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Mourad Saadi à AI : L’arrêt des importations de véhicules frappe de plein fouet la machine économique

Le secteur de l’importation de masse des véhicules neufs est gelé depuis plusieurs années. L’on s’attendait à l’ouverture des frontières au plus tard en 2020, mais, hélas, le statut quo semble s’inscrire dans le temps. Dans l’entretien qui suit, M. Mourad Sâadi, spécialiste du marché de l’automobile et directeur du site spécialisé CARVISION.DZ, nous éclaire davantage sur cet épineux problème qui empêche inexorablement la machine économique de sortir de sa léthargie.     

Propos recueillis par Djamel Zerrouk

Algérie Invest : L’ouverture des importations de véhicules a tendance à s’inscrire dans le temps. Quant aux concessionnaires organisés en groupement, ils n’arrêtent pas d’interpeller les plus hautes autorités dont le président de la République sur cette épineuse question. Selon vous, 2022 sera-t-elle l’année d’un règlement définitif du problème ?

Mourad Saadi : A mon humble avis et selon les dernières déclarations du ministre de l’Industrie, je ne pense pas que l’activité des importations de véhicules neufs par des concessionnaires puisse reprendre au courant de cette année 2022. Ce que je déduis de cette situation inédite, marquée par l’absence d’une offre de véhicule neufs dans les showrooms des concessionnaires depuis plusieurs années, c’est l’absence d’une réelle volonté de libérer ce marché. J’en veux pour preuve les déclarations contradictoires du premier responsable de ce dossier, le ministre de l’Industrie qui s’est exprimé trois fois en trois ou quatre jours en donnant des versions différentes. Monsieur Ahmed Zeghdar s’exprime comme si la situation était tout à fait normale alors que les opérateurs, du moins certains d’entre eux, ont satisfait aux exigences des différents cahiers des charges, mais se retrouvent quand même dans une situation de faillite par la faute du non-respect des dispositions inscrites dans les cahiers des charges par l’administration. Ceci étant dit, je présume que le retour de cette activité fortement attendue par l’ensemble de la composante du marché algérien, ne pourra se faire qu’une fois un nouveau cahier des charges finalisé, annoncé pour le mois de janvier dernier, et publié dans le journal officiel. Ce qui permettra le retour sur le marché algérien des opérateurs étrangers et en même temps les nationaux. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’activité des concessionnaires reprendra.  

Quelles sont les marques susceptibles d’obtenir l’agrément pour pouvoir importer ?

Dans l’état actuel des choses, on ne peut pas parler de marques. C’est les concessionnaires, c’est-à-dire des représentants de constructeurs qui émettent un dossier de demande d’agrément au niveau du ministère de l’Industrie, pour étude. Ces concessionnaires détenteurs de contrats de représentation, sont connus pour être des professionnels de la distribution automobile. Ils ont, dans la majorité des cas, une longue expérience dans le métier. Pour être plus clair, je ne peux émettre le moindre pronostic sur les marques qui seront éventuellement représentées sur notre marché une fois sa réouverture effective. Ce que je peux vous dire c’est qu’une grande partie des marques connues mondialement, aussi bien asiatiques qu’européennes ont des dossiers au niveau du comité technique interministériel pour l’obtention de l’agrément.

Le pays aura besoin de combien de véhicules pour endiguer la crise ?

Le marché a enregistré un déficit important en termes d’offre automobile depuis plusieurs années, tous segments confondus. A partir de là, il est aisé de dire que les volumes à importer sont importants afin de combler ce déficit. La demande sera certainement très importante, mais plusieurs facteurs feront que les professionnels de la distribution automobile qui seront élus à l’exercice de leur activité seront très prudents. La première raison réside dans la chute du pouvoir d’achat des Algériens. Cette chute risque de se poursuivre dans les mois à venir pour faire évoluer le marché vers les segments d’entrée de gamme, déjà prépondérants lors du boom qu’à connu le marché dans les années 2010, atteignant environ 66% de parts de marché. Aussi, il faudra tenir compte que les prix qui seront pratiqués seront probablement élevés en raison de l’accroissement des coûts de production. Enfin, le marché algérien est connu pour être un marché d’accès au produit automobile. Le prix a toujours été le premier critère d’achat d’un véhicule. Pour répondre à votre question, pour l’année 2023, et si le marché est ouvert, je table sur un volume d’importation d’environ 200 000 unités, tous segments confondus. Ce qui sera loin de satisfaire toutes les demandes, car les besoins pour retrouver l’équilibre sont estimés à environ 500 000 unités par an.

Quelle est selon vous le montant en dollars de la facture pour les premiers achats ?

Difficile de répondre à une telle question, tenant compte que nous ignorons le nombre de concessionnaires qui retrouveront leur activité, donc le nombre de marques qui seront distribuées. Si le marché retrouve sa totale liberté, avec la présence de la majorité des marques connues des Algériens, et en fonction des capacités financières du pays, le montant des importations ne dépassera pas les deux milliards de dollars. Je présume qu’une bonne partie de ce montant sera consacré aux véhicules utilitaires lourds et légers, ce qui permettra de relancer un tant soit peu la machine économique. Ceci étant dit, je pense que les groupes français sont idéalement positionnés pour dominer le marché dès sa réouverture. Ces groupes disposent d’une force de frappe redoutable et vont profiter du capital sympathie qu’ils connaissent sur notre marché.

Djamel Zerrouk

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