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Abderrahmane Hadef : «L’embargo sur le pétrole russe va avoir des répercussions sur le marché international»

L’embargo de l’Union européenne et du G7 sur le pétrole russe est en vigueur depuis le 5 décembre. Au total, l’embargo pourrait entraîner une baisse des exportations russes de 100.000 à 150.000 barils par jour, selon des estimations.

Selon l’économiste Abderrahmane Hadef, interrogé hier lundi par Algérie Invest, cette mesure prise dans le contexte du conflit armé entre Russes et Ukrainiens, était prévisible.« La Russie s’attendait à cette mesure», note M. Hadef, ajoutant que les Russes ont déjà pris leurs dispositions dans ce sens en réorientant leurs exportations de pétrole vers d’autres destinations et plus particulièrement l’Asie, où il y a une forte demande de la part l’Inde, la Chine et le Pakistan. «Pour devancer cette mesure, la Russie a consenti des rabais pour ses clients» au rang desquels figure aussi l’Arabie Saoudite qui utilise le pétrole russe pour certaines industries pétrochimiques, fait observer Abderrahmane Hadef. Selon lui, les Russes ont également anticipé l’embargo sur les sociétés d’assurance pour le transport de pétrole, en cherchant de nouveaux assureurs sur le continent asiatique notamment chinois. Des dispositions ont été également prises par les autorités russes concernant les moyens de transport des hydrocarbures. «Les Russes ont déjà prévu des palliatifs et des solutions (pour contrer) ces mesures. A mon sens, (cet embargo) ne va pas trop affecter leurs exportations à moyen terme», estime M. Hadef.

Un risque d’une récession globale ?

L’expert note que l’embargo sur le pétrole russe va avoir des répercussions sur le marché international, par le fait même que c’est un précédent. «Les occidentaux sont en train de provoquer des changements dans les pratiques de droit commercial. Cela va se répercuter sur les échanges internationaux», relève l’expert qui juge qu’il n’est pas de bonne pratique d’imposer le prix d’un produit quand bien même que cela survient dans une situation de conflit.

Selon M. Hadef, la décision de l’UE et du G7 ne fait pas nécessairement consensus, puisqu’elle a suscité une levée de boucliers chez les armateurs grecs et les assureurs britanniques qui vont perdre de juteux contrats. 

L’entrée en vigueur de l’embargo sur le pétrole russe a été précédée par l’annonce de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), dimanche, de maintenir leur plan de production pétrolière décidé en octobre dernier. Invité à la commenter, Abderrahmane Hadef a qualifié l’annonce de l’OPEP+ de «tactique» de la part des membres de l’OPEP+ face à l’incertitude que fait peser l’annonce de l’entrée en vigueur de l’embargo occidental sur le pétrole russe. Mais aussi face aux perspectives qui ont été annoncées par les différentes institutions internationales sur un ralentissement de l’économie mondiale. Enfin, la décision de l’Opep+ se veut aussi une mesure tactique à l’incertitude que peser la politique «zéro Covid» de la Chine qui laisse planer le doute quant à une relance de l’économie chinoise. «Je pense qu’il y aura aussi des discussions au sein de l’Opep+ pour aller au-delà des 2 millions de barils/jour, parce qu’il se pourrait que les pays occidentaux intensifient leurs sanctions», analyse M. Hadef qui n’exclut pas le risque d’une «récession globale». 

Younès Djama 

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