M. Karim Ouamane, directeur général de l’AND :«Eco-Jem est venu consacrer le principe du pollueur-payeur»

La plateforme électronique https://ecojem.and.dz/, mise en ligne par l’Agence nationale des déchets, rend désormais effectif le système public de reprise et de traitement des déchets d’emballages «Eco-Jem». Lancée officiellement, ce lundi, elle permet l’adhésion des opérateurs, en l’occurrence les générateurs des déchets d’emballages.
Une fois la procédure d’adhésion effectuée, nous explique M. Ouamane, directeur général de l’Agence Nationale des Déchets (AND), une attestation d’adhésion sera délivrée à l’adhérent. Elle lui donne droit d’apposer sur ses emballages le label «Eco-Jem». De notre interlocuteur, nous apprenons que ce système est financé exclusivement par ses adhérents, en application du barème tarifaire unitaire annuel et selon la déclaration annuelle de l’adhérent portant sur le poids total des emballages utilisés avant qu’ils ne soient séparés lors des étapes de la commercialisation, de la consommation ou de l’utilisation.
Les fonds collectés seront redistribués en direction des activités de collecte, du tri, de récupération et de valorisation des déchets d’emballages. Le directeur général de l’Agence nationale des déchets, M. Karim Ouamane, assure que Eco-Jem a pour objectif d’organiser l’ensemble des maillons de la chaîne de la gestion des déchets d’emballages.
Sur le terrain, l’AND est disponible à travailler avec tous les intervenants, entre autres, les plateformes nouvellement créées. Probablement aussi, à l’avenir, avec des organismes privés qui seront chargés de la même mission : «Eco-Jem n’est pas en situation de concurrence avec les autres initiatives sur le marché du déchet», nous dit M. Ouamane.
Entretien réalisé par : Hakima Laouli
Algerieinvest : Vous venez d’annoncer le lancement officiel par l’Agence nationale des déchets (AND) du système public de reprise et de traitement des déchets d’emballages Ecojem. De quoi s’agit-il exactement ?
M. Karim Ouamane : Le système public de reprise et de traitement des déchets d’emballages «Eco-Jem» est venu consacrer le principe du pollueur-payeur. Je rappellerai qu’il est à but non lucratif et est investi d’une mission d’intérêt général. Eco-Jem est conçu pour organiser et accompagner la mise en œuvre de la filière des déchets d’emballages résultant de l’activité des adhérents à ce système public. Sa mise en place et sa gestion sont confiées par le ministère chargé de l’environnement à l’Agence nationale des déchets (AND).
Concrètement, comment cela va fonctionner ? Quel est le business model ?
Afin de faciliter le fonctionnement de Eco-Jem, l’Agence nationale des déchets a mis en ligne une plateforme électronique (https://ecojem.and.dz/). Cette plateforme permet de consulter les conditions d’adhésion, ainsi que la grille tarifaire par matériaux. C’est cette plateforme qui permet l’adhésion des opérateurs et qui leur donne la possibilité de consulter les modalités de leur adhésion. Une fois la procédure effectuée, une attestation d’adhésion sera délivrée à l’adhérent. Cette dernière donne droit à l’adhérent d’apposer sur ses emballages le label «Eco-Jem». Conformément à la définition même du principe du pollueur-payeur, Eco-Jem est financé exclusivement par ses adhérents sous-forme de contributions et de droits d’adhésion et ce, en application du barème tarifaire unitaire annuel et selon la déclaration annuelle de l’adhérent portant sur le poids total des emballages utilisés avant qu’ils ne soient séparés lors des étapes de la commercialisation, de la consommation ou de l’utilisation.
Ces fonds collectés, sont redistribués en direction des activités de collecte, du tri, de récupération et de valorisation des déchets d’emballages avec comme objectif de soutenir et de perdurer des systèmes de reprise, de traitement et de valorisation des déchets d’emballages.
Pensez-vous que les entreprises vont suivre ?
La responsabilité des générateurs et/ou détenteurs des déchets est clairement définie et engagée à travers les dispositions de la loi N°01-19 du 12 décembre 2001, relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets. Elle fait obligation aux opérateurs économiques de prendre les mesures nécessaires pour assurer ou de faire assurer à leurs frais, l’élimination écologique de leurs déchets. En application des dispositions de cette loi, notre ministère de tutelle a mandaté l’Agence nationale des déchets afin de mettre en œuvre les mécanismes nécessaires pour la filière des déchets d’emballages.
Revenons au travail initial de l’AND. Pourriez-vous donner vos derniers chiffres sur le volume des déchets collectés et traités ? Quelles sont vos estimations futures ?
Les derniers travaux de l’AND font ressortir une production per capita de 0,68kg/j. Ceci implique une production annuelle de l’ordre de 11,1 millions de tonnes par an. Une quantité qui va évoluer vers plus de 17 millions à l’horizon 2035. Les déchets d’emballages constituent une fraction importante de la masse des déchets ménagers et qui est de l’ordre de 30%, avec une valeur marchande de plus de 120 milliards de dinars.
D’autres plateformes de collecte des déchets existent. Sans oublier la collecte exercée par des jeunes de manière illégale. Prévoyez-vous de les intégrer ou de travailler avec eux ? Que préconisez-vous pour une gestion la plus adaptée des déchets partout dans le pays ?
Conformément à l’article 67 de la loi N°01-19 du 12 décembre 2001, relative à la gestion, au contrôle et à l’élimination des déchets, l’AND est mandatée afin de promouvoir les activités qui rentrent dans le cadre de la chaîne de la gestion des déchets. C’est à ce titre que Eco-Jem n’est qu’un mécanisme parmi d’autres afin d’assoir une politique pérenne de reprise et de valorisation des déchets d’emballages. Ces mécanismes ne peuvent que se compléter et Eco-Jem n’est pas en situation de concurrence avec les autres initiatives sur le marché du déchet. Eco-Jem a pour objectif d’organiser l’ensemble des maillons de la chaîne de la gestion des déchets d’emballages. Pour en assurer la reprise, l’AND peut faire appel aux services proposés par ces plateformes.
Revenons au principe de base, la gestion la plus adaptée nécessite, au préalable, l’adoption d’un outil de gestion et de planification. Le schéma directeur de la gestion des déchets ménagers et assimilés est l’outil indispensable pour les collectivités locales. Le texte de référence est le décret exécutif N°07-205 du 30 juin 2007, fixant les modalités et procédures d’élaboration, de publication et de révision du schéma communal de gestion des déchets ménagers et assimilés.
Par ailleurs, et afin d’assurer l’autofinancement de cette gestion, un renforcement et une diversification des ressources financières sont recommandés à travers notamment l’application du principe du pollueur-payeur ou de la responsabilité élargie du producteur.
H. L.
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