ActualitésDéveloppement durableInternationalNationale

Rabah Sellami, expert en énergie : «Le GECF doit renforcer le dialogue avec les pays consommateurs»

Dans cet entretien, le spécialiste souligne que le GECF doit défendre le fait que le gaz naturel est la source d’énergie la moins polluante par rapport aux autres énergies fossiles et que ce combustible doit accompagner la transition énergétique.

Entretien réalisé par : Khaled Remouche

Algérieinvest: Comment situez-vous l’importance du GECF, forum des pays exportateurs de gaz sur la scène énergétique mondiale ?

M. Rabah Sellami: La composante de ce forum indique que c’est un groupe de pays très important. Les pays exportateurs de gaz détiennent la majorité des réserves du gaz dans le monde.  Par rapport aux besoins du marché qui devra croitre, il est certain le que le GCEF aura à l’avenir un rôle important à jouer. Il aura à gagner de la place par rapport aux autres énergies fossiles dans le futur. Dans le calendrier 2050, la part du gaz augmentera à hauteur de 26 % du bilan énergétique mondial. Les pays exportateurs de gaz auront donc dans le futur un rôle important à jouer sur la scène énergétique internationale.

Qu’attendent les pays exportateurs de gaz de ce sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du GECF qui se tient à Alger du 29 février au 2 mars 2024?

Les pays producteur de gaz attendent des résultats de ce sommet en faveur de leur pays. Par rapport à la transition énergétique internationale et comme on voit comme tendance le développement des énergies renouvelables, comme on parle de l’hydrogène, de nouvelles sources d’énergie, je pense que les pays exportateurs devront attendre des résultats de cette réunion pour développer la filière gaz.

Aujourd’hui on constate une baisse des investissements dans les énergies fossiles. Et en même temps, on assiste à une demande croissante des pays consommateur sur ces énergies. Il y a donc des défis auxquels il faut faire face. A titre d’exemple, les pays exportateurs aspirent à attirer plus d’investissements afin de partager les risques. notamment dans la partie amont, c’est-à-dire particulièrement dans l’exploration et la recherche d’hydrocarbures, c’est là où il y a plus de risques Et c’est là l’un des objectifs visés par les pays exportateurs de gaz. Par rapport aux émissions de gaz à effet de serre, le gaz naturel est la source d’énergie la moins polluante. Les pays producteurs doivent défendre cet aspect-là. En ce sens, le gaz naturel pourrait jouer un rôle important dans cette transition énergétique. Le gaz naturel va accompagner cette transition énergétique. Il n’est pas question d’éliminer le gaz naturel dans cette transition énergétique.

Quelle est votre appréciation sur l’institution de la taxe carbone  par l’Union européenne en 2026 qui risque de pénaliser nos exportations hors hydrocarbures, notamment dans les filières ciment, engrais, sidérurgie ?

La taxe carbone ne va pas nous menacer mais nous inciter à décarboner certains secteurs. Cette taxe carbone ne touche pas tous les secteurs. Il y a certains secteurs qui ne peuvent pas être touchés par cette taxe. Le chauffage résidentiel par exemple. C’est là où la demande va croitre à l’avenir. On a constaté au niveau de l’Europe pendant la saison du froid, il y a une tension en matière de demande sur le gaz naturel. La demande surtout est tirée par le secteur résidentiel, à savoir les citoyens Le gaz naturel sera ainsi l’objet de demande pendant longtemps. Dans d’autres secteurs comme la chimie, la pétrochimie, le gaz naturel ne peut être éliminé rapidement. Je pense que le gaz naturel a de l’avenir devant lui. A l’horizon 2050, le gaz naturel aura une part de 26% dans le bilan énergétique mondial. Ce qui est très élevé. La taxe carbone touchera certains secteurs. Mais on peut s’adapter à cette situation en lançant la décarbonation de ces secteurs.

Faut-il s’attendre à la création d’une OPEP du gaz ?

Il est trop tôt pour se prononcer sur une décision pareille. Il y a beaucoup d’enjeux, beaucoup de questions auxquelles il faudrait d’abord répondre dans ce forum. Cette question de s’organiser sous une organisation pareille, je ne peux pas vous donner un avis à l’état actuel des choses.

Qu’en est –il de l’avenir des contrats de vente et d’achat de gaz à long terme ?

Je pense que c’est l’un des sujets où il y aura des discussions dans ce sommet. Les pays exportateurs doivent défendre ce type de contrat, ceux surtout qui disposent des infrastructures de transport, des pipelines. C’est difficile de sortir de ce type de contrat pour les pays qui disposent d’infrastructures de transport importantes. Pour le gaz naturel liquéfié, c’est un peu différent. Pour le gaz transporté par gazoduc, cela va être discuté profondément dans ce sommet. Cela va dans l’intérêt des pays exportateurs de gaz.

Quelles sont les problématiques centrales qui seront certainement abordées dans ce forum?

Je pense à la problématique du renouvellement des réserves de gaz. Elle est très importante. Cela signifie qu’un grand effort doit être consenti par les deux parties : les pays consommateurs et les pays producteurs dans l’exploration et la recherche d’hydrocarbures. Le développement de la filière gaz donnera ainsi une meilleure visibilité par rapport aux réserves mondiales de gaz naturel. Je pense que ce sera une problématique principale qui sera abordée dans ce forum

Le Sommet va-t-il encourager le renforcement du dialogue entre pays consommateurs et producteurs ?

Il y a lieu d’encourager le dialogue entre les pays consommateurs et les pays producteurs. C’est primordial. Parce que ce sont les deux éléments de l’équation de base. Concernant le renouvellement des réserves, c’est un effort commun qu’il faudrait engager pour développer les ressources en gaz naturel. Les pays consommateurs doivent s’impliquer dans le partage de risques, s’agissant de développer de nouvelles réserves de gaz.

Doit-on renforcer la corrélation entre gaz naturel et  énergies renouvelables ?

C’est un aspect très important qui sera discuté au cours de ce sommet. Si on regarde le Outlook du GECF en 2022, il insistait sur le fait que le gaz naturel va accompagner cette transition énergétique. Dans le mix énergétique futur, on va retrouver le gaz naturel, les énergies renouvelables. On va retrouver l’hydrogène. Nous sommes déjà dans cette tendance. En effet, certains pays sont en train de décarboner le secteur des transports en utilisant le gaz naturel se substituant ainsi à l’essence et le gaz oil. Parce que le gaz naturel est très propre comparé aux autres carburants.

K.R.

North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité