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Bornes de recharge pour véhicules électriques : Bornelec Algérie compte installer une usine d’assemblage

Bornelec Algérie est une entreprise algérienne fondée par deux franco-algériens. Adel Saidi, diplômé bac pro électrotechnique, est qualifié IRVE (installations pour véhicules électriques) en France. Miloud Lamraoui, installé en Algérie depuis 2017, est ingénieur en électronique et télécommunications. A son arrivée dans le pays, il a créé une usine à Médéa, dédiée au domaine de l’électricité, en particulier l’éclairage.

La SARL Bornelec Algérie opère sur le marché des bornes de recharge en Algérie. Elle installe des bornes et propose des services complets de gestion, de maintenance et d’autres services liés au bon fonctionnement des bornes, à domicile ou dans des établissements privés.

La jeune entreprise est en attente du lancement de l’appel d’offres pour l’installation de 1000 bornes de recharge pour véhicules électriques à travers le pays. A présent, elle est en contact avec les autorités de la wilaya de Médéa pour avoir un terrain où elle va installer une usine d’assemblage des composants servant à la production des bornes de recharge pour les véhicules électriques.

Entretien réalisé par : Karima Mokrani

Algerieinvest : Bornelec Algérie a installé une première borne de recharge pour véhicule électrique de 43 KW sur le site de production de LUXY Lighting, dans la commune de Moudjebar à Médéa. L’entreprise se définit comme étant le premier fournisseur algérien de solutions de recharge pour véhicules électriques.  Pourriez-vous nous expliquer votre démarche, alors qu’il n’y a pas encore de véhicules électriques dans le pays ?

Adel Saidi et Miloud Lamraoui : Il ne faut pas attendre l’arrivée des véhicules électriques en Algérie pour installer des bornes de recharge. Il est absolument nécessaire d’anticiper la demande. Il y a deux semaines, nous avons été contactés par un client venu du Canada, avec sa voiture électrique. Le véhicule avait une autonomie de seulement 13% et il n’y avait pas de borne de recharge disponible. De plus, sa voiture est équipée d’une prise de type 3 sans adaptateur pour une prise de type 2. Nous nous sommes déplacés sur place et fait le nécessaire. C’est un cas de figure et cela risque de se répéter.

Quels types de bornes proposez-vous et quels sont les services associés ?

Il existe différents types de bornes de recharge pour véhicules électriques. Tout dépend de l’utilisateur particulier ou professionnel. Notre activité ne se limite pas seulement à fournir des bornes de recharge mais englobe également la mise en place de solutions complètes de recharge. Aujourd’hui, pour recharger un véhicule électrique, il faut prendre en compte plusieurs aspects. Un spécialiste doit vérifier l’installation électrique, coordonner avec Sonelgaz pour obtenir la puissance nécessaire, installer la borne, la mettre en service et assurer la maintenance.

Lorsque nous parlons de solutions, nous englobons tous ces éléments. La borne de recharge est un élément de la solution mais il existe d’autres aspects à prendre en considération. Par exemple, la mise en place d’un réseau de bornes dans des magasins ou des hôtels, géré de manière centralisée avec une facturation des clients, nécessite un système de communication et un logiciel centralisé.

Nous ne nous limitons pas à la fourniture de bornes. Les utilisateurs demandent une solution complète qui leur permet de recharger leurs véhicules à une certaine vitesse, accompagnée d’un support technique pour s’assurer du bon fonctionnement. Cela implique l’audit de l’installation existante pour déterminer sa capacité, l’installation de la borne, sa mise en service et la gestion globale du système. Il y a également l’interconnexion entre le véhicule et une application mobile, permettant une expérience utilisateur fluide.

Les bornes de recharge, vous les ramenez de l’étranger ou vous les fabriquez ici en Algérie ?

Nous sommes en discussion avec les autorités de la wilaya de Médéa pour l’acquisition d’un terrain où nous pourrions installer une usine d’assemblage des composants servant à la production des bornes. Les discussions sont en bonne voie. Aussi, nous sommes en contact avec des fournisseurs différents d’Europe pour ce qui est des composants. Notre but est d’atteindre un taux d’intégration de 40 à 50% pour la main d’œuvre et pour les composants.

Notre approche va au-delà de l’installation de quelques bornes à domicile ou dans des espaces privés. Nous réfléchissons à un déploiement à l’échelle nationale en identifiant les zones géographiques appropriées, en déterminant les besoins en puissance des bornes et en considérant l’écosystème global de la recharge des véhicules électriques. Notre objectif est de permettre aux Algériens et aux étrangers de rouler en voiture électrique en Algérie sans se soucier des problèmes de recharge.

Pour le moment, l’activité n’est pas encore réglementée. Comment procédez-vous ?

Adel Saidi : Je suis résidant en France et je suis depuis longtemps dans le domaine de l’infrastructure de recharge pour véhicules électriques (IRVE). Actuellement, mon activité principale en France est axée sur l’installation de solutions de recharge pour véhicules électriques. Les véhicules électriques vont bientôt arriver en Algérie car l’industrie automobile européenne évolue vers cette technologie et les véhicules thermiques tendent à disparaître.

Miloud Lamraoui : En tant que franco-algérien, je réside en Algérie depuis 2017 et j’ai établi une usine de fabrication de produits d’éclairage dans la wilaya de Médéa. Cette usine emploie actuellement 50 personnes et fournit des produits d’éclairage sur le marché local et à l’international. Nous exportons en Tunisie depuis 2020.

Je suis un acteur local et j’ai une connaissance approfondie de l’industrialisation des produits électriques. Avec l’expertise d’Adel dans le domaine des bornes électriques, nous disposons des outils nécessaires pour nous engager à créer un écosystème complet.

Notre rôle ira au-delà de la simple fourniture de bornes. Nous serons impliqués dans la formation des installateurs, la gestion d’un réseau national de bornes de recharge, la supervision à distance grâce à l’intelligence artificielle, et travaillerons en collaboration avec tous les acteurs et parties prenantes pour la réussite de ce projet sur les bornes électriques.

Nous recevons des demandes de la part d’hôtels qui souhaitent installer des bornes. Ils comprennent l’importance de proposer des solutions de recharge aux Algériens en vacances ou aux visiteurs étrangers. Un touriste qui va dans une wilaya du pays, choisira un hôtel qui offre la possibilité de recharger sa voiture.

En tant que société privée de type SARL, nous avons la possibilité d’opérer sur le marché des bornes de recharge en Algérie. C’est un marché porteur et innovant avec de grandes perspectives. Les autorités algériennes, via Sonelgaz, ont lancé un appel d’offres auquel nous pouvons soumissionner en tant que société algérienne. Si nous répondons à cet appel d’offres, nous devrons suivre un cahier des charges spécifique.

Compte tenu donc de votre expérience en France, vous souhaitez fournir vos services à l’Etat algérien et aider à un lancement effectif de ce marché ?

Nous sommes ouverts à accompagner l’État dans cette démarche. L’Algérie a la chance de compter sur des franco-algériens comme nous, qui souhaitent contribuer au progrès du pays dans les meilleures conditions possibles. Nous avons l’expertise et l’engagement. Notre objectif est de créer un écosystème solide.

Il est essentiel de créer un écosystème solide pour garantir le succès des bornes de recharge en Algérie. Cela implique de réunir tous les acteurs et parties prenantes autour de la table et d’aborder tous les aspects.

Aussi, les nouvelles règles d’importation imposent aux concessionnaires de produire un quota de voitures électriques en Algérie. Il sera donc nécessaire de mettre en place des bornes de recharge pour suivre cette évolution du parc automobile électrique. Il ne faut pas attendre d’avoir les véhicules électriques pour agir. Par exemple, dans le cadre de la promotion touristique de l’Algérie, il est important de répondre à la demande croissante des touristes étrangers qui viennent avec leurs voitures électriques.

En chiffres, quel est le coût d’installation d’une borne de recharge pour véhicule électrique ?

Il existe deux types d’installations de bornes de recharge en Algérie. Pour une installation à domicile permettant une recharge rapide d’environ 3 heures, le coût varie entre 200 000 et 300 000 DA. En ce qui concerne les installations destinées aux hôtels et aux centres commerciaux, le prix se situe généralement entre 400 000 et 600 000 DA, en fonction de la puissance de la borne. Le coût d’un plein d’électricité pour une voiture électrique est d’environ 200 à 250 DA, ce qui est nettement moins cher que le coût d’un plein d’essence qui s’élève à environ 2000 DA. De plus, cela permet de parcourir environ 450 km, en fonction de l’autonomie du véhicule électrique.

Comment évaluez-vous le marché des bornes de recharge en France ?

La France compte actuellement environ 100 000 bornes de recharge électrique destinées à un usage public. Cela signifie qu’il y a en moyenne une borne de recharge pour 6 à 7 véhicules électriques. A noter que la plupart des personnes qui rechargent leurs véhicules dans l’espace public disposent également de bornes de recharge chez elles.

Vous affirmez que le marché algérien pour véhicules électriques est prometteur. Quels sont vos arguments ?

C’est une question de logique. A travers le monde, il y a cette transition du marché des voitures thermiques vers les véhicules électriques. Le gouvernement algérien a déjà mis en place des mesures incitatives, telles que des exonérations d’importation allant jusqu’à 80% pour les véhicules électriques et 50% pour les véhicules hybrides. De plus, les concessionnaires seront tenus de fabriquer des véhicules électriques au bout de trois ans.

Le coût global d’une voiture électrique est avantageux en Algérie, avec des économies réalisées sur l’importation, le coût du carburant et la maintenance, qui est généralement 40% moins cher qu’une voiture à essence en raison de l’absence de moteur à combustion interne.

Nous sommes convaincus qu’une fois qu’un réseau étendu de bornes de recharge sera disponible en Algérie, les Algériens auront plus confiance pour acheter des véhicules électriques. Le gouvernement soutiendra cette transition en fournissant des aides et en donnant l’exemple en installant des bornes de recharge dans les lieux publics. Tout cela contribuera à encourager la consommation de véhicules électriques en Algérie.

K. M.

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