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Evolution du secteur bancaire africain sous la loupe de Rachid Sekak ; Analyse

Emergence des banques panafricaines

Les banques panafricaines notamment Ecobank ,Coris, Orabank et Vista Bank, en particulier se sont développées au fil des ans grâce aux acquisitions, souligne le spécialiste financier. Ce qui pose la problématique du mode d’expansion des banques algériennes en Afrique. L’implantation de banques algériennes en Afrique au lieu d’acquisitions bancaires  est une formule plus coûteuse, plus complexe et plus risquée et pose la question de leur supervision par la Banque d’Algérie, affirme Rachid Sekak.

Compte rendu: Khaled Remmouche

Au cours d’une rencontre organisée récemment  par le Think Tank de l’Ecole supérieure du commerce de Koléa , Rachid Sekak, spécialiste financier, a présenté  dans sa communication sur l’évolution du secteur bancaire africain les tendances lourdes de ce marché. Première tendance : le repli des banques françaises (Société Générale, BPCE, Crédit agricole, BNP Paribas) et britanniques (). Ce désengagement s’explique entre autres par la contribution marginale des revenus et profits tirés des activités africaines dans les données financières de ces groupes. Ce désengagement a débuté en 2008 avec le début du retrait du Crédit agricole à travers des cessions à Attijariwafabank. A côté  de ces retraits, certains groupes comme Standard Chartered se sont retirés de la banque de détail pour se focaliser sur le corporate. Seconde tendance lourde : avec ce repli, le marché africain enregistre la montée en puissance  des banques africaines qui se sont développées au fil des années via les acquisitions : Ecobank, Coris, Orabank, et Vista Bank.

A noter que le développement de ces banques africaines tournées autour de la conquête permanente des marchés soulève selon le FMI la nécessité de renforcer la réglementation bancaire et la supervision. En particulier Ecobank créée en 1985 qui dispose d’un siège à Lomé au Togo est présente dans 33 pays en Afrique : en Afrique de l’ouest, centrale, orientale et australe. Elle emploie 14.000 collaborateurs. La troisième tendance lourde est l’influence croissante de la Chine et la Turquie en Afrique. Précisément, relève Rachid Sekak, la Chine et la Turquie sont très présentes en Afrique et pourtant elles n’ont pas quasiment de banques implantées dans le continent. Concernant le premier pays, il faut savoir que l’essor des relations économiques entre la Chine et l’Afrique est phénoménal, observe-t-il. La Chine est devenue le premier partenaire de l’Afrique avec  des flux globaux évalués à 200 milliards de dollars.

La Chine premier partenaire commercial de l’Afrique

Elle est aussi une importante source d’IDE évalué à plus de 300 milliards de dollars. La Chine est également un important bailleur avec en 22 ans entre 2000 et 2022 plus de 12000 engagements de prêts pour un montant global estimé à 170 milliards de dollars (Source Université de Boston). Au cours de la  même période, la Banque Mondiale a injecté 264 milliards de dollars et la Banque africaine de développement 38,5 milliards de dollars. La Chine est perçue comme une alternative au FMI et à la Banque Mondiale. On estime à 17% la part de la Chine dans la dette africaine. Quant à la Turquie, les relations commerciales avec l’Afrique ont été renforcées depuis une vingtaine d’années. Le volume des échanges a été multiplié par sept entre 2003 et 2022. La quatrième tendance lourde est la poussée de la Fintech en Afrique.

« Les pratiques ont été bouleversées par la forte montée en puissance d’acteurs  non bancaires offrant des services financiers digitaux abordables et de proximité à partir de la téléphonie mobile. Vodafone au Kenya, Orange et MTN généralisait cette finance digitale. Cela répondait aux besoins d’outils transactionnels d’une population sous bancarisée à travers la mobile money et les portefeuilles électroniques. Les taux de pénétration de la mobile money sont relativement importants : 40 % pour la zone CEMAC (communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), 60% pour la zone UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest) », explique Rachid Sekak.

La généralisation de la Fin Tech en Afrique montre que l’ouverture de nouvelle agence pour réduire la sous bancarisation en Algérie n’est pas la seule voie. La finance digitale permet à moindre coût d’atteindre une plus grande pénétration des services bancaires dans le pays. A noter que l’Afrique compte 1000 banques activant dans 54 pays. Ce marché connait, observe le spécialiste financier, une forte hétérogénéité de situations. Le taux de bancarisation demeure  extrêmement faible : 15% .

En dehors des places de  l’Algérie et de l’Egypte dominées par les banques publiques, la banque en Afrique est le plus souvent une affaire privée. L’Algérie, avance Rachid Sekak, doit se parer d’humilité. Le total bilan de la banque sud-africaine  la Standard Bank qui s’élève à 169 milliards de dollars équivaut au total bilan de toute la place bancaire algérienne qui se situe à 160 milliards de dollars, at-il ajouté. Quant à l’implantation des banques algérienne en  Afrique, leur réussite at-il soutenu, dépend de leur vision et de leur business plan.

K.R.

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