Dernier Conseil des ministres : les mesures de régulation du marché décidées sont elles suffisantes?

Le Chef de l’Etat a appelé le gouvernement à encourager l’investissement dans les chambres froides et à veiller à la préservation des stocks stratégiques en produits agricoles et alimentaires.
Par Khaled Remouche
Le chef de l’Etat à l’issue du conseil des conseil des ministres du 12 septembre dernier a décidé d’autoriser l’importation de viandes rouges et blanches pour réguler le marché qui connait une hausse sans précédent du prix de ces protéines animales en raison d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. Cette mesure positive a pour objectif de baisser les prix, de stabiliser les prix tout au long de l’année et préserver ainsi le pouvoir d’achat de la majorité des ménages. D’autres mesures de régulation du marché ont été prises. Le Président de la république a appelé le gouvernement à encourager l’investissement dans les chambres froides. Autre décision : la création d’un office national dédié aux produits maraichers. Il sera chargé d’acheter le surplus de production auprès des agriculteurs. Ce qui signifie qu’il devra injecter sur le marché ces quantités stockées dans des chambres froides dans des périodes de baisse ou d’absence d’offre des producteurs (hors saison). Le chef de l’Etat a appelé également le gouvernement à veiller à la préservation du stock national de produits agricoles et alimentaires. Cette politique de stockage, lit-on dans le communiqué «doit être accompagnée d’une politique de communication claire pour informer les citoyens de la disponibilité des produits de large consommation afin de couper l’herbe sous les pieds des spéculateurs qui créent la confusion en invoquant la rareté pour déstabilisera le marché ». Ces décisions montrent que les gouvernements successifs, par une série de mesures administratives prises depuis plusieurs années, ont perturbé le marché au point où l’inflation reste en forte hausse. Elles semblent viser à en finir avec les mesures administratives de gestion du commerce extérieur. Plusieurs économistes n’ont pas cessé d’appeler le gouvernement depuis des années à faire davantage dans la régulation du marché. En vain. Ces voix n’ont pas été entendues. Aujourd’hui, le chef de l’Etat décide de freiner ces poussées inflationnistes par la régulation. Ce qui constitue un bon pas. Mais ces mesures demeurent insuffisantes. Le chef de l’Etat n’insiste pas particulièrement sur la nécessité d’augmenter de manière suffisante l’offre en viandes par la promotion de l’investissement dans l’élevage bovin et ovin, dans la filière avicole ainsi que par une meilleure organisation des deux filières dominées par l’informel, l’absence de transparence dans les transactions et d’identification des acteurs du marché. Il n’insiste pas sur la nécessité de moderniser ces filières, qu’il s’agisse de la généralisation de techniques modernes d’élevage telles que l’insémination artificielle, qu’il s’agisse d’encourager la constitution d’une myriade de grandes fermes spécialisées dans l’élevage bovin ou ovin, s’il le faut en partenariat avec des investisseurs étrangers. Quant à l’exclusivité accordée à l’office public 0AIC s’agissant de l’importation des légumes secs, les importateurs privés étant exclus de ce créneau, des économistes évoquent le retour à la logique monopolistique qui a déjà démontré son inefficacité. C’est comme si devant l’occurrence d’accidents dans une autoroute, on décide de fermer l’autoroute. En d’autres termes, ce n’est pas parce que ce segment dans l’importation enregistre des infractions d’opérateurs «toxiques» qu’il faut l’interdire aux opérateurs privés honnêtes.
K.R.