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La Littératie et la Numératie dans la nouvelle ère du marché de travail.

M. Lotfi Boughadou est docteur en économie et consultant auprès de  plusieurs entreprises (multinationales, privées et publiques). Grâce à son profil globe-trotter, il a pu acquérir plusieurs expériences à l’échelle internationale. Il compte à son actif plusieurs études d’envergure mondiale, notamment des publications en matière de solutions sur l’aspect économique pendant et post-pandémie de la Covid-19, ainsi que son motto: «think simple & bring solutions».  

M. Boughadou est l’auteur du témoignage-recueil «Makpongola» édité en France en 2015 et co-auteur du « Crédit-bail, Crédit classique» édité en 2017 en Allemagne.  

Le monde de l’emploi est en train de changer radicalement. Les transitions démographiques, numériques et climatiques sont en voie de transformer durablement le profil des emplois et les compétences requises pour réussir. On observe une diminution du travail de routine, le dégroupement et/ou le regroupement de certaines tâches, de nouveaux métiers (Power Skills) émergent, tandis que d’autres sont appelés à évoluer sinon  disparaître. D’où l’interrogation suivante : la Littératie et la Numératie sont-elles suffisantes comme compétences, pour se maintenir sur le marché du travail ?

Selon la Banque Mondiale, la population active en Algérie avoisine les 12.4 millions en 2021, l’Office Nationale des Statistiques (ONS) annonce près de 1.5 million d’inactifs en 2019, quant  au Fonds monétaire international (FMI), il prévoit un taux de chômage de 14,86 % en 2022, malgré les efforts de l’Etat algérien via l’Agence Nationale de l’Emploi (ANEM) et autres dispositifs d’aide à l’emploi de jeunes. En application du décret exécutif n° 22-70 du 9 Rajab 1443 correspondant au 10 février 2022 fixant les conditions, les modalités et le montant de l’allocation chômage ainsi que les engagements des bénéficiaires), une allocation-chômage est attribuée à une catégorie de jeunes chômeurs, en attendant leur placement dans le marché du travail.

Cette méthode utilisée par l’ANEM permet notamment d’obtenir des statistiques fiables sur l’employabilité, sachant que le plus dur est de pouvoir placer les candidats à l’emploi bien que la demande soit relativement faible compte tenu des aléas et les cas de forces majeures (la pandémie, les guerres dans le monde, bouleversement de la supply chain, …).

Il est cohérent avec le plan stratégique d’un pays, ainsi qu’avec les stratégies gouvernementales existantes et le Bureau International du Travail (BIT), de réviser constamment et de mettre à jour la Nomenclature Algérienne des Métiers et des Emplois (NAME), car, à ce jour, il demeure impossible à l’ANEM – pour ce qui est de certaines entreprises – de satisfaire leurs demandes, compte tenu des nouveaux métiers émergents, de les intégrer dans cette nomenclature de postes qui demeure peu étoffée, et l’incapacité de les matcher sur WassitOnline.

Il faut accentuer le point du fait que l’élaboration et la révision d’un référentiel des métiers marque la première phase d’un processus primordial qui permet de comprendre une panoplie et un large panel d’activités et atteindre un degré de maîtrise. Sa mise en valeur, sa diffusion, sa fréquence de révision, puis la sensibilisation via un guide destiné aux entreprises, permettront d’aller vers le développement d’outils de diagnostics spécifiques à des professions ou à des secteurs, et diminuer les recommandations et cooptations subjectives ou sociales au détriment de la compétence qui contribue à produire une valeur ajoutée. Le MTESS par le biais de l’’ANEM, et en collaboration avec l’Union Européenne, lança le projet AFEQ en 2019 (programme DAIEF) qui sera, espérons bien, un palliatif à cette situation et boostera les entreprises dans leurs recherches en matière de ressources humaines, précisément, dans le développement RH et des compétences (GPEC & GEPP) et surtout pouvoir mesurer la contribution économique.

En amont, il est nécessaire de produire un nouveau système basé sur l’équilibre professionnel et personnel (pro-perso), par nature d’activité. Quant à la partie éducation, il est évident qu’il faut impérativement changer le système classique basé uniquement sur la notation et le remplacer  par un apprentissage proactif orienté métier suivant un système d’évaluation évolué et optimal, avec une vision de dirigeant privilégiant fondamentalement l’innovation, pour qu’à l’université, on puisse obtenir une élite de masse fondée sur la pratique plus que sur la théorie, susceptible de se frotter plus tôt au monde du travail et à celui de l’entreprise en insistant sur le fait d’entreprendre la compréhension du circuit économique, en faisant appel à un encadrement par des Mad Profiles qui sont pluridisciplinaires, et comprendre l’aspect discipline, savoir-être et savoir-vivre, pour qu’à la fin, nous puissions obtenir une sphère socioculturelle plus productive avec une vision stratégique et managériale, en créant une passerelle entre les entreprises et l’université comme réalisé dans les secteurs Oil & Gas, pharmaceutique, industrie et autres. …

Il ne faut pas exclure que la Littératie et la Numératie demeurent toujours, le socle des compétences futures, mais nous pouvons aussi ajouter d’autres compétences qui sont nécessaire à développer d’urgence en Algérie :

Favoriser l’INCLUSION et le respect de la diversité

Etre en mesure de COLLABORER et de COMMUNIQUER adéquatement

Faire preuve d’ADAPTABILITE face aux changements

Faire preuve d’AUTONOMIE

Etre en mesure de RESOUDRE DES PROBLEMES de façon créative

Agir d’une façon ETHIQUE

Respecter et agir pour l’ENVIRONNEMENT

Savoir gérer l’INFORMATION et faire preuve de jugement basé sur la critique constructive et pertinente en toute objectivité

Utiliser et comprendre le NUMERIQUE

Adopter une posture de DEVELOPPEMENT PROFESSIONNEL continu

Dans une dimension monde, le sujet de compétences dans le marché du travail est une exigence sans limite qui passe nécessairement par la qualification, le rehaussement ou la requalification de la main d’œuvre, et surtout acquérir des compétences techniques nouvelles et d’autres non techniques, dans le but de préserver les emplois en premier lieu, tels que les métiers susceptibles de disparaître ou des métiers appelés à évoluer. Des organismes comme l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques, le Forum Economique Mondial et le Bureau International de Travail font en sorte de travailler en amélioration continue, dans le but de chercher des solutions concrètes où se frottent des professions et des compétences émergentes versus des professions et des compétences victimes d’obsolescence et des nouvelles normes d’analphabétisme.

Par Lotfi Boughadou

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