Programme alimentaire mondial : 345 millions de personnes dans le monde au bord de la famine

En 2017, il y avait 80 millions de personnes dans le monde au bord de la famine. Juste avant que le Covid ne frappe la planète, ce chiffre avait grimpé fin 2019 à 130 millions, en raison des chocs climatiques et des conflits armés. C’est le constat alarmant que dresse David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), dans un entretien au journal Le Monde, paru ce samedi.
Une situation qui s’est aggravée avec le Covid et son impact économique. «Le nombre de personnes au bord de la famine a atteint 276 millions de personnes avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, et s’élève désormais à 345 millions. Cela peut entraîner des mouvements de déstabilisation massifs dont on ne voit que la partie émergée de l’iceberg avec des débuts de révoltes en Indonésie, au Sri Lanka, au Pérou, au Panama…», a affirmé le responsable de cet organisme onusien. La crise des prix, qui entraîne un problème de disponibilité pour les populations les plus pauvres pourrait devenir en 2023 un problème de disponibilité générale. «Les nations les plus riches continueront de pouvoir payer, mais cela aggravera l’accès à la nourriture des plus pauvres parmi les pays pauvres. Cela veut dire qu’il y aura des famines, des nations déstabilisées et des mouvements migratoires en masse», alerte David Beasley. Il juge que le monde fait face à la «pire crise alimentaire et humanitaire» depuis la seconde guerre mondiale, tout en se félicitant que les dirigeants commencent « à se réveiller » à cette triste réalité. «La crise est grave, et les besoins financiers énormes. Le monde sort à peine de plus de deux ans de pandémie, dont l’impact économique a été colossal», souligne M. Beasley. Il enjoint les dirigeants du monde à s’attaquer aux causes profondes de la faim dans le monde, au risque de voir leur inaction leur coûter « mille fois plus cher » en conflits et en migrations. «Quelles que soient nos positions sur les enjeux migratoires, il faut agir sur les causes profondes qui poussent des populations à émigrer par nécessité», a estimé M. Beasley, ajoutant qu’avec 1 ou 2 dollars par semaine, on peut financer un programme de résilience qui permet de nourrir un enfant au Guatemala, en Equateur ou au Honduras. Alors que si on devait prendre en charge cet enfant à la frontière sur le territoire américain, cela coûterait 4 000 dollars par semaine.
Y.D.
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