Pr Noureddine Adjlane enseignant chercheur à l’université de Boumerdès spécialiste en apiculture : «Il y a une nette diminution du rendement de miel»

Le département d’agronomie de la Faculté des Sciences de l’université de Boumerdès a organisé, en décembre dernier, une journée sur la varroase ou maladie des abeilles mellifères. Un constat a été établi : la production de miel est en nette diminution. Trois facteurs en sont responsables : une maladie provoquée par un acarien, le changement climatique et le déficit dans l’utilisation des nouvelles techniques dans la gestion apicole.
«La varroase est l’une des pathologies les plus dangereuses qui touchent les colonies d’abeilles dans le monde et en Algérie. C’est le problème numéro 1 des apiculteurs. C’est une maladie provoquée par un acarien dont le nom scientifique Varroa destructor. Il parasite des colonies et provoque un affaiblissement et des mortalités des colonies d’abeilles», explique à Algérie Invest, Noureddine Adjlane enseignant chercheur spécialiste en Apiculture et chef de département d’Agronomie de l’université de Boumerdès. Les contraintes sur le milieu naturel notamment la sécheresse a provoqué le dépeuplement des ruches et la baisse des rendements en miel, relève le chercheur, soulignant que ce facteur a eu un impact sur le niveau de production. « Il y a une nette diminution du rendement de miel. Actuellement moins de 5 kg par colonie, alors que 10 ans en arrière, on parlait d’un rendement de plus de 10 kg par ruche, même plus », note M. Adjlane. Il évoque le problème des maladies des abeilles et l’indisponibilité des produits vétérinaires principalement ceux liés à la lutte contre le Varroa est un autre point évoqué par l’enseignant-chercheur. Il pointe aussi les difficultés de commercialisation des produits apicoles, le manque d’accès aux sites et occupation mellifère de l’espace forestier pendant la transhumance. Ainsi que le faible niveau technique des apiculteurs, l’insuffisance d’information de l’apiculteur et du consommateur sur la qualité des produits apicoles.
Les recommandations de l’expert
Pour développer l’apiculture, Noureddine Adjlane préconise de développer de nouvelles techniques d’élevage pour les apiculteurs notamment l’élevage de reines. Des techniques qui permettent de rajeunir les reines et d’augmenter la productivité des colonies d’abeilles. Le chercheur recommande aussi de mettre en place d’un plan intégré de lutte contre le Varroa et de suivi des cheptels et autres maladies des abeilles, d’organiser des formations et de vulgarisation pour les apiculteurs sur les sujets les plus importants. Outre la mise en place d’un programme de recherche appliquée sur les races d’abeilles potentialisées et les principales maladies en collaboration avec les associations apicoles, les instituts et les chercheurs académiques. Il existe dans notre pays trois types d’exploitations. En premier lieu, il y a le système d’exploitation familial qui vise à répondre aux besoins de consommation. Le système d’élevage semi-intensif est pratiqué par une large classe d’apiculteurs amateurs, qui ont souvent un emploi permanent. Le dernier système d’élevage est le système professionnel ou intensif. « Dans cet élevage, l’apiculteur utilise des techniques modernes de conduite et son objectif principal est d’obtenir des rendements élevés de miel et d’autres produits apicoles. Les apiculteurs professionnels pratiquent souvent la transhumance, déplaçant les colonies vers de nouvelles zones en fonction des cycles de floraison », détaille l’expert. Selon lui, l’Algérie se caractérise par une flore très diversifiée, représentant un potentiel important pour le miel. Les principales sources de miel sont les forêts d’eucalyptus, les vergers d’agrumes et les rosacées. Et la flore spontanée représentée principalement par la bruyère, le sainfoin, l’oxalis, la bourrache, les chardons. La diversité de cette flore algérienne et la relative douceur du climat permettent dans certaines régions côtières des miellées successives étalées sur une grande partie de l’année, estime le chef de département d’agronomie de l’université de Boumerdès.
Plusieurs types de miel disponibles en Algérie comme le miel d’eucalyptus, de jujube, d’agrumes et de forêt. Il y a aussi la production des essaims qui occupent une place importante dans l’agenda des apiculteurs. « L’apiculture est une activité économique potentielle. Le secteur apicole joue un rôle socio-économique important. En effet, plus 50. 000 apiculteurs déclarés et 1,6 million de colonies apicoles. De plus, l’apiculture joue un rôle essentiel dans la pollinisation des cultures et naturelles, et améliore la quantité et la qualité des produits agricoles », affirme le Pr Adjlane. « A l’exception des régions désertiques, poursuit-il. L’apiculture est largement pratiquée dans les zones montagneuses à forte densité de population, comme les Aurès, la Kabylie, les plaines côtières comme Annaba de la Mitidja, Oran. Et dans des régions intérieures comme Constantine, Sétif ». Il souligne que l’Algérie est riche en opportunités dans l’apiculture.
Younès Djama
Un commentaire