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M. Atmane Benkara, Directeur des activités de croissance Geocycle & sac à Lafarge Algérie :«Près de 250 000 tonnes de déchets traités en cimenterie Lafarge en 2022»

La cimenterie d’Oggaz, sise dans la wilaya de Mascara, est la seule, à ce jour, à posséder les autorisations du ministère de l’Environnement pour la co-incinération des déchets dangereux, une opération qui se fait en même temps que la production du ciment. En fait, nous apprenons de M. Atmane Benkara, ce sont certains déchets dangereux, auxquels sont ajoutés des matières premières, qui se transforment en ciment, avec une technologie et une maîtrise de pointe.

Lafarge Algérie s’est d’ores et déjà engagée, au niveau de ses deux autres usines de M’Sila et de Biskra, dans la réalisation des investissements pour le co-traitement de ces déchets. Actuellement, l’entreprise est en développement de l’activité sur des contrats à long terme avec des industriels algériens pour le traitement et la valorisation de leurs déchets.

Entretien réalisé par : Hakima Laouli

Algerieinvest : Lafarge Algérie se lance dans l’incinération des déchets dangereux. Comment procédez vous ?

M. Atmane Benkara : Suivant la nomenclature du ministère de l’Environnement, il y a une classification des types de déchets : Les déchets inertes qui ne sont pas dangereux, les déchets dangereux et ceux qui sont spéciaux dangereux.

Aujourd’hui, notre cimenterie d’Oggaz, sise dans la wilaya de Mascara, Lafarge Ciment Oggaz, détient les autorisations du ministère de l’Environnement lui permettant de co-incinérer et de co-traiter les déchets, en même temps que la production du ciment. Nous avons une multitude de déchets spéciaux dangereux qui sont injectés quotidiennement dans notre processus de production. Des déchets pâteux,  liquides, solides ou emballés. Dans ce même processus, nous intégrons une partie de substitution, que ce soit aux matières premières ou aux énergies fossiles. Pour faire du ciment, il faut de l’argile, du calcaire et des ajouts. Il faut également du minerai de fer. Ce sont des ressources naturelles épuisables issues des carrières. Les boues des barrages, par exemple, ont été traitées en cimenterie en substitution à l’argile.

Donc ces déchets dangereux vont vers la production du ciment ?

C’est un traitement thermique, les déchets sont introduits dans le four à une très haute température, toutes les molécules sont totalement détruites. Si le déchet contient une fraction minérale valorisable, cette fraction sera introduite dans le ciment. Nous veillons à ce que l’atmosphère ne soit pas polluée à cause de l’injection de ces déchets.

Vous avez commencé alors le travail ?

Nous avons commencé en 2019 suite à l’obtention des autorisations du ministère de l’environnement, mais il y avait déjà une première opération en 2015, avec le Syndicat National des Pharmaciens d’Officine (SNAPO), sous la coupe des deux ministères de la Santé et de l’Environnement. A l’époque, c’était uniquement les produits pharmaceutiques périmés. Les pouvoirs publics ont joué un rôle très important du fait notamment que ce soit la première opération du genre. Il n’y avait pas de cimenteries autorisées à le faire. Jusqu’ à présent, Lafarge Ciment Oggaz est la seule cimenterie qui est autorisée à la co-incinération des produits pharmaceutiques périmés et autres déchets dangereux et spéciaux dangereux.

Et les cimenteries de M’Sila et de Biskra ?

Pas encore mais c’est en perspective à court terme. Nous avons des investissements à faire de façon à permettre à ces deux cimenteries d’obtenir les mêmes agréments en 2023.

Quelles sont vos autres partenaires ou clients ?

Nous avons plusieurs partenaires qui sont engagés d’un point de vue environnement et développement durable pour traiter leurs résidus. Pour les résidus de process industriels, nous avons des opérateurs tels que SIM et AFIA qui traitent leurs terres décolorantes et boues issues de leurs Station d’Épuration (STEP) à notre niveau.

Pour la substitution de nos matières premières par des résidus nous pouvons citer par exemple les tests industriels opérés au niveau de nos 3 cimenteries avec les déchets de vase de barrage, il s’agit d’une belle histoire locale, initiée par l’université de Aïn Témouchent et qui a permis d’inscrire ce projet au Programme National de Recherche en collaboration avec l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT). Toujours dans ce registre de substitution de matière, nous avons notamment traité un peu plus de 16.000 tonnes de boues ferreuses de l’industrie métallurgique avec le groupe TOSYALI et nous avons également fait des tests avec Algeria Qatari Steel dans le même registre. Cette industrie génère des déchets qui contiennent du fer. Ce sont des déchets pour eux mais un substitut aux minerais de fer pour nous. De même, d’autres industriels pour ne citer que Sika, Nestlé, British American Tobacco (BAT), Naftal, etc. ont traité des produits chimiques, des déchets de laboratoires, des peintures, solvants périmés, des déchets de process ainsi que des produits agroalimentaires périmés.

Assurez-vous un service complet seul ou bien vous avez des partenaires avec lesquels vous collaborer pour offrir ce service ?

Aujourd’hui, nous ne comptons pas moins de 6 partenaires locaux qui sont certifiés par le ministère de l’environnement et qui détiennent les autorisations de collecte et de transport de déchets dangereux et spéciaux dangereux, et ils jouent un rôle important dans la chaîne de valeur en identifiant les déchets, réalisant les opérations de collecte, de tri et de reconditionnement afin que ces déchets respectent les standards de qualification et de co-traitement.

Quel genre d’investissements envisagez-vous ?

Les investissements que nous réalisons aujourd’hui sont plus de l’ordre des installations. Ce que nous appelons une géochute. C’est une installation qui permet d’injecter des déchets à l’intérieur du four, à l’aide de bande transporteuse et de clapets antiretour pour nous assurer que l’opération se déroule dans des conditions de sécurité optimale, sans que ce soit dangereux pour les employés et pour nos installations.

Nous pensons dupliquer également la station de traitement des déchets liquides et pâteux qui est à l’usine d’Oggaz sur l’usine de Biskra pour le traitement des boues d’hydrocarbures, des peintures et solvants, des produits chimiques et huiles usées.

Auriez-vous quelques chiffres sur les déchets dangereux qui peuvent exister en Algérie ?

Nous n’avons pas de chiffres précis mais nous savons qu’aujourd’hui, il y a énormément de déchets qui ne vont pas forcément là où il faut aller ou qui restent stockés chez les clients par absence de solutions adéquates, du fait que les textes réglementaires sont très clairs à ce sujet.

Nous avons traité un peu plus de 5000 tonnes de déchets l’année dernière, et cette année, avec les vases des barrages et les boues ferreuses de Tosyali, nous allons dépasser les 250 000 tonnes de déchets qui seront traitées à l’usine d’Oggaz.

Vous êtes en négociation avec des acteurs de l’industrie automobile. Pouvez-vous nous en dire d’avantage ?

Notamment dans le secteur pneumatique, une quantité importante de déchets est générée, avec des pneus usés ou non conformes difficile à stocker. Nous allons tenter de commencer par des essais pilotes (200 tonnes). Nous verrons le résultat et déciderons par la suite de la façon d’intervenir. L’idée de répondre au mieux aux besoins de nos partenaires potentiels en offrant une solution complète de l’enlèvement jusqu’au traitement.

Vous êtes également sur un projet d’installation de panneaux photovoltaïques, donc le recours à l’énergie solaire

Effectivement, c’est pour l’unité Lafarge Sacs qui dispose de deux lignes de production de sacs vides en papier kraft, qui se situe à Bordj Bou Arreridj, pouvant atteindre une capacité de production de 130 millions de sacs annuellement. Depuis quelques jours, nous avons lancé l’analyse de nos consommations électriques, afin de voir quels sont les investissements à consentir pour disposer de l’énergie solaire au niveau de ce site pour un déploiement en 2023.

H. L.

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