M. Azzedine Asfirane, chef de division partenariat, marketing, commercial et communication : «Nous passerons à l’exportation du ciment pour une meilleure plus-value»

Avec près de 20 millions tonnes de production de ciment et de clinker par an, le Groupe Gica a réussi l’exploit d’assurer une grande partie des besoins du marché national mais aussi passer rapidement à l’exportation, la volonté politique et les facilitations à l’export aidant.
En Afrique de l’Ouest, en Amérique latine, en Italie, en Allemagne et en France mais aussi en Angleterre et prochainement aux USA, les produits GICA se fraient un chemin. Actuellement, l’industriel algérien du ciment envisage d’installer une station de broyage dans un pays d’Afrique. De la réflexion à la prospection, le projet est en maturation. «Nous devons trouver un partenaire fiable», nous dit M. Asfirane.
Dans le présent entretien, notre interlocuteur nous rappelle le passage de l’Algérie d’une pénurie de ciment à une surcapacité de production grâce aux investissements consentis par les pouvoirs publics et l’engagement de tout le Groupe Gica dans une démarche de préservation de sa place de leader sur le marché algérien, plus d’un demi-siècle au service de la construction.
Par ailleurs, apprenons-nous, le cimentier algérien est en train d’investir dans sa ressource humaine, en faisant bénéficier ses cadres de formations en MBA. C’est une initiative du P-DG du Groupe
Entretien réalisé par : Hakima Laouli
Algerieinvest : Le Groupe Gica est un acteur incontournable dans la production du ciment en Algérie. Vous détenez pratiquement 50% des parts du marché. Quelles sont vos capacités de production actuelles et quelles sont vos perspectives ?
M. Azzedine Asfirane : En 2014, nous étions à 11,5 millions de tonnes de ciment. Suite à la crise qui sévissait à l’époque, les pouvoirs publics ont décidé de mettre en place un programme pour augmenter le volume de production. Nous avons alors atteint une capacité de production de 19 millions tonnes.
Il y a eu d’autres opérations. Des privés qui ont investi dans ce créneau. Actuellement, les capacités de production du ciment en Algérie, tous opérateurs confondus, sont de 40 millions de tonnes par an.
Effectivement, le Groupe GICA détient environ 50% de parts de marché et il est le leader sur le marché algérien, dans le ciment et les matériaux de construction. Il est clair que nos perspectives sont de commercialiser le maximum de nos capacités. Une partie de notre production va sur le marché local et l’autre vers l’exportation.
Le marché local est totalement satisfait en 2017. C’est de là que vous êtes passés à l’exportation ?
Tout à fait. Les investissements retenus par les pouvoirs publics, dans ce secteur, nous ont permis de satisfaire le marché national à 100%. Nous avons franchi le cap de l’exportation en 2018. Nous avons commencé par une quantité de 272 000 tonnes. Le volume exporté a évolué rapidement. C’était impressionnant. Nous atteindrons 3 millions de tonnes de clinker exportés d’ici à la fin de l’année 2022. Nous avons plusieurs clients dans les différents continents.
Le clinker est un produit semi-fini, très demandé sur le marché international. Nous l’exportons vers des pays de l’Afrique de l’ouest, d’Amérique latine, aussi des pays d’Europe, à l’exemple de l’Italie, de l’Allemagne et de la France. Nous exportons même du ciment vers l’Angleterre. Via un opérateur algérien, nous comptons, s’il y a de la demande, aller également vers le marché américain (USA).
Nous sommes en train de certifier nos produits à toutes les normes européennes et américaines. L’ASTM (American Society for Testing and Materials) pour les USA et le CE pour l’Europe. Nous avons déjà la cimenterie d’Ain Kebira (Sétif) certifiée à la norme européenne. Dans les jours à venir, il y aura un audit pour la certification de la cimenterie de Chlef, début janvier 2023. D’autres cimenteries vont suivre.
Pour pouvoir pénétrer le marché américain, tout un travail a été effectué au niveau de la cimenterie d’Ain El Kebira. Nous n’avons pas encore le certificat ASTM mais nos produits ont été envoyés aux États-Unis, précisément dans l’Etat du Texas où ils ont subi des tests. A présent, nous pouvons exporter vers l’Etat du Texas.
Comment le Groupe Gica a-t-il vécu la période de la Covid-19 ?
C’était une période difficile mais nous nous sommes bien sortis. Nous avons résisté. Nous avons même réussi à augmenter nos volumes d’exportation durant cette période de crise. C’est grâce à notre volonté mais aussi l’appui des pouvoirs publics qui nous ont accordés des facilitations. Ils ont beaucoup fait pour l’exportation. En 2020, nous avons exporté 1,325 million de tonnes et en 2021, 2,45 millions de tonnes.
C’est toujours vers les pays d’Afrique de l’ouest et d’Amérique latine ?
Absolument. Notre objectif maintenant, est qu’au lieu d’exporter du clinker, nous allons essayer d’exporter du ciment parce que la plus-value est bien plus importante pour le ciment que pour le clinker.
Nous exportons du clinker parce qu’il est très demandé sur le marché international. Surtout pour les pays de l’Afrique de l’Ouest (la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la Mauritanie et le Sénégal). Ils ont des broyeurs. Ils préfèrent donc acheter du clinker et le broyer chez eux.
Nous comptons donc aller progressivement vers l’exportation du ciment pour une meilleure plus-value. Notre ambition aussi est d’installer carrément une station de broyage dans un pays d’Afrique. Ce sera un nouveau pas du Groupe Gica.
Vous comptez donc vous installer en Afrique de l’Ouest ?
Pour investir, cela demande de la prudence. Nous devons savoir où mettre nos pieds. Une fois, nous aurions toutes les assurances, nous franchirons le cap. Après l’exportation, ce sera donc l’installation d’un broyeur dans un pays africain et pourquoi pas aussi dans un pays européen.
Nous sommes au stade de prospection. Nous devons trouver des partenaires fiables aussi bien en Afrique qu’en Europe.
Quelles sont vos dispositions pour le respect de l’environnement ?
Les risques sur l’environnement sont deux : les eaux et les émanations de poussière. Pour les eaux, nous avons les stations d’épuration qui permettent la récupération de l’eau pour son utilisation dans l’irrigation et/ ou les travaux domestiques. Pour ce qui est des émanations de poussière, nous avons désormais les filtres de troisième génération. Ce sont des filtres à manche, dernière génération. Ils permettent de réduire les émanations de poussière à 10mg/ Nm3, conformément aux normes environnementales en vigueur. L’autre avantage avec ces filtres à manche, c’est qu’il y a une réduction nette de la consommation d’énergie. Ils consomment moins d’énergie.
Parlant de l’efficacité énergétique, j’insiste sur le fait que nous déployons beaucoup d’efforts pour réduire notre consommation d’énergie à travers la maîtrise du process de fabrication de ciment, l’optimisation des coûts et la rationalisation des dépenses. Ne pas utiliser nos équipements, surtout les ateliers de broyage, durant les heures de pointe. Nous avons des conventions avec l’APRUE (Agence nationale pour la promotion, la rationalisation et l’utilisation de l’énergie). Nous sommes accompagnés par l’APRUE et par le ministère de la Transition Energétique sur ce volet, afin d’arriver à une meilleure maîtrise de la consommation énergétique, qu’il s’agisse de l’électricité ou du gaz
Le Groupe Gica très présent dans des actions sociales. Parlez-nous de votre démarche RSE
Gica fait beaucoup d’actions dans ce sens. Nous sponsorisons des associations sportives, culturelles, nous faisons des dons pour les enfants aux besoins spécifiques, les enfants abandonnés…etc. Par ailleurs, nous avons des partenariats avec les universités.
Et pour ce qui est des actions envers les employés même du Groupe et le développement de la ressource humaine ?
De prime abord, je tiens à dire que durant la pandémie de la Covid-19, nous n’avons eu aucun problème pour payer nos travailleurs. Nos 12 400 employés ont toujours eu leurs salaires.
Gica est en train d’investir dans la ressource humaine pour préparer la relève et assurer la pérennité de l’entreprise. A l’initiative de notre P-DG, une trentaine de nos cadres, divisés en deux groupes de 15, ont été choisis pour suivre une formation en MBA. D’autres groupes suivront progressivement. Nous pensons au futur de notre Groupe GICA.
Gica, c’est plus d’un demi-siècle au service de la construction. Nous sommes le leader du marché algérien. Nous travaillons de façon à préserver notre place.
Vous avez aussi une charte-client ?
Oui. En direction de nos clients également, beaucoup de choses sont faites. Il y a eu la caravane « écoute clients », elle a parcouru plus d’une trentaine de wilayas. Il s’agit de rencontres de proximité avec nos clients. Un contact direct pour écouter leurs attentes et répondre à leurs besoins. Des rencontres périodiques que nous organisons, en collaboration avec nos filiales et avec les pouvoirs publics.
Le Groupe Gica est-il dans la perspective de réaliser d’autres cimenteries dans le pays ?
Non. Le marché est saturé. Nous sommes en surcapacité. Le marché algérien peut consommer entre 20 et 22 millions de tonnes. Les capacités algériennes sont de 40 millions de tonnes. C’est inopportun d’investir dans une cimenterie.
H. L.
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