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M. Nazim Sini, analyste économique et conférencier: L’adhésion de l’Algérie permettrait d’accroître la richesse générée par les BRICS

L’Algérie a annoncé le lundi 7 novembre avoir déposé officiellement sa demande d’adhésion au groupe des Brics, groupe d’États qui réunit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.  Une volonté, aussitôt, saluée par la Russie à travers le représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique et vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. Une demande d’adhésion encouragée par la Chine qui, en septembre dernier, avait déclaré son soutien à l’Algérie. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait déclaré que son pays « accueillait favorablement l’adhésion de l’Algérie à la famille des BRICS ».

Pour l’économiste M. Nazim Sini, la demande algérienne d’intégrer ce club intervient au moment opportun. Un moment où les fondamentaux macroéconomiques de l’Algérie sont solides et son environnement des affaires plus propice. l’Algérie est l’un des rares pays à n’avoir aucun endettement extérieur, un atout? Pourquoi?

Propos recueillis par: Younès DJAMA

Algérie Invest : Premièrement, qu’entend-on par les BRICS ?

M. Nazim Sini:  Les BRICS est l’acronyme représentant les pays suivants : Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud (pour South Africa). Les BRICS sont en réalité un club fermé et restreint composé de pays dits émergents. Ils ne sont pas une institution à proprement parler. La naissance du BRICS est survenue dans le but de redéfinir les rapports de force économiques et politiques. Une manière de dire que l’ancien monde représenté par le bloc occidental, est en perte de vitesse face à ces géants mondiaux.  Aujourd’hui ils sont l’antichambre du G7 et contrepoids face aux pays dits développés qui dictent les relations commerciales internationales. Le BRICS a toujours eu pour volonté de rééquilibrer les pouvoirs et l’hégémonie des occidentaux.

L’Algérie a formulé une demande officielle pour intégrer ce cercle. Quels intérêts peut-elle en tirer ?

Cette demande officielle peut paraître prématurée, mais elle intervient au contraire au bon moment. Surtout dans le contexte de tension que l’on connaît actuellement (crise en Ukraine, ndlr). Le choc énergétique que nous vivons actuellement rebat les cartes des sphères d’influences. L’Algérie devient naturellement un candidat crédible pour intégrer les BRICS. Il faut rappeler que cette demande intervient à un moment où nos fondamentaux macroéconomiques sont solides, notre environnement des affaires plus propices et surtout nous sommes l’un des rares pays à n’avoir aucun endettement extérieur. Ce qui renforce notre souveraineté. Nous représentons véritablement la puissance économique émergente en Méditerranée. L’intérêt principal pour l’Algérie est le prestige diplomatique et politique qu’elle pourrait tirer si elle devait intégrer ce cercle prestigieux. Cela lancerait un signal très fort au monde entier. L’Algérie bénéficierait d’un sacré coup de projecteur sur ses atouts et son potentiel économique. Elle pourrait multiplier par 7 ou 8 les IDE (investissements directs étrangers).

Au sein du groupe des BRICS, l’Algérie compte deux alliés traditionnels, la Chine et la Russie. Cela va-t-il faciliter son intégration ?

La Russie et la Chine ont toujours été des alliés indéfectibles de l’Algérie, et ce depuis plusieurs décennies. Les deux puissances vouent une profonde attache aux relations bilatérales avec l’Algérie. Ce sont des pays qui ont aussi tissé des liens économiques très forts. Effectivement ils peuvent peser dans la décision d’accorder ou non à l’Algérie le statut de puissance émergente. A mon sens tout l’enjeu se situe à ce niveau. C’est-à-dire le statut qui va être conféré à l’Algérie en rejoignant les BRICS. Bien entendu qu’un appuie sans équivoque de la Chine et la Russie facilitera l’intégration de l’Algérie dans ce club ultra sélect et prestigieux.  

Quel est le poids des BRICS dans l’économie mondiale ?

Il faut savoir que les BRICS ont pendant des années tiré la croissance mondiale. Ces pays ont été des locomotives durant ces 20 dernières années. Leur poids est donc considérable. A titre d’exemple, ils représentent 16% des transactions commerciales internationales, près de 30% de la production mondiale des biens, et pèsent environ 40% de la population mondiale. Ils font pratiquement jeu égal avec les pays du G7 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Canada et Etats-Unis). L’arrivée de l’Algérie dans ce cercle viendrait peser davantage et permettrait d’accroître la richesse générée par les BRICS… qui seront bientôt je l’espère les BRICSA.

Y.D.

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