ActualitésNationale

Mme Farida Guerfi, commissaire aux comptes : «apporter confiance et sécurité à l’entreprise»

Mère de trois enfants, elle a ouvert son cabinet «MSL Conseil» (cabinet d’audit et fiscalité) en 1997. Elle est la seule femme du bureau exécutif de deux organisations arabes dont l’une est sise à Beyrouth et l’autre au Caire. Pour son deuxième mandat en qualité de membre du bureau du Conseil national des statistiques (CNS), elle est également la seule femme. Engagée sur les deux fronts d’apporter confiance et sécurité à l’entreprise et contribuer au développement de l’entrepreneuriat féminin, Mme Guerfi est aussi une ancienne de l’association algérienne des femmes cheffes d’entreprises (SEVE). Elle a occupé le poste de présidente durant trois ans.

A son actif, plusieurs trophées et une reconnaissance de nombreuses entreprises. La soixantaine entamée, Mme Guerfi affirme sa passion pour le métier, soutenant que le commissaire aux comptes est un partenaire indispensable pour l’entreprise : Il apporte une vision claire de l’entreprise en procédant à une analyse de l’environnement extérieur et de l’organisation interne. La certification des comptes offre à l’entreprise l’accès à de nouveaux marchés et de nouveaux horizons. Pour ce qui est de l’entreprenariat féminin en Algérie, elle relève que ce dernier est dépendant d’une mutation structurelle et d’un grand changement social et organisationnel pour pouvoir émerger et participer positivement au développement économique du pays. Entretien/portrait.

Entretien réalisée par : Hakima Laouli

Algerieinvest : Vous exercez le métier de commissaire aux comptes depuis près de 30 années. Vous aimez ce que vous faites. Pourriez-vous nous raconter votre parcours professionnel ?

Mme Farida Guerfi : Je suis titulaire d’une licence en sciences économiques, option «sciences financières» de la faculté centrale d’Alger, en 1984. Cela après ma réussite au baccalauréat au lycée technique «Khaznadar» à Constantine, un lycée de garçons. Depuis 1986, j’ai occupé le poste de responsable de la structure finances et comptabilité dans différentes entreprises publiques et privées, de différents secteurs d’activités (département finances et comptabilité, directeur d’audit et normes, directeur central des finances et comptabilité, assistante du PDG chargée de l’audit interne…et autres).

En parallèle, j’assure des formations en relation avec mon domaine au sein de différents centres de formation, publics et privés. Aussi, j’anime des séminaires et j’interviens dans mon domaine à l’échelle locale et internationale. En 1994, j’ai été agréée en qualité de commissaire aux comptes. En 2010, en qualité d’expert-comptable par l’ordre des experts comptables commissaires aux comptes algériens.

J’ai exercé la mission de commissaire aux comptes dans différentes entreprises publiques et privées de différents secteurs d’activités et de différentes tailles. J’ai été également agréé en qualité d’expert judiciaire en finances et comptabilité par le ministère de la Justice.

Quel est le rôle du commissaire aux comptes dans une entreprise et son impact financier et économique ?

La mission du commissaire aux comptes est réglementée par la loi N°10-01 du 29 juin 2010, relative à la profession des experts comptables commissaires aux comptes et comptables agréés.

Je résumerais le rôle du commissaire aux comptes dans une entreprise et son impact sur sa situation financière et comptable dans les points suivants :

  • Le commissaire aux comptes est un partenaire indispensable pour l’entreprise, sa mission est au cœur de l’entreprise. Elle touche à la finance, la stratégie, l’organisation interne, la communication. La mission du commissaire aux comptes est une mission d’intérêt général qui profite à toute l’économie.
  • Le commissaire aux comptes apporte une vision claire de l’entreprise, en procédant à une analyse de l’environnement extérieur et de l’organisation interne de l’entreprise (les objectifs stratégiques mis en place par les dirigeants, les états financiers, le fonctionnement de la communication interne, évaluation et organisation du contrôle interne…).
  • Le commissaire aux comptes protège l’entreprise en apportant confiance et sécurité. Il travaille de façon à prévenir d’éventuels risques à l’entreprise qu’il audite et en informe les organes de gestion habilités, tout en les éclairant sur les moyens de prévention.
  • Le commissaire aux comptes garantit la sincérité des comptes de l’entreprise, rôle principal qui contribue à entretenir la confiance des partenaires économiques et favorise la croissance économique et financière de l’entreprise. La certification des comptes ouvre à l’entreprise la porte vers de nouveaux marchés et de nouveaux horizons.

Vous étiez membre de SEVE (Association des femmes algériennes cheffes d’entreprises). Vous avez occupé le poste de présidente pendant trois ans. Quel constat faites-vous de l’entrepreneuriat féminin en Algérie ?

J’ai  rejoint l’association SEVE  en qualité d’adhérente en 2007, le mérite revient à Mme Yasmina Taya, présidente de SEVE à l’époque. Une grande dame que j’ai toujours qualifiée de «Grande école».

L’association m’a décernée le trophée de meilleure femme cheffe d’entreprise pour l’année 2007 suite à mes activités professionnelles à l’échelle nationale et internationale, arabe plus précisément.

En 2007, l’Algérie a adopté la loi relative aux normes comptables internationales «IAS IFRS». Mon cabinet, en relation avec des organismes arabes et internationaux, organisait différents séminaires et événements se rapportant au thème.

J’ai créé une société de comptabilité audit et fiscalité dans laquelle j’étais associée avec d’autres confrères, en partenariat avec un cabinet étranger, j’étais la gérante. Le trophée de SEVE a toujours été décerné en synergie avec l’environnement de la politique économique du pays. Cette année-là, c’était l’ouverture sur l’économie internationale, donc obligation d’adoption des normes internationales pour plus de transparence et d’éligibilité.

Pour ce qui est de mon constat sur l’entreprenariat féminin en Algérie, je dirais que son développement est motivé par plusieurs facteurs, principalement les dispositifs que l’Etat algérien a mis en place depuis plus d’une décennie pour promouvoir l’entreprenariat en général (ANADE, CNAC, ANDI et le FGAR).

D’un autre côté, nous pouvons citer le facteur clé de l’indépendance ou plutôt de l’autonomie financière pour la femme qui est sa volonté de diriger sa propre entreprise en tant que leader. Malheureusement, je dirais que l’évolution de l’entreprenariat féminin en Algérie est dépendant d’une mutation structurelle et d’un grand changement social et organisationnel pour pouvoir émerger et participer positivement au développement économique du pays.

En l’absence de statistiques exactes dans notre pays, nous nous référons aux dernières données de l’indice Mastercard de l’entreprenariat féminin en Algérie, publiées en novembre 2019. Il estime à 7,3% la présence des femmes entrepreneures en Algérie.

Vous êtes également membre d’une organisation arabe des commissaires aux comptes. Comment décrivez-vous votre expérience au sein de cette organisation, en tant que femme ?

Effectivement, en  2001, j’ai adhéré à l’organisation des auditeurs arabes (AOCPA, المنظمة العربية لخبراء المحاسبة القانونين). Elle regroupe 17 pays arabes. Son siège est à Beyrouth. En 2004, j’ai été désignée secrétaire général adjoint de l’organisation pour l’Algérie, la seule femme dans le bureau exécutif de l’organisation. En 2007, l’organisation AOCPA m’a décernée le trophée درع » المنظمة »

Je suis également membre fondateur de منظمة الضرائب العربية dont le siège est au Caire, toujours la seule femme dans le bureau exécutif de l’organisation. En Algérie, je suis à mon deuxième mandat en qualité de membre du bureau du Conseil national des statistiques.

Là également, la seule femme dans le bureau du Conseil ! Pour le jour du 8 mars, quel est votre mot sur le rôle de la femme dans l’économie et la création des richesses dans une société ? Comment soutenir la femme algérienne dans cette mission ?

Le rôle de la femme dans l’économie algérienne est le même que celui de l’homme. Nous ne devons pas faire la différence entre les deux, d’autant que la législation algérienne offre les mêmes chances pour promouvoir l’entreprenariat par la création d’entreprises génératrices de ressources économiques pour le pays. La femme en elle-même est source de richesse de par son  pouvoir de procréation que Dieu lui a accordée. Elle est courageuse, consciencieuse et sincère dans ce qu’elle entreprend.

La femme est la mère, la fille, la sœur et l’épouse. Sa contribution au développement économique est très significative et importante. Je souhaite plein de succès à toutes les femmes pour cette journée du 8 mars.

H. L.

Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité