Quatre questions d’Algérie Invest au président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), Hadj Boulenouar
« Le commerçant s’endette pour payer ses loyers »

Algérie Invest : Quel bilan faites-vous de la situation des commerçants et artisans dès lors que la pandémie du Covid-19 persiste toujours ?
Hadj Tahar Boulenouar : Nous pouvons dire que la situation est très difficile pour nos commerçants et artisans, toutes activités confondus. Les revenus ont baissé drastiquement, et ce au moment où le commerçant ou encore les petits producteurs s’accrochent vaille que vaille à garder leurs moyens de subsistance. Comment ? La majorité des opérateurs qui ont vu leurs chiffres d’affaire baissés à 60, 70, voire 100 %, sont des locataires. Ils ne sont pas propriétaires de leurs locaux. Ils sont contraints de payer les loyers au risque d’être mis dehors par leurs logeurs.
On peut dire que globalement ils payent leurs loyers sans prétendre générer des bénéfices…
Tout à fait. Je ne peux pas dire que tout le monde ne gagne pas d’argent, mais la tendance est à l’incertitude, pour ne pas dire dans la perte. Ceux qui sont les plus nantis, s’acquittent certes de leurs loyers grâce aux faibles recettes générées très difficilement en cette période de pandémie. Du coup, ils se voient privés de fonds pour se permettre un petit salaire pour eux ou payer leurs personnels et les impôts. Au meilleur des cas, faute de clients, c’est à peine s’ils sont dans la possibilité de garder leurs locaux. Il y a une deuxième catégorie de commerçants et d’artisans qui ont tout perdu. Ces derniers ont mis la clé sous le paillasson parce que étouffés par une situation jamais vécue dans le monde ou chez nous. D’autres plus téméraires, ne s’empêchent pas de s’endetter pour garder leur entité en l’état mais sans contrepartie financière. L’argent sort mais la caisse ne reçoit rien.
Et le personnel qui travaille par exemple dans les cafés, restaurants, sandwicheries….Quel est leur sort ?
Cette catégorie sociale est la plus touchée par la situation sanitaire. Plus de 50 % de ces travailleurs à maigre salaire, originaires pour la plupart des régions reculées du pays et qui travaillent pour nourrir leurs familles, sont rentrés chez eux. Leurs employeurs, eux-mêmes très touchés se sont séparés d’eux, préférant garder un service minimum. Un café par exemple qui employait 6 personnes est réduit à un nombre de 2 travailleurs à cause de la précarité qui sévit partout dans le pays.
Que comptez-vous faire pour réhabiliter cette frange sociale qui apporte de toute évidence une plue-value importante au PNB du pays ? Il est question de plusieurs centaines de milliards de DA…
On n’a pas d’autre choix que d’attendre ce que décidera la commission sanitaire.