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Matériel agricole : Le Président Tebboune libère les importations

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a présidé, dimanche 2 octobre, une réunion du Conseil des ministres lors de laquelle il a donné plusieurs instructions et directives au Gouvernement concernant le secteur de l’Agriculture, notamment l’autorisation de l’importation du matériel agricole et des tracteurs de moins de cinq ans, selon un communiqué du Conseil des ministres, repris par l’APS.

Le président Tebboune a instruit à l’effet de « permettre l’importation du matériel agricole, tous types confondus, ainsi que ses pièces de rechange, soit par les particuliers à titre individuel ou par les sociétés, en sus de l’importation des tracteurs agricoles de moins de cinq (5) ans, et ce en attendant de parvenir à un équilibre entre les tracteurs fabriqués localement et ceux importés ». Cette annonce est accueillie favorablement par l’expert agronome Ali Kader. « Je pense sincèrement que c’est une excellente décision qui permettra de pallier au déficit et à la cherté des matériels », précise-t-il dans une déclaration à Algérie Invest. M. Kader affirme qu’il faut organiser l’opération de façon «à ne pas devenir une casse de l’Europe. Ce qui serait dommage et préjudiciable à l’agriculture que les pouvoirs publics essayent de relancer quoi qu’il en coûte». «Aussi, ajoute-t-il, il faut le préciser il y a des matériels spécifiques utiles et excessivement chers à l’état neuf qui pourraient concourir à améliorer la productivité».

 D’après l’expert, le taux de mécanisation dans l’agriculture «est relativement faible». « Les nouvelles exploitations dites de type industriel de celles qui existent au sud pourraient trouver matière à satisfaction en acquérant les matériels adéquats », note-t-il.

Sortir l’agriculture du caractère social au caractère scientifique

Le communiqué du Conseil des ministres a en outre souligné «la nécessité de faire sortir l’agriculture du caractère social au caractère scientifique suivant une vision moderne qui inclut la formation et la qualification de la ressource humaine», outre «l’adoption de nouvelles techniques de construction des infrastructures de stockage des récoltes agricoles en vue d’accélérer les opérations de réalisation, notamment dans les wilayas connues pour leur production abondante».

Comment sortir l’agriculture du caractère social au caractère scientifique ? «En rendant au foncier sa vocation économique (résultat et productivité) et surtout en dotant la recherche agronomique de programmes et budgets qui iront dans le sens des besoins nationaux», dit Ali Kader.

 Quid de la formation et la qualification de la ressource humaine ? Ali Kader appelle à revoir la carte nationale de l’éducation agricole «qui a souffert des ajustements structurels du FMI (Fonds monétaire international)19 durant les années 90». L’expert préconise aussi de revaloriser le potentiel de la main d’œuvre d’exécution «délaissée depuis la réorganisation des DAS» et ce «en multipliant les centres de formation de proximité». M. Kader souligne que la main d’œuvre dite qualifiée « fait gravement défaut». «Il y a des opérateurs qui font appel à des greffeurs venus du Portugal et d’Espagne. Le secteur a perdu la main depuis cette réforme qui a amenuisé le potentiel existant», a-t-il illustré.

Sur l’état des lieux de de la filière agricole en Algérie, Ali Kader constate que l’agriculture pluviale «n’arrive pas à décoller définitivement à cause de l’aspect rentier et du désinvestissement privé». « Les besoins vont aller en augmentant, souligne-t-il, car la disponibilité des produits ne croît pas dans la même proportion que le taux démographique et surtout le niveau de vie du citoyen qui s’est beaucoup amélioré. Les importations sont aussi importantes qu’avant et n’ont pas l’air de diminuer». Quant aux perspectives, l’expert en agronomie explique les réformes sont inéluctables. Il préconise d’ôter au foncier agricole «son aspect rentier, déjà prévu dans la loi 10/ 03 non appliqué». Il recommande également de lancer immédiatement les grands chantiers de la recherche agronomique, d’adapter les aides de l’Etat aux résultats. Outre de «réformer l’environnement agricole et le mettre en adéquation avec les enjeux économiques liés exclusivement à notre souveraineté alimentaire», Ali Kader suggère d’adopter un modèle de financement conventionnel à mettre en place. «L’eau doit être l’un des enjeux principaux. Aller au dessalement par le biais des énergies renouvelables (gisement inépuisable) permettra de multiplier à moyen terme la SAU (superficie agricole utile) irriguée des plaines et plateaux de l’intérieur».

Younès Djama

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