FMI : 45 % des pays à faible revenu sont en situation de forte vulnérabilité

Le Fonds monétaire international lance un appel aux pays riches pour aider les membres les plus faibles de la communauté mondiale, à gérer la charge de la dette qui s’est alourdie avec les chocs de ces dernières années. Environ 15 % des pays à faible revenu sont déjà surendettés et 45 % sont en situation de forte vulnérabilité liée à l’endettement.
Dans son discours inaugural, le 06 avril 2023, en prélude des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, Mme Kristina Georgieva, la directrice générale du FMI, a mis en avant trois actions prioritaires qui seront à même d’ouvrir de meilleures perspectives de croissance à court et moyen termes : lutte contre l’inflation et la sauvegarde de la stabilité financière, améliorer les perspectives de croissance à moyen terme et promouvoir la solidarité pour réduire les disparités dans le monde.
Par Hakima Laouli
Kristina Georgieva, a rappelé que la croissance mondiale, impactée par la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine, est passée de 6,1% en 2021 à 3,4 % en 2022. Elle devrait encore descendre à seulement 3% en 2023. Malgré une résilience des marchés de l’emploi et les dépenses des ménages dans la plupart des pays avancés, la croissance économique demeure faible, avec de grandes différences entre les groupes de pays. En effet, au moment où l’Inde et la Chine sont en train de créer une certaine dynamique, l’activité économique ralentit aux USA et dans la zone euro où la hausse des taux d’intérêt pèse sur la demande. Selon la première responsable du FMI, 90% des pays avancés devraient voir leur taux de croissance diminuer cette année. Dans les pays à faible revenu, confrontés à la hausse des coûts d’emprunt, la situation est encore plus critique du fait des tensions géopolitiques et l’inflation qui va en augmentant.
Lutte contre l’inflation & Sauvegarde de la stabilité financière
Pour ouvrir de meilleures perspectives de croissance à court et moyen termes, la directrice générale du FMI, Mme Kristina Georgieva, préconise trois actions prioritaires, la première étant la lutte contre l’inflation et la sauvegarde de la stabilité financière. La représentante du FMI affirme qu’il ne peut y avoir de croissance vigoureuse sans stabilité des prix et sans stabilité financière. Elle soutient que les banques centrales doivent faire montre de vigilance face aux risques pour la stabilité financière. Elles doivent faire face aux risques pour la stabilité financière dès qu’ils apparaissent, en fournissant des liquidités de façon appropriée, tout en maintenant une orientation restrictive pour éviter l’inflation. Il est aussi nécessaire de travailler de façon à réduire les déficits budgétaires.
Améliorer les perspectives de croissance à moyen terme
Selon les prévisions, la croissance mondiale devrait se maintenir autour de 3% pour les cinq prochaines années. C’est la prévision de croissance à moyen terme la plus faible depuis 1990. Cela rend plus difficile la réduction de la pauvreté, l’effacement des stigmates économiques de la pandémie de Covi-19 et la création de nouvelles opportunités pour tous.
Pour remédier à cette situation, il est nécessaire de procéder à des changements radicaux, notamment en stimulant la productivité et le potentiel de croissance par le biais de réformes structurelles, en accélérant la révolution numérique, en améliorant le climat des affaires et en renforçant le capital humain et l’inclusion, souligne la représentante du FMI. Le simple fait de combler l’écart dans la participation des femmes à la population active pourrait augmenter la production économique de 35 % en moyenne dans les pays où les inégalités entre les sexes sont les plus marquées.
Un «grand changement vert» est aussi nécessaire pour protéger la planète et créer de nouveaux débouchés. Il faudra réorienter des milliers de milliards de dollars vers des projets verts. Le développement des énergies renouvelables nécessitera, à lui seul, 1 000 milliards de dollars par an. Ce sont toutefois des investissements bénéfiques pour la croissance et l’emploi, affirme encore Mme Kristina Georgieva.
Il est également essentiel de coopérer au niveau international dans l’objectif de réduire les effets de la fragmentation économique et des tensions géopolitiques. Les pertes économiques potentielles dues à la fragmentation des échanges pourraient atteindre jusqu’à 7% du PIB mondial à long terme, et jusqu’à 12% dans certains pays en raison du découplage technologique.
Promouvoir la solidarité
La troisième action prioritaire consiste à promouvoir la solidarité pour réduire les disparités dans le monde. Mme Kristina Georgieva rapporte que le FMI a fourni près de 300 milliards de dollars de nouveaux financements à 96 pays depuis le début de la pandémie de la Covid-19. L’affectation historique de 650 milliards de dollars de DTS a contribué au renforcement des réserves des pays membres.
Le FMI a innové sa gamme d’outils, notamment le guichet «chocs alimentaires» et le fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité. Il a également renforcé son soutien aux pays vulnérables à revenu intermédiaire, en augmentant le montant que les pays membres peuvent emprunter au FMI et en apportant de nouveaux financements à des pays comme le Sri Lanka et l’Ukraine.
A l’occasion, le Fonds monétaire international lance un appel aux pays riches pour aider les membres les plus faibles de la communauté mondiale, à gérer la charge de la dette, qui s’est tant alourdie avec les chocs de ces dernières années. Environ 15 % des pays à faible revenu sont déjà surendettés et 45 % sont en situation de forte vulnérabilité liée à l’endettement.
Le FMI a multiplié par plus de quatre ses prêts sans intérêt depuis le début de la pandémie pour aider les pays membres les plus pauvres, soit 24 milliards de dollars au total. Il demande donc à ses membres les plus nantis de combler les déficits de financement du fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance.
H. L.
Source https://www.imf.org/en/News/Articles/2023/04/06/sp040623-SM23-CurtainRaiser
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