Résultats du 15ème sommet des BRICS : Un BRICS + renforcé

Les six nouveaux pays membre du groupe de ces pays émergents accroissent le poids du BRIC+ en termes de PIB, d’importance du marché, de ressources ains qu’ en termes de superficie.
Par Khaled Remouche
Plusieurs spécialistes du dossier ont souligné que le choix de six nouveaux pays membres du groupe , le principal résultat de ce quinzième sommet, est dicté essentiellement par des considérations politiques (cf entretien avec Arslan Chikhaoui). Les critères d’admission de ces six candidats ont été résumés ainsi par Serguei Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe : « le poids, de l’autorité et la position sur la scène internationale ». Des critères , nous semble t-il pas tout à fait clairs. Tout ce qui est à l’avantage de l’Algérie n’a pas été retenu : son influence politique et son poids en Afrique, sa position géostratégique comme porte de l’Afrique, son potentiel de ressources. Le ministre des finances Laaziz Faid a réagi ainsi à la non admission de l’Algérie : « L’Algérie a pris acte de la décision annoncée par les dirigeants du BRICS invitant six nouveaux pays à rejoindre le groupe en tant que première étape avec la perspective d’ouvrir la voie à d’autres pays dans un avenir proche » L’Algérie selon le représentant du Président de la république au sommet devrait intégrer les BRICS dans une étape ultérieure. Le ministre a tenté de dissiper la déception en faisant valoir que l’Algérie pourrait adhérer le mois de septembre prochain à la banque de développement des BRICS. Sa présidente Dilma Roussef lui a assuré que tous les pays membres du Conseil des gouverneurs ont affiché leur soutien à la candidature de l’Algérie. Cependant si l’on s’en tient aux critères strictement économiques concernant cette question de l’élargissement et si l’on devait retenir que le PIB, la croissance économique ou les ressources disponibles, la configuration du BRIC + serait tout autre Paramètre PIB, ni l’Algérie ni l’Ethiopie, le nouveau membre du BRICS ne seraient éligibles n’atteignant pas la barre des 200 milliards de dollars. Le Nigéria, deuxième économie en Afrique avec ce critère tout comme l’Indonésie avec un PIB supérieur à 1000 milliards de mérite une place dans ce groupe. Les cinq autres nouveaux membres dépassent cette barre. Critère croissance économique, l’Ethiopie avec 10 ans de croissance à plus de 10% entre 2010 et 2020 est considérée comme un pays très performant . L’Algérie pendant cette période n’a pas dépassé les 5%/an. La plupart de ces nouveaux entrants ont des croissances relativement élevées. Concernant les ressources, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unies et l’Iran recèlent des réserves de pétrole et de gaz parmi les plus importantes au monde.
Un marché de 400 millions de consommateurs
L’Argentine compte également des ressources en gaz et pétrole de schiste parmi les plus importantes à l’échelle de la planète Elle est la troisième plus grande économie d’Amérique latine. En intégrant le groupe des BRICS à partir de janvier 2024, les six pays apportent, en somme, au BRICS un PIB supplémentaire à hauteur de 3000 milliards de dollars, soit plus que le PIB du Canada, un marché de près de 400 millions de consommateurs et une superficie supplémentaire plus de 8,5 millions de kilomètres carrés, soit deux fois plus que la superficie de l’UE, l’équivalent de la superficie d’un continent comme l’Océanie. Le PIB du BRICS + atteindra ainsi 36% du PIB mondial en janvier prochain. Tout cela montre le chemin qui reste à faire pour que l’Algérie accroisse ses chances d’intégrer le BRICS en 2024 ou 2025. L’Algérie, quatrième puissance économique africaine, un PIB qui dépassera les 200 milliards de dollars en 2024 ou 2025, des ressources pétrolières et gazières importantes et un potentiel minier très prometteur pourrait contribuer au renforcement du poids du BRICS+ et de son influence dans le monde. Encore faut-il que notre pays fasse rapidement des progrès importants en matière de croissance économique, d’efficacité économique, de modernisation de son système économique et financier. Quant à l’adhésion à la banque de développement des BRICS, la question est de savoir si notre pays sait saisir cette opportunité pour financer ses grands projets d’infrastructures. Il convient en ce sens de se demander si l’Algérie a tiré les enseignements de sa contribution à la Banque africaine de développement. Alors qu’il demeure un actionnaire important de cette institution, notre pays n’a pas suffisamment profité des financements de cette banque régionale.
K.R.