Du jamais vu en Afrique, la crise économique a davantage circulé que le Covid-19

Une note d’évaluation de l’Agence française de développement consacré à « l’économie africaine en 2021 », paru récemment et répercuté par la presse internationale, laisse apparaître un lourd tribut économique payé par les pays africains au Covid-19.
La crise économique est l’une des nombreuses injustices de la pandémie de Covid-19 dans le continent : l’Afrique, relativement épargnée par le Sars-CoV-2 comparé aux autres continents en 2020, n’en paie pas moins un prix très fort sur le plan économique. Un constat détaillé dans l’ouvrage « L’économie africaine en 2021 », publié jeudi 21 janvier par l’Agence française de développement (AFD).
Des avantages pour faire face à la pandémie qui n’ont pas empêché la violence de la crise économique. « Aucun des chocs enregistrés ces trente dernières années – ni la crise financière de 2008, ni les Printemps arabes en 2011 – n’avait eu un tel impact sur l’activité », souligne Yasmine Osman, macroéconomiste au sein du département Afrique de l’AFD. Le PIB sur le continent africain a ainsi reculé pour la première fois en 30 ans en 2020 et cette récession a touché 40 des 54 pays africains. « Du jamais-vu », notent les auteurs du livre.
C’est, en premier lieu, la conséquence de la dépendance encore très forte d’une partie des grandes économies africaines aux exportations de ressources, tels que le pétrole ou les minerais. La crise mondiale a entraîné un effondrement du cours et de la demande de ces matières premières, alors même que « leur exportations représentent plus d’un quart des exportations totales dans 25 pays constituant 55 % du PIB africain total », note Yasmine Osman.
La crise du Covid-19 pourrait ainsi déboucher sur un changement des rapports de force économiques sur le continent. Des régions comme l’Afrique de l’Est, moins dépendantes des exportations de matières premières, pourraient ainsi mieux tirer leur épingle du jeu que l’Afrique centrale, où des pays comme la République du Congo, le Gabon ou la Guinée équatoriale sont particulièrement exposés à la chute des cours du pétrole.
La fermeture des frontières a fait que ces États ne pouvaient pas non plus compter sur les touristes pour se refaire une santé économique. Enfin, la plupart de ces nations n’ont pas les moyens de déployer des plans de soutien à l’économie ou de relance d’une ampleur comparable à ceux mis en place en Occident pour limiter les effets de la crise.
« Ce genre de crise peut toujours être l’occasion de rebattre les cartes », confirme Yasmine Osman, de l’AFD. Mais elle précise qu’il est encore un peu tôt pour refaçonner le paysage économique africain. Les effets à plus long terme de cette crise sur le nombre de faillites de petites et moyennes entreprises restent encore à déterminer. Et des pays qui, pour l’instant, semblent mieux résister pourraient, au final, payer un prix bien plus élevé.
Rédaction internationale