Rapport du FMI sur l’Algérie : Décryptage de M. M’hamed Bokhari, expert financier, diplômé de l’IFID (suite)

Des rappels très importants sur le fonctionnement d’une banque centrale et les outils dont dispose la Banque d’Algérie pour juguler l’accélération de l’inflation nous sont apportés par M. M’hamed Bokhari, spécialiste en finances. De prime abord, notre interlocuteur nous explique l’objectif principal de toute banque centrale : la stabilité des prix. Il évoque les quatre canaux de transmission de la politique monétaire : le taux d’intérêt, les anticipations, les prix d’actifs et le taux de change. Le spécialiste en finances estime que si le FMI recommande un relèvement du taux directeur, cela pourrait être considéré comme une mesure pour renforcer la stabilité économique et financière du pays. Aussi, ses avertissements concernant les mesures strictes de réglementation des importations pourraient amener le gouvernement à revoir sa politique en la matière. Le dernier mot revient toutefois au gouvernement algérien de mettre en œuvre les recommandations du FMI, affirme M. Bokhari, en prenant en compte des facteurs pertinents tels les objectifs de développement économique, la situation financière du pays et les conséquences sociales potentielles.
Entretien réalisé par : Hakima Laouli
Quelles pourraient être les autres solutions à la portée de la Banque centrale pour juguler actuellement le phénomène de l’inflation ?
En plus de l’ajustement du taux directeur, la Banque centrale peut adopter d’autres mesures pour lutter contre l’inflation. Nous pouvons en citer quatre :
- Opérations sur le marché monétaire : la banque centrale peut réguler l’offre de liquidités dans l’économie, en effectuant des opérations sur le marché monétaire.
- Contrôle de la qualité de crédit : la banque centrale peut restreindre la quantité de crédit que les banques peuvent accorder, ce qui peut aider à limiter la demande et donc la pression sur les prix.
- Communication : la banque centrale peut communiquer clairement sur ses objectifs et ses politiques monétaires pour donner aux agents économiques une visibilité sur les orientations futures de la politique monétaire.
- Mesures fiscales et budgétaires : en coordination avec le gouvernement, la banque centrale peut utiliser des mesures fiscales et budgétaires pour limiter la demande et la pression sur les prix.
Dans le même rapport, les services du FMI mettent en garde contre «les risques liés aux mesures strictes de réglementation des importations ». Notre pays serait-il donc amené à revoir sa politique en la matière ?
Le rapport du FMI mettant en garde contre les risques liés aux mesures strictes de réglementation des importations suggère que ces politiques pourraient avoir des conséquences négatives sur l’économie du pays. Cependant, la décision de revoir ou non ces politiques dépend du gouvernement et des autorités compétentes. Il est possible que le gouvernement considère les avertissements du FMI en matière de réglementation des importations, ainsi que d’autres facteurs tels que les besoins en matière de développement économique, la souveraineté nationale et la situation sur les marchés internationaux, pour prendre une décision sur la politique à adopter. Il est important de noter que les politiques de réglementation des importations peuvent avoir des effets à la fois positifs et négatifs sur l’économie d’un pays, et que les décisions doivent être prises en considération de l’ensemble des facteurs pertinents.
Qu’en est-il de la recommandation sur «la réforme des subventions, avec renforcement d’une protection sociale ciblée» et celle de «réforme paramétrique des retraites» ?
La recommandation du FMI concernant la réforme des subventions et le renforcement de la protection sociale ciblée, ainsi que la réforme paramétrique des retraites, est probablement destinée à améliorer la viabilité financière à long terme du pays. Les subventions non ciblées peuvent être coûteuses pour l’Etat et peuvent ne pas atteindre les personnes qui en ont le plus besoin. De même, une réforme paramétrique des retraites peut aider à assurer la viabilité financière du système de retraite à long terme. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes peut être complexe et peut entraîner des conséquences sociales et politiques potentiellement difficiles. Il est donc important que le gouvernement évalue soigneusement les avantages et les inconvénients potentiels de ces réformes avant de les adopter.
En fin de compte, la décision de mettre en œuvre les recommandations du FMI dépend du gouvernement et des autorités compétentes qui devront prendre en compte les facteurs pertinents tels que les objectifs de développement économique, la situation financière du pays et les conséquences sociales potentielles.
H. L.
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