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Retour sur la note de l’ABEF concernant le le transbordement des marchandises à partir de Tanger

Nabil Djemaa: «La note de l’ABEF présente des difficultés d’application»

La note de l’ABEF du 10 janvier suscite la réaction d’observateurs de la scène économique nationale. Car elle proscrit le transbordement de marchandises destinées à l’Algérie à partir de ports marocains. L’une des justifications de ce texte est la volonté des autorités algériennes de sécuriser les marchandises destinées à l’Algérie car si elles provenaient du Maroc, elles paraissent pour les pouvoirs publics plus risquées.

Par Khaled Remouche

L’association des banques et établissements financiers (ABEF) dans une note adressée le 10 janvier dernier et rappelée très récemment aux banques de la place ,relative aux opérations de transbordement pour les titres de transport qui consigne le transbordement ou le transit par les ports marocains, exige à ces établissements financiers le refus de toute domiciliation d’opérations d’importation qui prévoient le transbordement par les ports marocains.

Nabil Djemaa, spécialiste financier commente ainsi cette décision qui présente selon lui des avantages et des inconvénients. La note de l’ABEF selon le spécialiste comporte sous l’angle critique une erreur technique. Car il est difficile de vérifier en appliquant cette décision si la marchandise transite par un port marocain ou non. Tout simplement parce qu’à la domiciliation il est exigé la facture pro forma qui ne mentionne que le port d’embarquement. Le port de transbordement ne peut figurer selon lui sur ce document. En somme, la domiciliation ne permet pas l’identification du port par lequel a transité la marchandise.  lI est possible de le vérifier, ajoute-t-il par le connaissement, ce document maritime qui mentionne et le port d’embarquement, et le port de transbordement et le port de débarquement de la marchandise. Or, nos institutions concernées, pour la plupart, n’ont pas acquis le logiciel qui leur permet de tracer les mouvements des navires chinois, du moins l’accès à la plateforme numérique qui surveille ces mouvements de transport maritime.

Le spécialiste confirme que cette note s’adresse surtout aux compagnies chinoises qui avaient tendance à transiter par le port de Tanger avant de faire parvenir leur marchandise en Algérie. Selon lui, ce sont les Chinois qui ont investi dans cette infrastructure qui considère le port de Tanger comme une importante plateforme portuaire de transbordement pour leurs exportations vers l’Afrique de l’ouest, l’Europe et l’Afrique du nord. Donc, ils préfèrent faire transiter la marchandise destinée à l’Algérie par le port de Tanger eu égard à ses grandes capacités. Désormais, elles doivent passer par les ports espagnols. CMA CGM et Maersk, parmi les principaux transporteurs maritimes sur le marché algérien ont annoncé récemment  que les marchandises destinées à l’Algérie sous leur pavillon passeront désormais par les ports Algerisas d’Alicante et non par le port de Tanger pour être débarquées dans les ports d’Alger, d’Oran , Mostaganem et Bejaia.

Sous l’angle des règles internationales, cette note pourrait donner une mauvaise image de l’Algérie, observe Nabil Djema. Car elle transgresse la liberté de circulation des marchandises. Mais au plan politique, elle constitue une réaction aux provocations marocaines, notamment ses tentatives d’espionner l’Algérie. L’autre justification de cette note est cette volonté de sécuriser les marchandises algériennes car provenant du Maroc, elles paraissent plus risquées. Sur le plan des relations entre l’Algérie, la Chine et le Maroc, le gros problème en ce sens, a-t-il ajouté est que les Chinois selon lui ne veulent pas réaliser le grand port de Hamdania au centre du pays. Ils ont refusé de le faire pour des raisons économiques. En effet, en  contrepartie du financement Chinois de cette méga infrastructure qui nécessitera un investissement de 7 milliards de dollars et sa réalisation, les Chinois ont exigé son exploitation pendant une durée de 17 ans alors que le retour sur investissement est estimé entre deux à trois ans, a-t-il affirmé. L’Algérie n’a pas accepté cette offre.  Le port de Tanger, lui, offre avec ses grandes capacités cette plateforme maritime privilégiée pour l’exportation de ses produits dans le bassin méditerranéen. Cette situation, l’Algérie avec cette note semble ne pas l’accepter, a ajouté Nablil Djemaa.

Enfin, reste à se demander si l’Algérie n’a pas prêté le flanc à ces manœuvres contre ses intérêts. D’abord avec ses propres moyens, l’Algérie peut construire en partenariat avec une grande firme internationale un port de la dimension du port de Tanger. L’autre aspect de l’équation est une contrainte logistique persistante en Algérie : les ports d’Alger, d’Oran, de Mostaganem, de Bejaia, de Ghazaouet n’ont pas le tirant d’eau suffisant pour accueillir des bateaux de gros tonnage. La note de l’ABEF est l’effet de cette situation. Le seul port de transbordement en Algérie est en projet. C’est celui de Djen Djen dont les travaux accusent un retard important. Le port d’Arzew, en outre, connait des travaux en vue d’accueillir des bateaux de 200.00 tonnes dans la perspective de l’exportation de minerais de fer de Gara Djebilet et d’aciers fabriqués à Bethioua par Tosyali Algérie à partir de la matière première en provenance des gisements de Gara Djebilet.

K.R.

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