Mme Chahrazed Saadi, porte-parole de l’association des femmes algériennes cheffes d’entreprises (SEVE) : «Promouvoir l’écosystème économique et le rendre attractif auprès des investisseurs»

Un premier réseau national dédié à lapromotion de l’entrepreneuriat féminin, appelé «Elle Moukawila», a été lancé, la semaine dernière, à l’initiative de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE, ex-ANSEJ). C’est aussi un projet de longue date de la très active association SEVE (association algérienne des femmes chefs d’entreprises). Dans le présent entretien, Mme Chahrazed Saadi raconte le combat de SEVE pour l’inclusion économique des femmes et la promotion de tout un écosystème pour le développement du pays.
Entretien réalisé par: Nadine Achour
Algerieinvest : Vous avez signé, en votre qualité de représentante de SEVE, une convention avec l’ANADE, en marge du lancement du réseau des femmes entrepreneures «Elle MOUKAWILA». En quoi consiste exactement ce partenariat ?
Mme Chahrazed Saadi : Le dispositif d’aide à la création d’entreprises, mis par l’ANADE, a permis à beaucoup de jeunes femmes de créer leurs micro-entreprises/PME dans différents secteurs, faisant de ce dispositif un levier à l’inclusion économique des femmes, ce qui va parfaitement dans le sens de notre mission à SEVE. Conjuguer les missions et les objectifs a motivé notre rapprochement de l’ANADE, il y a quelques mois, afin de leur proposer le portail B2B que nous avons mis en ligne dans le cadre du réseau des femmes cheffes d’entreprises de la région MENA + l’Allemagne dont SEVE est membre fondateur. Il faut reconnaitre que l’ANADE a vu grand pour ces entreprises, en créant le réseau «ELLE MOUKAWILA» et en enrichissant la collaboration avec SEVE par ce partenariat qui va porter plusieurs actions qui seront élaborées par un comité mixte ANADE/SEVE.
D’ores et déjà, je peux dire que les membres de ce réseau vont bénéficier, au même titre que nos membres, des programmes que nous avons lancés tels que «la transition digitale», «le B2B» et «les skills».
C’est un des objectifs de SEVE et il est aujourd’hui atteint. Racontez nous votre combat pour sa concrétisation.
Depuis deux mandats, en tant que responsable du développement de projets et de la communication, je me suis fixée un objectif : celui de construire des partenariats SMART. Notre programme est riche et diversifié. Nous nous adressons à plusieurs profils de femmes (étudiantes, rurales, seniors, scientifiques, …) avec des services qui s’adaptent aux besoins exprimés par les bénéficiaires mais aussi par la conjoncture économique, sociale et récemment sanitaire. Ce programme riche ne peut pas avoir l’impact attendu si nous n’avons pas des partenaires qui nous accompagnent et qui portent, avec nous, les actions et partagent les mêmes objectifs. Cela a été mon approche partagée, bien entendu, par l’ensemble des membres du bureau.
C’est ainsi que j’ai vu en l’ANADE un partenaire de choix pour, en premier lieu, permettre aux entreprises algériennes créées dans le cadre de ce dispositif de tirer profit de ce réseau qui compte près de 500 entreprises. Certaines de ces entreprises ont atteint une maturité qui leur permet d’être présentes à l’international.
Ensuite, il s’agit de faire la promotion de l’écosystème économique de notre pays afin de le rendre attractif auprès des investisseurs. Je tiens à préciser que je n’ai pas eu beaucoup de peine avec l’ANADE pour ce partenariat. Bien au contraire, j’ai trouvé une bonne écoute et une vision très réfléchie et ambitieuse pour ces entreprises. A l’occasion, permettez-moi de saluer ses représentants pour cette initiative «ELLE MOUKAWILA» et leur appui considérable à ces entreprises et à leur internalisation.
Quelle est votre lecture de l’avant-projet de loi sur l’investissement ?
Durant des décennies, SEVE a toujours plaidé pour un code de l’investissement plus cohérent, plus réaliste, plus rassurant et surtout plus ouvert aux opportunités d’investissement dans les différents secteurs. Il me semble que nous avons, avec ce projet de loi, des réponses à nos préoccupations. Nous en faisons une lecture positive mais nous restons attentives à la mise en œuvre de toutes les réformes et réajustements dans ce code, le mode opératoire, le sérieux dans l’exécution et la rigueur dans l’application. Ce sont les points déterminants pour la transition économique attendue grâce à ce code pour les investisseurs nationaux ou étrangers.
Pour cela l’administration doit, elle aussi, bénéficier d’un plan de mise à niveau pour pouvoir porter efficacement ce renouveau code économique par des systèmes de management, des systèmes d’information, une ressource humaine formée aux outils et techniques de gestion. C’est ainsi que nous pouvons mener une transition digitale efficace pour porter ces réformes.
Le Medef était en visite de deux jours à Alger. Est-ce que SEVE a été invitée à échanger avec ses représentants ?
Non. Bien entendu, on aurait souhaité faire participer quelques entreprises de SEVE à cette rencontre et leur permettre des opportunités de business. Cependant, SEVE est consultée pour les enquêtes sectorielles lancées par certains départements ministériels, les lois de finances, les programmes de coopération. L’expertise de SEVE est sollicitée et je pense que c’est important car cela permet aux entreprises de femmes de communiquer, à travers ces consultations, leurs préoccupations et les contraintes auxquelles elles font face au quotidien et dans différentes wilayas. Les pouvoirs publics accordent de plus en plus d’importance à l’inclusion économique des femmes et c’est pour nous la plus grande des satisfactions, sachant que nous sommes, depuis plus de 28 ans, au service de cette inclusion par l’accompagnement mais aussi par le plaidoyer. Notre expertise est au service de notre pays et de son développement.
Où en sont les projets de SEVE ?
Nos projets se multiplient et plus nous en avons, plus l’ambition grandit pour de nouveaux horizons. Nous devons déjà mener à bien nos partenariats et les programmes que nous avons (l’export, le digital, les STEM…). Faire bénéficier le plus de jeunes femmes de nos programmes dans les régions où les filles n’accèdent pas facilement à l’information et aux opportunités professionnelles. L’égalité des chances est une préoccupation majeure pour nous et c’est pour nous un grand projet en soi.
N. A.