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M. Stéphane Harmand, Directeur général de Renault Trucks Algérie : «Nous serons au rendez-vous de l’économie algérienne et de la production automobile»

Le cahier des charges de l’industrie automobile publié, Renault Trucks Algérie attend d’obtenir l’autorisation de redémarrage de son usine de Meftah, dans la wilaya de Blida. Une usine calibrée pour la production de 2000 camions par an en un shift, avec possibilité de doubler rapidement le volume, en passant au système de deux shifts.

En fait, Renault Trucks Algérie aspire à avoir deux autorisations : l’une pour l’importation des composants au titre de Renault Trucks Algérie et l’autre pour la production des camions au titre de la société SOPROVI.

Dans le présent entretien, le DG de Renault Trucks Algérie affirme son attachement au marché et aux clients algériens. Il assure de la disponibilité de Renault Trucks Algérie à rester pour ses clients et pour la population algérienne, considérant que le camion est incontestablement, un élément indispensable pour le bon fonctionnement d’un pays.

Entretien réalisé par : Hakima Laouli

Algerieinvest : Le nouveau cahier des charges relatif à l’industrie automobile est enfin publié. Quelle est la réaction de l’équipe de Renault Trucks Algérie ?

M. Stéphane Harmand : Bien évidemment, nous nous en réjouissons. Ce cahier des charges, nous l’attendions. Il était très attendu aussi bien par les opérateurs économiques que par les citoyens.

Nous nous réjouissons pour nous mais aussi pour l’Algérie parce que le pays a fortement besoin de camions. Le camion est un élément indispensable du fonctionnement d’une économie et c’est encore plus vrai en Algérie où la marchandise est transportée principalement par route.

Nous nous inscrivons dans cette dynamique de relance économique, mise en œuvre par les pouvoirs publics. Nous percevons au travers de ce nouveau texte, une nouvelle ère pour tout le secteur industriel, avec une mise en avant de la production automobile en Algérie, en s’appuyant sur la sous-traitance locale pour ce qui est des composants. Espérons que pour nous, ce sera le redémarrage rapide de notre usine de production située à Meftah, dans la wilaya de Blida.

Le nouveau texte vous autorise à reprendre l’importation des composants et par conséquent, l’assemblage des camions Renault Trucks en Algérie, précisément dans cette usine de Meftah ?

Effectivement, avec toutefois la condition de produire localement, dans les deux premières années, 10% des composants, puis 20% la troisième année et 30% la cinquième année. Il est clair que nous ne pourrons faire cela que si l’usine tourne à nouveau et rapidement.

Quelles sont vos perspectives de production ?

Notre usine de Meftah est calibrée pour produire 2000 camions par an, en un shift. Si nous passions à deux shifts, nous aurions une production possible de 4000 véhicules. Nous avons donc cette capacité de doubler le volume. C’est très important.

Vous n’êtes pas sans savoir que la volumétrie dans le poids lourd n’a rien à voir avec celle du véhicule léger. En Algérie, la volumétrie dans le poids lourd est de 5000 véhicules par an, pour les plus de 16 tonnes, toutes marques confondues. La part de Renault Trucks Algérie représente 40% à 50% de ce marché.

Renault Trucks est la première marque de camions en Algérie, et depuis longtemps. Historiquement, nous étions là au travers la marque Berliet devenue au fil du temps, Renault Véhicules Industriels et enfin, Renault Trucks. Nous étions là et nous sommes restés quand beaucoup d’autres marques ont abandonné le territoire et leurs clients. Nous sommes restés et ce, malgré les tempêtes, malgré les crises et les incertitudes. Nos clients, les clients de Renault Trucks, le savent bien et c’est une des raisons de leur fidélité. Nous sommes haut placés dans le cœur de nos clients algériens et nous comptons bien le rester. Aujourd’hui, nous plaçons de grands espoirs pour le futur de notre marque sur le territoire national et pour l’industrie automobile en général.

Nous nous inscrivons dans la démarche de localisation. Nous nous inscrivons dans la démarche de la sous-traitance. Et l’usine de Meftah est là. Nous n’attendons rien d’autres, après la publication du cahier des charges, que son redémarrage.

Vous avez entamé les démarches avec les sous-traitants locaux pour l’acquisition des composants ?

Nous avons notre propre service achat local et ce, depuis plusieurs années. Ce service fait partie intégrante de Renault Trucks Algérie.

Dans l’industrie automobile, il y a la recherche et le développement, le design du camion, le « sourcing » de ses composants, la fabrication, la vente et la maintenance. C’est la chaîne de valeur totale. Nous créons et vendons au client final et nous maintenons le véhicule.

Nos acheteurs ont donc sillonné tout le pays pour identifier les éventuels sous-traitants. Nous en avons scanné près de 400 dont 80 qui seraient capables, à court et à moyen terme, de nous fournir certains des composants dont nous avons besoin. Nous allons travailler ensemble de façon à atteindre les objectifs de taux d’intégration souhaités par les textes.

Aujourd’hui, nous sommes en contact avec une vingtaine de sous-traitants avec lesquels nous avons signé des accords. Ils sont en capacité de nous fournir un certain nombre de composants et d’équipements.

Lesquels par exemple ?

Par exemple, les pneus de camions. Nous avons identifié IRIS qui est une société algérienne très sérieuse. Elle sera en capacité, dans un avenir proche, de produire des pneus pour poids lourds. Il y aura donc cette possibilité d’acheter des pneus de poids lourd ici en Algérie.

Pour les autres composants, je pourrai vous citer les barres anti-encastrement, les radiateurs, les garde-boues, les pare-chocs, les batteries, certains éléments en plastiques, des éléments d’optique, les pare-brise, les spoilers, le câblage ou faisceaux, certains éléments d’échappement, les amortisseurs, certains composants pour les boites de vitesses, les renforts de châssis, l’habillage cabine, l’insonorisation, la filtration, les caoutchoucs, les jantes de roues et autres éléments de carrosserie.

Vous êtes confiants en l’atteinte des taux d’intégration fixés par la règlementation ?

Nous sommes confiants car nous avons l’habitude de sourcer nos composants localement dans le monde entier. Nous sommes ici en Algérie, nous avons notre usine de Meftah, nous avons identifié des sous-traitants, avec l’aide de différents organismes dont la Bourse Algérienne de Sous-Traitance et de Partenariat (BASTP) ainsi que la Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat de l’Ouest (BSTPO).

Pour moi, il va y avoir deux types d’opérateurs automobiles en Algérie : ceux qui vont jouer le jeu de la dynamique de production automobile locale et ceux qui ne joueront pas le jeu. Ceux qui ne joueront pas le jeu, ce sont ceux qui n’implanteront pas d’usine et ne participeront pas à la dynamique économique de l’Algérie.

Notre société Renault Trucks Algérie est prête. Nous serons au rendez-vous de l’économie algérienne et de la production automobile. Nos clients attendent nos camions depuis longtemps. Ils ont besoin de renouveler leur parc. Dès que nous aurons le feu vert des autorités, nous nous mettrons en ordre de marche pour produire nos camions.

Renault Trucks Algérie a gardé tous ses salariés ?

Absolument. Nous avons conservé tous nos employés et nous faisons vivre quelques 400 familles dans notre réseau de distribution, entre les emplois directs et indirects.

Parlant du réseau, Renault Trucks a procédé, le 23 novembre dernier, à l’inauguration officielle d’un agent agrée à Guelma. Pourrions-nous avoir quelques détails ?

Nous sommes à notre quinzième agent agréé en Algérie. Les quinze répondent aux préconisations de Renault Trucks afin d’accueillir nos clients dans les meilleures conditions. Nous mettons l’accent sur l’image de marque, l’accueil chaleureux du client et sa prise en charge selon les standards du constructeur.

L’agent agréé de Guelma s’étale sur une superficie de 4500 m2. Il comprend un atelier, un magasin, un accueil magasin et un espace showroom. C’est un espace dédié à nos clients de la région Est. Le magasin est doté de 4 box de repos et de détente pour les chauffeurs, agrémentés de matelas confortables, de vestiaires, douches et d’une salle de prières.

A Renault Trucks, nous considérons que le client est le centre de nos préoccupations et celles de notre réseau de distribution.

Comme vous le dites, vous êtes restés en Algérie, malgré les crises dans le secteur et autres, alors que d’autres constructeurs sont partis. Nous observons un certain attachement au marché algérien.

Nous sommes restés justement parce que nous tenons au marché algérien. Nous tenons à rester présents pour nos clients et pour la population algérienne. Un arrêt de la circulation des camions provoquerait, en moins d’une semaine, l’arrêt de tous les approvisionnements. Le camion est, incontestablement, un élément indispensable pour le bon fonctionnement d’un pays.

L’urgence est donc d’avoir l’autorisation de redémarrer l’usine de Meftah ?

Nous avons Renault Trucks Algérie qui est une société de distribution et nous avons l’usine SOPROVI pour la fabrication des camions. Les deux activités sont intimement liées. L’une ne va pas sans l’autre. Nous ne concevons pas de produire des véhicules et ne pas pouvoir les distribuer aux clients algériens à travers notre structure Renault Trucks Algérie.

Cela nous amène à dire que nous allons déposer deux dossiers. Celui pour l’importation au titre de Renault Trucks Algérie et celui pour la production au titre de SOPROVI. Nous souhaitons sincèrement que les autorités nous accompagnent dans cette démarche parce que c’est une démarche gagnant-gagnant. Nous souhaitons avoir les deux autorisations pour pouvoir aller dans la dynamique de cette véritable production industrielle.

Nous sommes confiants. Il y a une vraie dynamique qui est inscrite en Algérie. Nous constatons que l’Algérie s’ouvre. Nous observons que ce pays, auquel nous tenons, dispose d’un potentiel énorme et qu’il doit, par conséquent, se remettre dans la course internationale. C’est en s’ouvrant aux investissements internationaux, en faisant des partenariats avec des sociétés sérieuses comme la nôtre, que l’Algérie réussira davantage dans ses perspectives de développement. Et pas que Renault Trucks, pas que Volvo, y en a d’autres.

Les sous-traitants qui seront nos partenaires pourront demain se mettre sur le marché international pour de la sous-traitance autre que l’automobile. Aller dans l’aéronautique, dans la mécanique de précision. L’industrie automobile est un prétexte pour arriver à des standards de qualité internationaux et s’ouvrir au monde. C’est un canal comme d’autres. Le code des investissements en est un, l’amélioration des interactions et du climat des affaires, l’ouverture que montre l’Algérie, la stabilité juridique. Beaucoup de promesses ont été faites par le gouvernement pour une stabilité des textes de loi. Tout cela va dans le bon sens. C’est très bien pour nous mais aussi pour l’Algérie. Nous sommes un petit acteur. Nous ferons notre part du travail mais cela ne suffira pas.

Dernièrement, une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Mme Geneviève Verdier, était à Alger. Dans le rapport publié, il est clairement indiqué que les perspectives de l’économie algérienne se sont sensiblement améliorées. A l’occasion, j’ai eu un échange avec Mme Verdier. Elle était impressionnée, admirative. Je pense que c’est une preuve que l’Algérie retrouve une place dans la dynamique internationale. Il ne faut pas lâcher, il faut aller encore de l’avant.

H. L.

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