quais vont permettre de traiter des navires CAP SIZE de 60 mille tonnes. Cette capacité pourra prendre en charge les produits de notre usine des aciers plats dont l’achèvement est programmé pour juin 2024. C’est à cette échéance que  nos exportations passeront  en volume de 01 million 500 mille tonnes en 2022 à 2,5 millions de tonnes en 2024.  Les contraintes logistiques sont une contrainte  pour tout opérateur exportateur en Algérie mais cela ne nous empêche pas d’exporter, ce n’est pas un blocage en soi mais elles réduisent l’efficacité de nos transactions, elles freinent notre besoin de réactivité face-à-face à la demande du marché. La rapidité, la disponibilité en temps et en heure de nos produits, l’offre de coûts compétitifs sont des éléments extrêmement  déterminant  dans l’occupation des parts de marché à l’international. En l’absence de ces facteurs, nous  sommes exposés parfois  à des pertes de clients. Ceci dit, notre savoir-faire nous aide à contourner ces difficultés autant de fois que possible, et fort heureusement nous sommes surtout chanceux de produire dans un pays (ndlr l’Algérie) qui offre des avantages comparatifs certains à la hauteur de nos espérances, voilà qui compense les difficultés logistiques désormais prise en charge conjointement par les pouvoirs publics et les opérateurs économiques. Néanmoins  nous demeurons confiants. 

K.R.     

North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference
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