Sofiane Lesage fondateur de Riwaya Travel: «Nous allons planter 500 arbres en Kabylie et 500 à El Tarf et El Kala»

Sofiane Lesage, 27 ans, est un jeune auto-entrepreneur franco-algérien. Diplômé en langues étrangères appliquées (LEA). Le choix pour cette filière s’explique par le fait qu’il a toujours rêvé de voyager. Son premier voyage à l’étranger l’a mené à Kuala Lumpur en Malaisie pour y étudier l’arabe pendant six mois. Le deuxième voyage s’ensuivra toujours en Malaisie cette fois pour y effectuer un stage de 6 mois pour l’entreprise Mercedes-Benz. Il est le fondateur de l’agence de tourisme Riwaya Travel. Il a fait partie de la délégation qui accompagné le président français Emmanuel Macron en Algérie, en août dernier.En déplacement à Tizi Ouzou et El Kala, il dit avoir été très attristé de découvrir un cimetière naturel d’arbres sur plusieurs kilomètres. Il lance une initiative de planter 1000 arbres. Avec Le comptoir algérien, une société de Commerce de détail de produits d’épicerie dont il est aussi un des fondateurs, il propose que pour chaque bouteille d’huile d’olive achetée, un arbre sera planté dans une zone sinistrée.
Propos recueillis par : Younès Djama
Algérie Invest: Comment est née cette initiative?
M. Sofiane Lesage. L’initiative 1 000 oliviers plantés fait suite tout d’abord à un constat. Très récemment, je suis parti à El Kala et à El Tarf et j’ai parcouru la route (suite aux incendies de l’été dernier). Il y avait encore un «cimetière» d’arbres consumés par les feux s’étendant sur plusieurs kilomètres. Etant gérant et propriétaire de deux entreprises, la première Riwaya Travel, la première agence écoresponsable et premium du tourisme en Algérie. J’ai des parts dans une société qui s’appelle le Comptoir algérien (commerce de détail de produits d’épicerie, créé en 2021). Durant la crise du Covid, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’Algériens perdaient petit à petit ce lien avec l’Algérie et qui est véhiculé par les produits qui leur rappelaient leur enfance. Nous avons créé une plateforme à travers laquelle les Algériens peuvent se faire livrer ces produits partout à travers le monde. La jonction de ces deux projets a fait naître cette initiative. Pour chaque litre d’huile d’olive acheté on plante un arbre pour un prix total de 34,90 euros. Voilà d’où nous est venue l’idée.
Justement, l’avez-vous mise en œuvre?
Nous venons de lancer la première étape. Nous approchons des 100 arbres sachant que nous avons lancée l’opération mercredi 30 novembre. On arrêtera l’opération le 15 décembre. Lorsque nous aurons atteint 1 000 arbres, nous procéderons en février à leur plantation. Nous allons avec des bénévoles planter 500 arbres en Kabylie (touchée par des feux meurtriers en aout 2021, ndlr) et 500 à El Tarf et El Kala.
Vous avez évoqué votre agence Riwaya Travel que vous avez présentée comme la première agence de voyage digitale et écoresponsable. Pouvez-vous nous expliquer comment vous alliez ces deux concepts ?
Nous sommes la première agence digitale, premium et écoresponsable. Je vais m’expliquer sur chacun de ces trois concepts. Digitale parce que nous sommes la première plateforme, en dehors de l’Algérie, de réservation en ligne. Nous avons la possibilité d’aller parler aux personnes résidant à l’étranger pour commander un séjour et ce même s’ils n’ont aucun intérêt avec l’Algérie. Par exemple, un français qui vit au fin fond de la campagne, nous lui envoyons une annonce sur les réseaux sociaux qu’il utilise. Il va cliquer dessus et ça le renvoie vers notre site internet où nous lui proposons une réservation et un paiement de son séjour. Il y a le côté «premium» parce que nous sommes obligés de rassurer nos clients; il y a beaucoup de nos clients étrangers désireux de venir en Algérie, mais ils ont peur du fait que l’organisation sur place est compliquée. A Riwaya, notre force c’est qu’elle a été créée par des franco-algériens qui savent la qualité de service à l’étranger. Du coup, nous adaptons cette qualité de service à la complexité algérienne. Nous sommes en capacité de créer du premium dans un environnement difficile. L’objectif c’est que nos clients ne sachent rien du tout de ces difficultés et que la prestation soit parfaite de A à Z, du moment de commander le séjour jusqu’au moment où les touristes achèvent leur séjour. Enfin l’aspect écoresponsable. Nous faisons venir des touristes en leur permettant de visiter l’Algérie de manière la plus décarbonée possible. Par exemple : nous avons des séjours d’agrotourisme au cours desquels nous proposons aux étrangers de venir 5 jours à Biskra pour récolter des dattes pendant la période de cueillette. Les touristes ont, parallèlement, la possibilité de monter aux arbres et de récolter des dattes, mais aussi apprendre tout ce qui concerne l’économie de la datte laquelle fait vivre 1 million de personnes en Algérie. Nous avons pas mal de demandes dans ce domaine. Nous faisons, et c’est fondamental pour nous, du tourisme équitable. Dans le sens où toutes les populations locales, que ce soit en Kabylie, dans la vallée du M’Zab ou chez les populations touareg, nous les rémunérant décemment dans une volonté de participer au développement de l’économie locale.
Comment sont les retours de la part de vos clients qui visitent l’Algérie ?
Tout d’abord, je vous annonce deux chiffres. Nous avons eu 150 clients en 2022 et nous avons reçu un 5/5 de la part de tous nos clients tout simplement parce qu’ils vivent un séjour extraordinaire. Nous essayons de vulgariser la destination Algérie, ou plutôt la simplifier dans le sens où c’est une destination qui est très complexe. Nous avons des week-ends (4-5 jours) découvertes mais aussi des séjours de 13 jours, à l’ouest c’est toute l’Oranie jusqu’à Tindouf, et à l’est jusqu’à El Oued et Ghardaïa. Nous avons aussi des séjours sahariens. Parallèlement, nous organisons des séjours culturels et thématiques: la gastronomie, la danse. Nous avons aussi la thématique « Albert Camus » pour les touristes qui souhaitent visiter Alger et Tipasa (le Prix Nobel a vécu à Belcourt (Alger) et rédigé l’essai « Noces à Tipaza », ndlr).
Comment jugez-vous vos premiers pas dans le domaine de l’entrepreneuriat ?
Mon expérience commence à dater, puisqu’elle remonte à 2017 (lancement de l’agence Riwaya Travel). J’ai fait face à des barrières administratives incommensurables. J’ai commencé sans intervention, que ce soit en Algérie ou en France. Le fait de venir d’aussi loin me rend plus déterminé à changer les choses. Je pense qu’il est très difficile d’entreprendre en Algérie surtout quand on vient de l’étranger. Mais qu’on assimile les codes, on s’entoure des bonnes personnes et qu’on arrive à démarrer son activité, je pense que c’est une terre d’opportunités extraordinaires. C’est le paradis de tout entrepreneur. Et à chaque difficulté, il y a une entreprise potentielle…
Y.D.
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