Intelligence économique et développement durable : concilier rentabilité et préservation des ressources pour les générations futures

Un colloque international sous le thème : «l’intelligence économique et l’intelligence territoriale au service du développement durable» s’est tenu aujourd’hui à l’Ecole des hautes études commerciales (EHEC) du pôle universitaire de Koléa (Tipaza). Les participants ont exprimé leur préoccupation quant à l’opposition manifeste entre l’intelligence économique et le développement durable à un moment crucial où les outils de l’intelligence économique doivent être mis au service du développement durable.
Selon le Pr Arezki Souak, les principes de l’intelligence économique sont utilisés pour accroître la profitabilité des Etats et des entreprises. En guerre économique, les grands Etats industrialisés s’emparent de nouveaux marchés dans le cadre de ce qu’ils appellent la sécurité économique.
La sécurité économique, explique l’intervenant, comprend une dimension défensive qui implique la protection du patrimoine, la délimitation des périmètres industriels et technologiques critiques, ainsi que la lutte contre les activités de renseignement économique étranger. Elle comprend également une dimension offensive qui consiste à accompagner le développement international des entreprises.
A «la guerre économique» et à «la sécurité économique», s’ajoute l’autre concept de «souveraineté économique». Ce dernier, poursuit M. Souak, diffère de l’autarcie et du protectionnisme, et vise à mettre fin à la régulation par le marché des économies de certains pays capitalistes, conduisant à leur désindustrialisation et à l’absence de production nationale de biens essentiels.
Le professeur en retraite soutient que ces grands Etats, notamment les USA, utilisent la veille, l’influence et la sécurité économique pour maintenir leur hégémonie sur les économies mondiales. Cette pratique explique pourquoi les outils de l’intelligence économique ne sont pas utilisés pour promouvoir le développement durable.
Le Pr Christian Marcon, de l’IAE de Poitiers, avance l’hypothèse selon laquelle les pressions exercées par les ONG pro-développement durable, ainsi que des entreprises désireuses de conserver leurs clients, incitent les industriels à trouver un terrain d’entente pour concilier rentabilité et préservation des ressources pour les générations futures. Sans compter la prise de conscience collective des consommateurs de la nécessité de prendre en compte les enjeux environnementaux.
A ce même colloque international, des intervenants ont abordé la question de l’intelligence territoriale. Selon le Pr Abdelkader Djeflat, l’intelligence territoriale est une approche qui vise à collecter, analyser et exploiter des informations stratégiques pour comprendre et développer le potentiel d’un territoire dans ses dimensions économiques, sociales, environnementales et culturelles.
Dans sa présentation, l’intervenant a mis en avant la nécessité d’impulser le développement durable à travers l’intelligence territoriale et l’organisation en réseau pour garantir la convergence.
Karima Mokrani