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Ali Bey Nasri, conseiller et formateur à l’export: «Nous sommes dans les débuts du Développement des exportations  vers les pays africains»

"L’Algérie doit mettre en place  la chaîne de valeur régionale ou continentale."

Dans cet entretien , l’ex Président de l’Anexal, actuellement consultant dans le domaine du commerce extérieur, aborde le road show présentant la foire du commerce intra africain prévu au Caire du 9 au 23 septembre organisé récemment à Alger , l’implication de l’Algérie dans le développement des échanges commerciaux entre pays africains ainsi que  l’impulsion que devra donner la zone de libre-échange continentale africaine au commerce intra-africain et à l’investissement dans le continent

Entretien réalisé par: Khaled Remouche

Algérie Invest : Quelle est l’importance selon vous de ce road show présentant  la foire sur le commerce intra-africain qui se tiendra au Caire du 9 au 13 novembre prochain ?

Ali Bey Nasri : C’est un rendez-vous important pour nous parce cette rencontre a permis d’avoir des informations sur l’organisation de la prochaine foire sur le commerce intra-africain qui se déroulera au Caire du 9 au 13 novembre prochain, notamment sur les avantages que nous offre cette exposition. Elle nous a permis d’avoir des informations  sur le  rôle de l’Afreximbank et de l’apport de cette banque dans le financement des exportateurs algériens. Les communications sur cette banque nous ont permis d’avoir des connaissances sur les activités de l’Afreximbank et  sur le système financier africain. Cela permettra  à note pays de développer ses exportations vers ces espaces-là. On n’était pas au courant des activités de l’Afreximbank. Ce road show est  utile et profitable pour nous. Nous avons appris sur  les avantages qu’offrent les institutions financières africaines.

Que pensez- vous du degré d’implication de l’Algérie dans le développement du commerce intra-africain?

Il faut savoir d’abord que le Président de la République a mis l’accent sur la nécessité de développer les échanges commerciaux avec les pays africains. A ce titre-là, des orientations stratégiques ont été prises. En premier lieu, la création de banques en Afrique. Nous avons assisté le 21 septembre dernier à l’inauguration de l’Union Bank en Mauritanie et l’Algeria Bank au Sénégal. Ce sont des outils qui nous manquaient. On n’avait pas de présence du secteur bancaire en Afrique. La Banque peut nous apporter la garantie de transfert de l’argent de l’exportation. Elle permet d’attirer les importateurs de ces pays en vue d’acheter des produits algériens. Elle nous donne des informations sur l’économie du pays qui abrite la  banque algérienne. La deuxième décision stratégique, est la création d’une plateforme commerciale à Nouakchott en Mauritanie, l’autre à Dakar. La prochaine le sera  à Niamey au Niger. Le Président de la République a également instruit le gouvernement pour veiller à installer prochainement une plateforme commerciale également en Cote d’ Ivoire et une autre au Cameroun. Nous sommes dans les débuts  du développement des exportations vers  les pays africains.  On a commencé par les finances, la présence commerciale. Troisième orientation stratégique : le Président de la république a donné des instructions  consistant à développer le trafic terrestre, le trafic  aérien, le trafic maritime,  en vue de développer les échanges commerciaux avec les pays africains. A ce titre-là, l’Algérie a pris en charge la réalisation d’un tronçon très important entre  Tindouf et Zouirat. Un tronçon  qui permettra  d’atteindre Nouakchott en sept jours. On mettra alors 13 jours pour aller à Dakar grâce à cette voie terrestre. C’est très important  d’avoir ces outils-là.

Comment évaluez- vous le niveau actuel  des échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays africains ?

Nous n’exportons pas beaucoup vers les pays limitrophes. Il faut savoir que le volume d’exportation de l’Algérie vers   le Sénégal  n’est qu’à peu près  65 millions de dollars. Avec le Mali et le Niger c’est nettement moins. C’est surtout le ciment qui est exporté.  Mais ce qui est important pour nous, c’est que nous avons des secteurs très performants. Nous avons le secteur de l’agro-alimentaire, le secteur pharmaceutique, le secteur du BTPH, le secteur des matériaux de construction comme le ciment et le rond à béton ainsi que le secteur sidérurgique. Nous avons tous ces secteurs-là qui ont la taille critique et qui ont les moyens financiers pour exporter sachant que les pays limitrophes sont désindustrialisés et manquent d’infrastructures. Ils importent tout. Nos produits sont éligibles à pénétrer ces marchés-là. Avec  ces dernières mesures, Je pense qu’on pourra développer nettement et   fortement nos exportations vers ces pays.

Quelle sera l’impulsion que donnera la zone de libre-échange continentale africaine la ZLECAF au développement du commerce intra-africain?

La ZLECAF va améliorer notre compétitivité. En plus  des atouts de la proximité et de réduction des et des délais,  nous avons un démantèlement tarifaire de 20% par an. Nous allons vers un démantèlement des droits de douane. C’est un avantage pour notre pays d’y aller.  Par rapport à l’Asie,  par rapport à l’Europe, nos produits seront compétitifs.

Les contraintes à l’exportation ont –elle été levées ?

Beaucoup de contraintes ont été levées. Malheureusement, l’une des  principales  contraintes  qui n’a pas été levée est la législation des changes. On ne peut pas investir à l’étranger, ouvrir des bureaux de liaison. Je pense qu’il est maintenant temps de laisser les entreprises développer elles-mêmes leur réseau commercial. Parce qu’il n’y a pas mieux  que l’entreprise algérienne qui connait son produit, qui connait  la maitrise et la technicité de son produit pour ouvrir elle-même un réseau de distribution. Parce qu’en Afrique, il n’  y a pas de chaines de distribution structurées. On est en présence, en outre, du marché informel. Il appartient à l’entreprise de développer son réseau. Il faudrait que la réglementation des changes le permette. Cela va développer le volume de nos exportations.

Qu’en est-il des aspects logistiques dans le développement du commerce entre l’Algérie et les pays africains ?

Le principal frein que rencontre l’Afrique est l’infrastructure logistique. Il n’  y a pas d’infrastructure routière. Je pense qu’avec la route transsaharienne qui va de In Guezzam à Lagos et qui va être connectée à la route qui va vers le centre de l’Afrique et l’autre route qui va d’Alger à Nouakchott et  Nouakchott vers  Dakar et Dakar vers peut être Bamako ou Abidjan,  les échanges  commerciaux avec les pays africains vont se développer. Il faut savoir aussi que le maillage ferroviaire qui va atteindre le grand sud et qui va être important dans la perspective d’atteindre les pays africains limitrophes.

Pensez- vous que l’Algérie puisse être un hub en matière de flux commerciaux  entre notre pays , les pays africains et les pays tiers ?

L’Algérie a la position géostratégique pour être un hub. Elle a la proximité avec les pays africains et les pays européens. L’Algérie peut jouer un rôle important dans l’amélioration du pouvoir d’achat des pays limitrophes. Parce qu’un conteneur de Marseille à Niamey met 3 mois et le coût est exorbitant alors que d’Alger à Niamey,  cela prend  15 jours et le cout est nettement inférieur. Les pays limitrophes africains souffrent d’un surcoût logistique.

L’objectif du gouvernement, à savoir atteindre 13 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures  en 2023 peut –il être atteint ?

On peut atteindre ce chiffre-là à 80%, mais il faut compter les biens et les services. Les services, c’est une exportation normale. Il y a beaucoup d’opérateurs qui exportent des services. Je pense qu’il serait  logique d’intégrer dans les 13 milliards de dollars les exportations de services.

Faut-il insister sur la transformation des matières premières  localement au lieu de les exporter à l’Etat brut?

L’Afrique, son principal handicap est l’absence de transformation des matières premières localement et donc de valeur ajouté pour le produit. L’Afrique n’exporte que de  la matière première. Il faut que l’Algérie intègre la chaîne de valeur. Nous sommes absents de la chaîne de valeur. Maintenant,  l’Algérie doit mettre en place la chaîne de valeur régionale ou continentale.

K.R.

North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference
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