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PDG d’Asmidal : Le taux de fertilisation en Algérie est «trop faible »

Le PDG d’Asmidal, Heouaine Mohamed Taher, estime que le taux de fertilisation en Algérie est «trop faible», en comparaison avec le taux mondial. «Il est pratiquement insignifiant quand on parle de 50kg par hectare (moyenne nationale) contre une moyenne mondiale de 137 kg. D’où la problématique du rendement», a-t-il déclaré ce mercredi dans l’émission L’invité de la rédaction de la Chaîne III. «L’engrais est un intrant très important pour l’agriculture. Les méthodes de fertilisation modernes donnent cette opportunité d’augmenter le rendement, notamment par rapport aux superficies cultivées limitées. La seule solution c’est de jouer sur les fertilisations pour augmenter le rendement», a-t-il jugé.

Ce faible taux de fertilisation n’est pas lié à la hausse des prix évacue Heouaine. Et pour cause : «Avant la flambée des prix (sur les marchés mondiaux), on était dans la même situation. Celle-ci s’est peut-être aggravée l’année passée et cette année. Malgré l’effort fait par l’Etat, nous avons pratiquement administré le prix de l’urée à travers le ministère de l’Energie et des Mines et par rapport aux orientations d’un comité interministériel (8 départements). Le prix (de vente) sortie usine est de 35 000 DA la tonne, c’est le prix le plus bas à l’échelle mondiale. Il y a double soutient (Etat, producteurs) concernant pas mal de produits», dévoile le PDG d’Asmidal. «Nous avons fait un effort par rapport à la conjoncture (de hausse des prix) pour aider les agriculteurs à accéder aux engrais », relève le responsable. Un soutien qui coûte de l’argent pour les producteurs comme Asmidal. «Notre filiale Asfertrade, chargée de la distribution et la commercialisation des engrais, commercialise un volume qui dépasse 200 000 tonnes par an. Sur le plan des ventes, nous réalisons des taux de vente très importants, mais en termes de marges il y a des taux de croissance négatifs», décortique Heouaine.    

Par ailleurs, après une baisse significative des prix des engrais sur le marché international consécutivement à la crise sanitaire du Covid, ils ont commencé à flamber de façon vertigineuse pour atteindre un niveau sans précédent. En cause la crise énergétique qui secoue l’Europe à la suite de la guerre en Ukraine. Le marché des engrais est lié directement à celui de l’énergie, et leur prix suit celui du gaz principalement, a expliqué M. Heouaine. Selon lui, la hausse des prix des engrais est imputable aux prix élevés du gaz, à quoi il faut ajouter le renchérissement des prix de la logistique notamment le transport maritime qui a connu une augmentation de prix significative. «Tous ces facteurs ont influé sur les prix des engrais», dit-il.

L’Algérie, futur acteur principal sur le marché mondial des engrais ?

Pour assurer son approvisionnement en engrais et sa sécurité alimentaire, l’Algérie a entrepris de renforcer sa production locale. «Actuellement il y a une nouvelle relance de ce secteur à travers les investissements qui ont été lancés au début de cette année», a indiqué le PDG d’Asmidal. Il s’agit en particulier du projet de phosphate intégré, un mégaprojet pris en charge par une joint-venture entre le groupe Asmidal (37% du capital) et Manajim Al Jazair (MANAL) avec 19% et une société chinoise avec 44% du capital. «C’est un projet très ambitieux qui vise l’extraction et la transformation de 10 millions de tonnes à partir du gisement de Bled El Hedba (Tébessa). Il est projeté la production de 6 millions de tonnes d’engrais dont une grande partie est destinée à l’export. C’est un projet avec un Capex (investissement) d’environ 7 milliards de dollars, et un impact social très important grâce à la création d’emplois. C’est un projet qui va placer l’Algérie comme un acteur principal sur le marché mondial des engrais», observe Heouaine Mohamed Taher. Le PDG d’Asmidal annonce également un projet de transformation de 700 000 tonnes de phosphate enrichi, pour produire toute une gamme de produits comme le phosphate alimentaire destiné à l’alimentation du bétail et de la volaille. Il a ajouté que le groupe travaille au lancement d’autres projets d’ici la fin du premier trimestre 2023. En termes de potentiel, l’Algérie n’en manque pas. «L’Algérie est un grand producteur de l’urée 46, un engrais destiné principalement au secteur de la céréaliculture», a indiqué le responsable qui a précisé que la production de cet engrais avoisine 3 millions de tonnes par an, avec des investissements entre Sonatrach et des partenaires étrangers. La consommation nationale varie entre 150 000 et 200 000 tonnes. «On arrive donc à satisfaire le marché national et une grande partie est destinée à l’exportation», relève le PDG d’Asmidal. La production des engrais phosphatés est assurée par la société Fertial filiale à 51% d’Asmidal (en partenariat avec des Espagnols). Cette entreprise est en train d’augmenter ses capacités de production notamment le NPK très demandé sur le marché national et très sollicité par les agriculteurs. «Cette année on compte augmenter la production de 100% par rapport à l’année passée. En 2023, on projette de satisfaire la demande nationale et pourquoi pas passer à l’exportation», affirme l’invité de la Radio.  

Younès Djama

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