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Le FMI recommande à la Banque d’Algérie de resserrer sa politique monétaire

Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) soutient que les perspectives pour l’année 2023 sont favorables mais qu’elles restent dépendantes des prix des hydrocarbures et d’une conjoncture mondiale incertaine. Les services du FMI recommandent à la Banque centrale algérienne de relever son taux directeur et d’assurer une gestion de liquidité qui sera à même d’améliorer la transmission de la politique monétaire.

De même, ils évoquent la nécessité d’interdire formellement le financement monétaire dans la nouvelle loi sur la monnaie et le crédit afin de renforcer, selon leurs dires, l’indépendance de la Banque centrale et sa capacité à agir pour défendre la stabilité des prix. Dans ce même communiqué du FMI sur la situation financière de l’Algérie, est également relancée la recommandation de réformer les subventions, avec renforcement d’une protection sociale ciblée, ainsi qu’une réduction des dépenses d’investissement. Autre sujet, les importations. L’organisation monétaire internationale met en garde contre «les risques liés aux mesures strictes de réglementation des importations» car «pourraient notamment alimenter l’inflation et encourager l’informalité».

Par Rania Madani

Faisant suite à la mission dirigée par Mme Geneviève Verdier, du 06 au 21 novembre 2022, en Algérie, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a rendu public ses conclusions sur la situation financière de notre pays, à travers un communiqué publié sur le site web de l’organisation internationale, le 1er février 2023.

De bonnes perspectives mais…

D’emblée, le Conseil d’administration du FMI évoquela reprise économique en Algérie et la croissance du PIB hors hydrocarbures. Cette dernière estimée à 3,2% en 2022 contre 2,1% en 2021, et devant atteindre les 3,4% en 2023. Aussi, le solde des transactions courantes devrait enregistrer son premier excédent depuis 2013. L’inflation est estimée à 9,3% en 2022, son plus haut niveau depuis 26 ans.  Elle devrait baisser à 8, 1% en 2023 mais reste relativement élevée à moyen terme.

Les perspectives pour l’année 2023 sont bonnes mais demeurent «tributaires des prix des hydrocarbures et soumises aux risques liés à un affaiblissement de la conjoncture mondiale et à la volatilité des cours des matières premières». Aussi, «l’accélération généralisée de l’inflation est devenue un défi considérable pour les politiques publiques».

Dès lors, lit-on dans le même communiqué, les services du FMI exhortent la Banque d’Algérie à resserrer sa politique monétaire pour prévenir un éventuel désancrage des anticipations et la persistance d’une inflation élevée. Ils considèrent que l’appréciation récente du dinar ne peut se substituer au resserrement nécessaire de la politique monétaire.

Dans le même contexte, ils recommandent à la Banque centrale algérienne de relever son taux directeur et de «reprendre une gestion bien calibrée de la liquidité pour améliorer la transmission de la politique monétaire». De même, ils affirment la nécessité «d’interdire formellement le financement monétaire, dans la nouvelle loi, afin de renforcer l’indépendance de la banque centrale et sa capacité à agir pour défendre la stabilité des prix».

Pressions inflationnistes

Selon les services du FMI dont les conclusions sont validées par le Conseil d’administration, le taux d’inflation, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays, suscite des inquiétudes. La situation est encore plus critique du fait de la hausse des dépenses, selon le même rapport.

«La hausse considérable des dépenses annoncée dans le cadre de la loi de finances pour 2023 pourrait résorber les progrès en matière de réduction du déficit budgétaire depuis 2018, affaiblir la résilience des finances publiques et aggraver les pressions inflationnistes» est-il indiqué.

Partant, les services du FMI recommandent «un ajustement pour améliorer le déficit primaire hors hydrocarbures et dividendes de la Banque d’Algérie de 10% du PIB hors hydrocarbures par rapport à son niveau de 2022 et jusqu’en 2027». Aussi, «une réforme des subventions avec renforcement d’une protection sociale ciblée contribuerait à réaliser le rééquilibrage budgétaire requis, parallèlement à une réforme paramétrique des retraites, une réduction des dépenses d’investissement et la poursuite des réformes fiscales».

Les services du FMI, lit-on encore, «proposent également l’adoption d’un cadre budgétaire à moyen terme fondé sur des règles bien calibrées comprenant un plancher d’épargne et une ancre sur la dette brute, pour orienter le rééquilibrage budgétaire, limiter la procyclicité des politiques économiques et protéger les dépenses prioritaires».

Pour ce qui est des mesures de réglementation des importations, ils avertissent contre les risques d’alimenter l’inflation et d’encourager l’informalité. Dès lors, ils recommandent de «poursuivre les réformes visant à améliorer l’ouverture commerciale et la compétitivité, notamment les réformes des marchés des produits et du travail».

R. M.

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