ActualitésDéveloppement durableInternational

OMM et Sécurité énergétique: «L’urgence de réduire les émissions de combustibles fossiles»

Le réchauffement climatique prend des proportions alarmantes et fait craindre le pire pour l’avenir de la planète. Les ONG de défense de la nature n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme. Successions d’inondations et d’incendies meurtrier, une crise d’eau, assèchement des cours d’eau et des grands fleuves…les répercussions du changement climatique sont visibles au quotidien.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) alerte sur le fait que le changement climatique menace la sécurité énergétique de la planète. « Le changement climatique a une incidence directe sur l’approvisionnement en combustible, la production d’énergie et la résilience physique des infrastructures énergétiques, actuelles ou en cours de construction. Les vagues de chaleur et les sécheresses mettent déjà la production d’énergie à rude épreuve, démontrant l’urgence de réduire les émissions de combustibles fossiles », indique l’OMM dans son tout dernier rapport intitulé « Changement climatique: la sécurité énergétique mise en péril ». Selon cette organisation intergouvernementale spécialisée des Nations Unies dans la météorologie, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques, hydrologiques et climatiques extrêmes a déjà des conséquences manifestes. « Par exemple, en janvier 2022, de très lourdes coupures de courant, causées par une canicule historique à Buenos Aires (Argentine) ont touché environ 700 000 personnes. En novembre 2020, des précipitations verglaçantes ont recouvert des lignes électriques situées tout à l’est de la Fédération de Russie, privant des centaines de milliers de foyers d’électricité pendant plusieurs jours », énumère-t-elle d’entrée. Et d’ajouter que les graves conséquences que l’élévation de la température mondiale pourraient avoir sur la sécurité énergétique « justifient donc pleinement la volonté de ramener les émissions à une valeur nette nulle ». En 2020, 33 % des centrales thermiques qui dépendent des ressources d’eau douce disponibles pour le refroidissement se trouvent dans des zones soumises à un stress hydrique élevé, note l’OMM. « Il en va de même pour 15 % des centrales nucléaires existantes, un pourcentage qui devrait augmenter pour atteindre 25 % dans les 20 prochaines années », ajoute-t-elle. Et cette organisation qui compte 193 États de faire remarquer que 11 % des capacités hydroélectriques sont également situées dans des zones soumises à un fort stress hydrique. Enfin, les lieux d’implantation d’environ 26 % des barrages hydrauliques existants et 23 % des barrages prévus se trouvent dans « des bassins versants exposés à un risque de pénurie d’eau considéré comme moyen à très élevé », relève le rapport.

Face à ces aléas et menaces climatiques, l’OMM appelle à doubler l’offre d’électricité provenant de sources d’énergie propres au cours des huit prochaines années « si nous voulons limiter le réchauffement de la planète ». « Sinon, met-elle en garde, les changements climatiques, une multiplication des conditions météorologiques extrêmes et le stress hydrique compromettront notre sécurité énergétique et mettront même en péril nos réserves d’énergie renouvelable ».  

GES : le secteur de l’énergie gravement mis en cause

« Le secteur de l’énergie est responsable d’environ trois quarts des émissions de gaz à effet de serre de la planète », pointe le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. « Pour un XXIe siècle prospère, la condition est claire : nous devons faire la transition vers des formes de production d’énergie propre, telles que l’énergie solaire, éolienne ou hydroélectrique, et nous devons améliorer l’efficacité énergétique », exhorte-t-elle. Tout en appelant à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. « Ce but ne sera toutefois possible que si nous doublons l’offre d’électricité à faibles émissions au cours des huit prochaines années», souligne-t-il. Pour M. Taalas, la situation « s’aggrave de jour en jour » et le climat « se transforme sous nos yeux ». « Nous devons totalement repenser le système énergétique planétaire», appelle-t-il. Il ajoute que l’accès à des informations et à des services météorologiques, hydrologiques et climatologiques fiables sera un facteur de plus en plus crucial pour « renforcer la résilience des infrastructures énergétiques et répondre à la demande d’énergie » qui a augmenté de 30 % ces dix dernières années.

Une opportunité à saisir pour les pays africains

Le rapport 2022 de l’OMM conclut par une note d’optimisme. Grâce aux contributions que peuvent apporter les réseaux électriques verts pour endiguer le changement climatique, améliorer la qualité de l’air, préserver les ressources en eau, protéger l’environnement, créer des emplois et garantir un avenir meilleur à toute la planète. Et l’OMM de citer des exemples concrets et pratiques. « À Beijing (Chine), des alertes météorologiques précoces permettent de préserver l’approvisionnement en énergie. Dans les Dolomites italiennes, des tests de résistance climatique garantissent l’adéquation de la distribution d’électricité. Au Tadjikistan, les systèmes d’alerte précoce émettent des avis de sécheresse aux fins de la programmation des opérations hydroélectriques. Des informations localisées sur les ressources éoliennes sont intégrées dans la prise de décision de l’industrie éolienne. En Allemagne, les mesures du rayonnement solaire sont prises en compte pour l’installation de panneaux solaires sur les murs antibruit », énumère l’OMM. Selon cette même organisation, d’ici à 2050, les énergies renouvelables, et plus particulièrement l’énergie solaire joueront « un rôle décisif pour répondre aux besoins mondiaux en électricité. Ceux-ci ne cesseront d’augmenter au fil des ans, l’électrification étant un enjeu stratégique de la neutralité carbone ».

L’OMM estime que les pays africains ont « une opportunité à saisir » ; en tirant parti d’un potentiel inexploité, ils pourraient devenir des acteurs majeurs sur le marché, souligne le rapport. « L’Afrique abrite 60% des meilleures ressources de la planète en matière d’ensoleillement. Pourtant, elle ne dispose que de 1 % de la capacité photovoltaïque », fait observer l’OMM.

« Sans plus tarder, nous devons accélérer la transition vers un avenir fondé sur les énergies renouvelables. Si nous ne prenons pas immédiatement des mesures radicales, nous laisserons irrémédiablement passer notre chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C », estime Francesco La Camera, Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) cité dans le rapport de l’OMM. « Il reste beaucoup à faire, mais les résultats sont à portée de main », soutient l’organisation. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, considère qu’une action climatique audacieuse pourrait se traduire par des bénéfices économiques se chiffrant à 26 000 milliards de dollars d’ici à 2030. « Pourtant, les investissements dans les énergies renouvelables sont beaucoup trop faibles, surtout dans les pays en développement », indique l’OMM dans son rapport.

Y.D.

Afficher plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité