L’agriculture à Ourlal (Biskra) : « Bienvenue aux investisseurs ! »

Des milliers de serres agricoles dans un alignement quasi parfait s’offrent à la vue des automobilistes en route vers Biskra. Celle que l’on prend pour une mer scintillante, est visible dès qu’on arrive au niveau du carrefour de Bir Naâm duquel bifurquent deux importantes routes nationales : celle qui mène à Oueld Djellal et l’autre vers Biskra.
Reportage réalisé par Djamel Zerrouk
Les immenses exploitations agricoles qui font de la wilaya de Biskra le potager par excellence de l’Algérie, commencent dans cette localité qui sert de halte pour les routiers en partance vers le Grand Sud ou ceux qui rentrent vers le nord du pays. Les agriculteurs viennent de partout : Ourlal, Tolga, Biskra, Batna, Sétif, Tizi-Ouzou, Bejaia, Alger, Tipaza, Boumerdés, Ain Defla…
La grande ruée vers cette terre généreuse s’est effectuée il y une vingtaine d’années au vu des facilités accordées par les autorités locales aux investisseurs qui exploitent de 2 à plus de 100 hectares. Mais dans l’ensemble, ce sont les petites exploitations (entre 3 et 6 hectares) qui tiennent le haut du pavé en matière de production maraichère, précisément à Ourlal où nous avons effectué ce reportage.
Parfois on rencontre des agriculteurs qui occupent à peine 1 à 2 hectares mais dont le rendement dépasse toutes les attentes. Et cela pour la simple raison que l’exploitant de ce « minuscule » hectare a su mettre le paquet dans la plasticulture. « J’ai 20 serres de 400 mètres carrées dans diverses variétés maraichères comme la tomate, le poivron, la courgette, l’aubergine etc. J’ai consacré 10 serres pour le melon dit Bouchbika ou DRM, un fruit qui donne de bons rendements dans la région », nous dit Ammar Benzetta, un fellah exploitant une superficie de 1,5 hectare.
Ce jeune de 30 ans regrette toutefois que le marché ne joue pas toujours en faveur de l’agriculteur. Les fluctuations des prix, notamment ceux du melon, ne sont pas pour encourager l’activité agricole. « L’Etat doit intervenir pour la régulation du marché ; il faut éliminer les intermédiaires qui spéculent sur les prix au détriment du fellah et du consommateur, et il faut aussi encourager l’exportation afin de prendre en charge l’excédent de la production ».
Cette localité connue pour ses palmeraies centenaires s’est lancée depuis ces dernières années dans la production maraichère. Pour ce faire, l’agriculteur ou le « plasticulteur » n’a guère besoin d’une grande superficie. Un hectare ou deux suffiront largement pour une vingtaine de serres-tunnels. Des légumes de toutes sortes poussent comme des champignons.
Au « Sareg » de Ourlal (ndlr : la zone steppique de Ourlal), nombre d’agriculteurs issus de plusieurs régions du pays contribuent à verdir cette plaine aride et semi désertique. Si le palmier dattier reste incontournable dans l’investissement de la terre, les maraichers occupent une très bonne place. Samir Fellah, 57 ans qui vient de Bainem (Hammamet), près d’Alger, exploite dix hectares où une bonne partie est consacrée à l’olivier et palmier dattier.
Mais dans un souci de générer des profits dans le court terme, le palmier dattier mettant plusieurs années pour murir, Samir s’est lancé dans la plasticulture. La tomate est le poivron sont les principaux produits cultivés dans les serres de cet ex employé de la presse écrite algéroise. Pas moins de six hectares sont par ailleurs consacrés à l’olivier pour la production de l’huile de table.
« Je dois m’investir dans des créneaux spéculatifs car le palmier et l’olivier mettront jusqu’à cinq ans pour donner leurs fruits. Ceci dit, mes 2000 oliviers et mes 600 palmiers resteront l’épine dorsale de mon investissement», nous confie-t-il, en soulignant qu’il s’apprête à lancer un élevage d’engraissement de bovins et de vaches laitières. « Je suis gratifié d’une vaste superficie qui me permettra de cultiver la luzerne, le sorgho, le fourrage et de l’orge pour nourrir les bêtes. Avec l’aide de Dieu, l’élevage devra être auto-suffisant en matière d’alimentation ».
Plus loin des centaines d’exploitants s’affairent à donner à la région le profil qui lui sied désormais, celui d’une commune essentiellement agricole au même titre que Leghrous, Ain Naga, Lemziraâ, ou encore Zribett El Oued, connue comme le grenier céréalier de la wilaya de Biskra.
« Nous veillons à ce que notre commune soit hissée à la tête du peloton en matière de production agricole et animalière », confie à Algérie Invest, le Secrétaire général de l’APC de Ourlal, Hichem Ammari. Ce responsable n’omettra pas de souligner que des facilités ont été accordées à tous ceux qui ont émis le vœu de s’investir dans l’agriculture, et ce conformément aux orientations du Président de la République et du ministre de l’Agriculture.
« Notre mission est d’obéir au programme des plus hautes autorités du pays pour ce qui de l’agriculture saharienne. Nous ne ménageons aucun effort pour assister, accompagner et conseiller les fellahs qui sont nombreux à s’installer chez nous », ajoute Hichem Ammari. Et de signaler que la wilaya de Biskra est sur le point de goudronner plusieurs kilomètres de pistes, ainsi que l’électrification de nombre de périmètres agricoles de la commune de Ourlal.
Un problème persiste néanmoins : la couverture du réseau de la téléphonie mobile est limitée à seulement 10 km de rayon du chef-lieu de la commune. Depuis une dizaine d’années, Biskra et sa région fournissent 40 % de la production agricole nationale, pour un chiffre d’affaires d’environ 4 milliards de dollars.
Djamel Zerrouk