Me Kami Haeri, avocat associé au cabinet Quinn Emanuel, Paris: «Considérer la communauté des juristes comme un ensemble économique»

Legal Business Forum & Awards est revenu, dans une deuxième édition, cette année, les 24 et 25 janvier, au CIC Abdelatif Rahal à Alger, à l’initiative de la startup Legal Doctrine, de son fondateur, Walid Ghanemi.
Le forum est sous le thème : «Les grandes tendances juridiques 2023». Durant deux jours, il réunit un grand nombre de participants, algériens et étrangers, autour du rôle du juriste dans la croissance d’une entreprise.
Me Kami Haeri est intervenu au panel N°1 sous le thème : «En quoi la fonction juridique est un levier de croissance pérenne pour le business en Afrique ?». En marge des travaux, Me Haeri nous a accordé cet entretien express.
Entretien réalisé par : Hakima Laouli
Algerieinvest : Comment définissez vous la fonction juridique et le rôle du juriste dans l’entreprise ?
Me Kami Haeri : La fonction juridique est la spécialité qui consiste à gérer toutes les problématiques juridiques qui sont soulevées dans la vie quotidienne économique de l’entreprise, qu’il s’agisse des sujets de ressources humaines, le droit au travail, les contrats, les droits des sociétés, la protection des actifs intellectuels de l’entreprise, le fonctionnement de l’entreprise dans le commerce international…etc.
Le rôle du juriste est d’éclairer et d’accompagner l’entreprise dans la retranscription des contraintes et des possibilités que la régulation offre à cette entreprise de manière à développer sa croissance.
Ce qui est important à souligner, de l’avis de tous les participants, c’est que le juriste doit intervenir en amont dans l’entreprise. Plus il apparaîtra en amont, plus il sera utile, plus son travail sera compris et plus l’entreprise évitera les problèmes en aval.
Vous avez utilisé le concept «filière» en parlant de la corporation des juristes. Une filière économique ?
Absolument. La communauté des juristes constitue une communauté économique. Les avocats, les juristes, les notaires, les huissiers de justice, les procureurs, les juges…toute cette communauté compte. Elle a un poids, elle a une utilité sociale. La considérer comme un ensemble économique, c’est lui attribuer encore plus de poids.
Comment appréciez-vous le rôle des juristes africains dans la croissance économique de leurs pays respectifs et de toute la région ?
Leur rôle est fondamental. D’abord, par la constitution du droit au dialogue des cultures juridiques qui est un espace économique et juridique créé entre plusieurs pays d’Afrique. Ensuite, par la mise en place de la régulation en matière de conformité bancaire notamment, et sur les questions environnementales. Les juristes africains sont très actifs, très dynamiques. Pour moi, c’est un exemple de l’implication du juriste dans le rôle économique et celui social.
Il n’empêche que ces juristes semblent ne pas avoir la reconnaissance nécessaire, selon vos propres propos
Il faut se dire que les juristes sont très bien formés, ils sont experts. Ils gèrent quotidiennement une matière vivante qui change en permanence. Nous sommes toujours présents pour essayer de construire. Le droit est présent partout. Paradoxalement, malgré l’utilité avérée des juristes, ils sont peu valorisés politiquement. Nous nous devons de nous interroger sur cette problématique. Nous devons faire notre autocritique. Peut-être que nous-mêmes, nous incarnons insuffisamment notre fonction. Peut-être que les juristes et les avocats, devraient intervenir davantage, pas seulement sur les questions sociales et politiques.
H. L.