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Nadir Kerri journaliste automobile : L’Etat doit aider les fabricants locaux de pièces de rechange

Lors de sa dernière sortie médiatique, le Président Tebboune avait déclaré que le montage automobile « n’a donné aucun résultat et nous a coûté une fortune », assurant que l’Algérie passera « vers une autre expérience qui s’appuie sur le véritable montage automobile ». Nadir Kerri, journaliste spécialisé dans l’automobile et directeur de publication du journal électronique « autojazair.com » nous livre de plus amples précisions. 

Propos recueillis par Djamel Zerrouk

Combien l’Algérie aurait perdu si le chef de l’Etat n’avait pas ordonné à revoir la copie ?

Le montage automobile selon les spécialistes aurait couté entre 8 à 12 milliards de dollars d’importation entre KIT et crédit bancaires. Cela sans parler des pertes au niveau du Trésor public, dès lors que les usines de montages étaient exonérées des droits de douanes, TVA et différentes autres taxes. Ils avaient même des avantages pour les recrutements « bon marché » via l’agence d’emploi. Il faut ajouter à tout cela, l’absence d’un taux d’intégration dès lors que l’ensemble des éléments provenait de l’extérieur avec la surfacturation qu’on sait.

Doit-on déduire que tous ces « pseudos » assembleurs agissaient ainsi ?

Presque. Sinon la seule usine qui avait démarré avec une petite intégration et qui avait des objectifs d’atteindre un certain taux au bout de quelques années était l’usine Renault d’Oran. D’ailleurs la marque du losange importait la coque vide sans aucun élément et procédait au montage de l’ensemble des éléments à Oran, contrairement aux autres.

On parle d’un taux d’intégration de 40% au bout de cinq années, est-ce dans nos cordes ?

C’est très difficile atteindre ce taux. Il faudrait beaucoup d’années pour en en arriver là. Primo, nos fabricants de pièces de rechange et d’accessoires pour automobile ne sont pas dans les normes internationales. Les pouvoirs publics doivent mettre le paquet avec eux afin d’atteindre le niveau requis. Deuxio, les produits fabriqués doivent être de qualité supérieure et à un prix qui arrange le constructeur. Ajoutons à cela les délais de livraison pour que le constructeur automobile n’arrête pas ses chaines de production. Je ne pense pas que notre tissu de sous-traitance soit apte à accompagner, du moins à court terme, la construction automobile en Algérie. Les pouvoirs publics doivent cependant aider les fabricants locaux de pièces de rechange avec des crédits bonifiés et une baisse de taxes pour l’importation de la matière première afin qu’ils puissent se hisser au niveau mondial. Aujourd’hui il est préférable d’importer la pièce de rechange que de la fabriquer chez nous.

Que faire alors ?

L’unique alternative à mon sens est de faire appel à des fabricants de pièces de rechange de renommée mondiale afin qu’ils puissent s’installer chez nous, fabriquer pour le compte des usines et aussi pour le marché de la pièce de rechange. C’est de cette manière que nos fabricants pourront se hisser au niveau mondial, et permettre aussi la création de milliers de  postes d’emplois directs et indirects et bien sûr la formation pour nos garagistes. Il faut aussi mettre en place un groupement qui englobe l’ensemble des acteurs publics et privés de la pièce de rechange et trouver des solutions comme durant les années 80 avec FATIA.

L’Algérie continuera alors à importer des véhicules en attendant la réalisation de complexes automobiles…

Oui forcément. Cependant la situation actuelle reste toujours floue. Le dernier discours de Tebboune est qu’il n’est pas satisfait de l’actuel cahier des charges de l’ancien ministre Ait Ali. D’ailleurs plusieurs concessionnaires automobiles ont décrié ce cahier comme étant un frein à l’importation est très « asphyxiant ». Certes ce cahier des charges que nous avons dénoncé à maintes reprises sur les plateaux de télévision est un véritable obstacle pour les importateurs de véhicules neufs. Il est vrai que les moyens financiers du pays pour financer les importations ne sont pas au beau fixe, et cela est dû principalement au Covid 19, la baisse du prix du pétrole et la fluctuation du dinar par rapport aux autres monnaies. Sauf que nous pouvons quand même mettre une certaine sommes d’argent afin d’importer la petite cylindrée, les camions de petits et moyens tonnages, les bus et les fourgons et soulager un tant soit peu les particuliers, les entreprises, les agriculteurs etc. qui vivent le calvaire en ce moment.

Que dit en substance le cahier des charges élaboré sous Ait Ali ?

L’actuel cahier des charges permet à certains pays d’exporter des véhicules vers notre pays et ne permet pas à d’autres de le faire. C’est une faute grave à mon avis, car en économie comme en politique il faut être en bons termes avec tous nos partenaires. Comme l’a si bien dit le président Tebboune, nous ne pouvons pas importer 300.000 véhicules d’un seul contient, d’un seul pays ou d’une seule région. A mon sens, il faut absolument revoir certains textes de l’actuel cahier des charges afin de mettre tous les importateurs sur le même pied d’égalité. Les pouvoirs publics ne doivent pas s’immiscer dans la relation entre le constructeur et son importateur. Les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle de régulateur et faire appliquer la loi quant aux règles de sécurité et de la conformité du véhicule.

D. Z.

 

 

 

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