Consommation nationale d’énergie: Opter pour des carburants propres (Dr Yacine Madouche)

Le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), M. Rachid Nadil, a fait état hier, dans un entretien à l’APS, d’une croissance de 3% de la consommation nationale du carburant en 2022 par rapport à l’année 2021. Cette hausse est favorisée par la reprise économique, notamment les services et l’industrie, selon ses dires. Une croissance économique post-Covid 19 aurait entraîné une augmentation de la demande de carburant malgré l’absence d’importation de véhicules.
Par Hakima Laouli
Du bilan énergétique national pour l’année 2021, rendu public par le ministère de l’Energie, la consommation du secteur des transports est passée de 13,5 M Tep en 2020 à 14,5 M Tep en 2021, soit une reprise de 7,6%, tirée par celle des carburants terre et aérien ([(gasoil 5,1%), (GPL/C 35,8%), essences (1,8%), (jet 15,1%)], en corrélation avec la reprise du transport routier et l’ouverture graduelle de l’espace aérien.
La consommation du secteur «Industries et BTP» a progressé de 12%, en passant à 12,2 M Tep en 2021, en rapport avec la reprise de l’activité économique, tirée notamment par les sous-secteurs ISMME, industries agroalimentaires, chimie et matériaux de construction.
La consommation nationale de carburant aurait continué à croître en 2022 par rapport à 2021. Nous ne pouvons en dire davantage sur cette évolution en l’absence de données et de rapports économiques plus récents. Un bilan énergétique national 2022 nous apporteraient les éclaircissements nécessaires.
Opter pour des carburants propres
Contacté par algerieinvest, Dr Yacine Madouche, maître de conférences en sciences économiques, soutient qu’au-delà de la reprise économique post-Covid 19, il est important de réfléchir aux objectifs visant à minimiser le coût des hydrocarbures pour la consommation domestique, à soutenir les exportations et à minimiser les importations de dérivés raffinés étrangers. Il est également essentiel d’opter pour des carburants propres, tels que le GPL et bientôt l’hydrogène, en s’inscrivant dans une démarche de développement durable.
Pour ce faire, les décrets exécutifs doivent inclure ces mesures, notamment pour les véhicules de moins de 3 ans utilisant de l’essence. Il est impératif de procéder à une conversion systématique au GPL une fois que ces véhicules sont sur le sol algérien, car ils sont, à la base, plus polluants.
Notre interlocuteur prévient qu’avec la relance de l’industrie automobile en matière de production et d’importation, le coût de l’essence va augmenter. Il est donc important de considérer la conversion au GPL en mettant en place des mécanismes incitatifs. Il affirme qu’il incombe à Sonatrach, à Naftal et au Trésor public de subventionner la conversion, en réduisant le coût d’installation à 50 %, par exemple de 56 000 DA à 28 000 DA. C’est ainsi que l’on peut assurer des économies pour le secteur tout en préservant l’environnement.
Dr Madouche préconise l’utilisation de mécanismes incitatifs pour encourager la conversion des véhicules au GPL, ce qui pourrait réduire les coûts pour les ménages et les entreprises et contribuer à la transition énergétique. L’autre objectif étant de protéger l’environnement et de poursuivre dans la politique de développement durable.
Pour en revenir aux déclarations du président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), M. Rachid Nadil, hier à l’APS, il est indiqué que la consommation de diesel a augmenté de plus de 4% pour atteindre 10,1 millions de tonnes. La consommation de GPL-c a augmenté de 20% pour atteindre 1,5 million de tonnes en 2022, alors que la consommation d’essence a diminué de 2,26% à 3,3 millions de tonnes, en raison de l’augmentation de la consommation de GPL-c.
La consommation de kérosène a augmenté de 58%, en passant de 297 000 tonnes en 2021 à 468 000 tonnes en 2022. La consommation de carburant marin s’est élevée à 219 000 tonnes. En revanche, la consommation de butane et de propane a diminué de 2,26% pour atteindre 1,34 million de tonnes, tandis que celle de bitume a baissé de 20% pour atteindre 619 000 tonnes.
Selon le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), M. Rachid Nadil, la production totale des cinq raffineries actuelles peut aller jusqu’à 300 000 tonnes par an. Ceci, en plus des prévisions de Sonatrach d’augmenter la production à 500 000 tonnes d’ici 2025.
GPL : 100 000 véhicules convertis chaque année
Dans le même entretien accordé à l’APS, le président de l’ARH a fait état de la conversion au GPL d’environ 100 000 véhicules par an. Depuis le lancement de l’opération dans le pays, à la faveur des différentes mesures incitatives, plus de 850 000 véhicules fonctionnent désormais au GPL. D’ici fin 2023, le nombre atteindrait un million de véhicules. La conversion de 100 000 véhicules a permis d’économiser quelques 900 000 tonnes d’essence.
H. L.