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Evolutions géopolitiques mondiales : Quelles urgences pour l’économie algérienne ? (Rachid Sekak)

Reconstruire une capacité prospective, rester en veille stratégique, ouvrir la discussion sur de tels sujets sensibles, telles devraient être des priorités parmi les priorités de l’Algérie afin de prévenir les risques ou menaces induits par les mutations géopolitiques mondiales, selon le point de vue de cet économiste, spécialiste financier, très connu sur la place financière locale en raison de la pertinence de  ses analyses.

Par Khaled Remouche

Rachid Sekak, économiste et spécialiste financier a présenté samedi dernier dans le cadre des rencontres périodiques organisées par le Think tank de l’Ecole Supérieure de Commerce de Koléa une communication intitulée «Evolutions géopolitiques mondiales et économie algérienne, quelles urgences ?» En toile de fond, l’économiste relève que notre pays est fortement interpellé par ces évolutions. Il ajoute que l’Algérie sera impactée par ces mutations ou dynamiques en cours.

Rachid Sekak pointe du doigt l’incertitude sur notre source d’accumulation, c’est-à-dire sur nos revenus tirés de l’exploitation des gisements de gaz et de pétrole. Il rappelle que notre pays est vulnérable, d’où la nécessité de répondre à ces problématiques : comment prévenir les risques, comment anticiper, agir, réagir ? Mais quels sont les traits de ces évolutions géopolitiques mondiales qui articulent sa présentation. Comme premier point ou axe abordé dans sa communication, Rachid Sekak souligne que la géopolitique sera déterminante dans l’évolution de l’économie mondiale. Il observe que l’économie et la géopolitique sont à présent plus entremêlées et que les échanges économiques sont entravés par la géopolitique. « Les liens économiques et commerciaux sont devenus plus clairement des instruments pouvant servir des buts géopolitiques. Certains vont plus loin et évoquent une militarisation du commerce international et des relations économiques internationales dont les sanctions, les embargos et les gels d’avoirs sont les armes déployées » ajoute-t-il. L’économiste évoque un regain de protectionnisme dans le monde : «on a pu noter un regain de protectionnisme et même un filtrage des IDE de certains pays notamment en Europe. La tendance interventionniste est bien là»

Des divergences existent sur la place des hydrocarbures : la volonté de l’Europe d’une sortie du gaz symptomatique de ces divergences

Autre tendance : le concept de souveraineté économique revisité. «On observe l’avènement du concept d’autonomie stratégique élargie aux enjeux économiques : la capacité à défendre et poursuivre ses intérêts non pas seul mais sans dépendances indésirables et sans contraintes extérieures. Nous allons probablement vers des interdépendances choisies et assumées, vers une ouverture sélective, le friendshoring évoqué par les autorités US  », précise l’économiste.

Concernant la mondialisation, il rappelle qu’elle est remise en cause. A ce sujet, il affirme que beaucoup pensent que l’optimisation des coûts , qui a permis une longue période de déflation , ne sera plus la variable clé de la mondialisation. Il ajoute que les relocalisations et les politiques industrielles sont  au cœur du débat actuel. Rachid Sekak souligne ainsi que le visage de la mondialisation va changer : la géopolitique va de plus en plus influencer la structure des chaines d’approvisionnement. Le monde sera davantage multipolaire, relève Rachid Sekak. Comme second axe de sa communication, le spécialiste financier abordera la question du dérèglement écologique et du réchauffement climatique, qui sont «on the top de l’agenda ». L’orateur, relève en ce sens, l’absence de consensus sur le mode opératoire et le calendrier vers la neutralité carbone. En outre, des incertitudes existent notamment sur le coût de la décarbonation, ajoute-t-il.

Et sur ce qui préoccupe au plus haut point l’Algérie, Rachid Sekak souligne que «des divergent existent  par rapport à la place des hydrocarbures : la position de l’Europe et sa volonté d’une sortie du gaz est symptomatique de ces divergences». Il observe également que les négociations climatiques relèvent aussi de la géopolitique. A cet égard, Rachid Sekak cite Sadek Boussena , l’ancien ministre algérien et l’un de nos meilleurs spécialistes pétroliers qui «a évoqué très justement la sécurité des débouchés pour les exportateurs de gaz comme l’Algérie». Rachid Sekak évoquera aussi les incertitudes et les conséquences possibles du progrès technologique et de l’innovation notamment la transformation numérique et l’intelligence artificielle en concluant sur ce volet « SHUMPETER aura-t-il raison ou MALTHUS sera-t-il de retour ?» relevant que le débat innovation versus sobriété est toujours au centre du débat pour l’évolution du monde.

Autre évolution attendue par le financier «le cadre institutionnel de la gouvernance mondiale / le système multilatéral va évoluer …mais dans quelles direction et à quelle vitesse ?» L’orateur conclura sa communication par la situation de l’Algérie face à ces évolutions géopolitiques et par la présentation des urgences ou priorités précitées pour l’économie nationale, devant ces mutations de l’économie mondiale.

K.R.

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