Mme Saida NEGHZA, Présidente de la CGEA: «je continuerais à applaudir les bonnes initiatives et à dénoncer les agissements allant à l’encontre de l’intérêt national.»

Madame Saida NEGHZA, a été réélue pour un second mandat à la tête de la Confédération Générale des Entreprises Algériennes (CGEA) en février 2021. Une femme leader, directrice générale de la SARL SORALCOF Algéri et Présidente de BusinessMed. Elle est aussi Membre du Conseil d’Administration du Bureau International du Travail (B.I.T), Vice-Présidente de l’Organisation Internationale des Employeurs (O.I.E), Vice-présidente de Jobs For Africa et Membre de Businessafrica.
Dans cet entretien, accordé à Algérieinvest, Mme Neghza revient sur sa rencontre avec le Président de la République M. Abdelmadjid TEBBOUNE, la situation des entreprises économique nationales et l’impact de la crise sanitaire sur l’économie nationale. Elle aborde aussi les solutions proposés au gouvernement pour sortir le pays de la crise, attirer plus d’investissements et promouvoir les exportations hors hydrocarbures.
Entretien réalisé par : Youcef MAALLEMI
Algerievest : Réélue pour un deuxième mandat en février 2021 au poste de présidente de la Fédération Générale des Entreprises Algériennes (CGEA), quels sont vos projets prioritaires ?
Mme Saida NEGHZA : De prime abord, je remercie l’ensemble des adhérents de la CGEA, pour la confiance renouvelée sur ma personne et qui constitue pour moi, un grand challenge. J’ambitionne de poursuivre le renforcement du déploiement de la CGEA et de ses capacités, avec des visites régulières sur le terrain, pour s’enquérir de prêt, des préoccupations et des potentialités existantes. Le travail de concertation et de revendication sera poursuivi pour défendre les intérêts de l’entreprise et participer, de manière active, à la relance de l’économie nationale, dont les contours ont été définis par Mr le président de la république Abdelmadjid TEBBOUNE.
Quel constat faites-vous suite à vos déplacements sur le terrain ces derniers jours ?
Mon constat est que d’énormes potentialités existent, pour peu que les contraintes bureaucratiques soient levées. Des milliers de postes d’emploi peuvent être rapidement mis en œuvre avec plus d’écoute et de dialogue entre l’administration et les opérateurs. La promulgation de nouveaux textes sur l’investissement et leur vulgarisation donnera plus de visibilité et d’assurance aux opérateurs économiques.
Que répondez-vous à ceux qui vous critiquent ?
Les critiques ne s’arrêteront jamais, mon seul souhait est qu’elles soient objectives et qu’elles n’émanent pas de personnes malveillantes. Moi, je continuerais à applaudir les bonnes initiatives et à dénoncer les agissements allant à l’encontre de l’intérêt national.
Est-ce-que Madame Neghza adhère à la vision du Président de la République M. Abdelmadjid TEBBOUNE ?
Le Président de la République M. Abdelmadjid TEBBOUNE a eu l’idée de recevoir le patronat, c’est une première en Algérie. Il a instruit le Gouvernement à écouter et à se concerter avec les représentants des travailleurs et du patronat. Des concertations qui ont abouti à l’adoption d’un plan de relance économique. Nous ne pouvons qu’adhérer à cette démarche participative et nous sommes impatients de participer à sa mise en exécution.
Quelles sont les réformes envisagées par le président de la république M.Abdelmadjid TEBBOUNE pour encourager les investissements étrangers en Algérie?
L’abrogation de la loi 51/49 est une décision importante, attendue depuis des années.
Le président de a République M.Abdelmadjid TEBBOUNE a demandé aux banques d’accroitre le crédit aux petites entreprises. Est-ce aussi une requête de la CGEA ?
Au sein de la CGEA, nous avons longtemps appelé à la réforme du secteur bancaire qui doit jouer le rôle de partenaire et de moteur de la croissance économique. Nous avons dénoncé le fait d’exiger à des jeunes porteurs de projets, notamment des universitaires des garanties impossibles à fournir.
Quel rôle peut jouer la CGEA dans le développement du pays?
La CGEA dispose d’un réseau national et international très important et unique. Nous disposons d’opérateurs importants prêts à investir et à créer des postes d’emploi et participer à la croissance économique. Nos relais à l’extérieur existent et nous nous mettons à la disposition de tout opérateur économique souhaitant entrer en partenariat ou exporter.
Comment voyez-vous l’Algérie d’après-Covid ?
L’après Covid se prépare dès maintenant. Les différents départements ministériels ont engagé des canaux de discussion et de concertation auxquels nous avons répondu favorablement. Nous attendons un retour des préoccupations, doléances et propositions émises. Nous enregistrons des aspects très positifs, à l’image de l’ouverture d’un portail pour l’encouragement de l’agriculture saharienne, la formation de diplomates économique qui auront la charge d’attirer les IDE et de prospecter des marchés pour l’exportation de nos produits…La conjugaison de tous ses efforts, la lutte contre la bureaucratie et la corruption, l’intensification de la digitalisation, donneront une image nouvelle de l’Algérie, emprunte de dynamisme, de compétitivité et de performance.
Quel est l’impact de la crise sur les entreprises algériennes en générale ?
A l’image du reste du monde, les entreprises algériennes ont été durement impactées par la pandémie, notamment, les secteurs de l’habitat, du tourisme et du transport…En dépit des mesures décidées par le Gouvernement, reconduites cycliquement, dont l’annulation des taux d’intérêt et le report de paiement des charges fiscales, certains opérateurs ont du se séparer, d’une partie de leurs personnels, faute de plan de charge.
Les pouvoirs publics accompagnent-ils de manière efficace les entrepreneurs en ce temps de crise, est-ce que les mesures sont-elles suffisantes ?
Au plan stratégique, nous percevons une réelle prise de conscience et intérêt à la chose économique, mais qui tarde à se vérifier sur le plan local. Il n’est pas normal qu’un chef d’entreprise met la clé sous le paillasson, sans que les autorités locales ne s’inquiètent, ni s’informent.
Que fait la CGEA pour soutenir les entreprises pendant cette période de crise sanitaire ?
Nous avons opté pour une plus grande cohésion en vue de favoriser l’entraide et la sous-traitance intra/CGEA. Nous avons menés un travail d’information sur la question et recueilli les doléances et propositions de nos différents adhérents, que nous avons exploitées et portées à la connaissance du gouvernement.
Vous êtes vous-même président, directrice générale de la Sarl Soralcof Algérie, une entreprise de construction, comment vivez-vous cette crise?
Moi, je dois avouer que j’ai l’habitude, puisque j’ai été privé de plans de charges de manière injuste des années durant. Actuellement, ma persévérance m’a permis de maintenir en vie la Sarl Soralcof et j’observe des prémices encourageantes pour l’avenir. Le lancement de grands projets publics, utiles pour le pays et le soutien à l’agriculture et l’industrie agroalimentaire devront redynamiser l’activité économique.
Pour l’investissement, quelles sont, selon vous les réformes les plus importantes à mener en urgence ?
Nous appelons à libérer l’acte d’investir. Il convient de limiter au strict minimum les situations d’agrément, de permis, d’autorisation dont l’obtention est trop chronophage.
Quel doit être le rôle du gouvernement pour relancer l’activité économique ?
Il y a d’abord le rôle de régulateur et de garant d’une saine compétition. Ensuite, il doit instaurer une plus grande transparence, donner de la stabilité aux textes et de la confiance aux opérateurs. Il faut éviter les situations d’accorder des terrains en concession mais dénués des commodités appropriées (routes, pistes, électricité, eau, assainissement…).
Êtes-vous optimiste, pessimiste ou réaliste sur le sort des entreprises pendant cette période de crise sanitaire ?
L’optimisme est de rigueur mais il faudra être réaliste, le monde économique comporte des risques et subit parfois des aléas inattendus qui propulsent de manière vertigineuse une société ou au contraire précipite sa disparition. Il y a beaucoup d’entreprises qui ont vécu cette pandémie comme opportunité et ont vu leurs gains se multiplier, à l’image du numérique et du digital. Cette pandémie nous a permis d’ouvrir les yeux que nous ne pouvons compter que sur les potentialités nationales. Il faut accorder la priorité à l’outil de production national et à l’entreprise nationale. C’est elle qui crée de la richesse, c’est elle qui paie ses impôts en Algérie et c’est elle qui fait travailler nos jeunes.
Vous avez rencontré, au mois de mai dernier, le Président de la République Abdelmadjid TEBBOUNE au palais présidentiel, quels sont les points qui ont été abordés ?
J’ai eu l’honneur et le plaisir de rencontrer Monsieur Le Président de la République Abdelmadjid TEBBOUNE, au siège de la Présidence. Cette audience témoigne de l’intérêt qu’accorde le Président de la République à l’aspect socio-économique du Pays. Une occasion pour lui exprimer mon soutien au plan de relance économique et notre volonté de contribuer à sa mise en exécution. J’ai profité pour informer le Président de la République des obstacles qui continuent d’entraver les projets d’investissement, en particulier les retards pour obtenir les agréments et les permis et autres autorisations. J’ai également évoqué la nécessité de réformer les banques pour devenir un véritable partenaire économique qui soutient et accompagne l’investissement. J’ai eu l’occasion de présenter à M. le Président un résumé des visites sur le terrain effectuées à l’intérieur du pays et des nombreuses possibilités existantes pour l’investissement et le développement économique du pays. Comme, j’ai abordé les visites effectuées sur les zones d’ombre. M. Le Président a exprimé son soutien à tous les efforts nationaux et a réitéré sa volonté d’accorder la priorité au produit national, en particulier ce qui concerne l’industrie, l’agriculture, et de développement des mécanismes pour accroître les exportations hors hydrocarbures.
Quel message voulez-vous adresser aux entrepreneurs ?
Un message de soutien, de persévérance et d’espoir. Nous devons adhérer aux principes d’étiques et avoir un code de déontologie, pour que les expériences douloureuses passées ne se reproduisent plus.
Y.M.