Recettes fiscales pétrolières en 2023 : quel impact pour la santé économique de l’Algérie?
Une hausse de 2,4% l'année passée

Ces rentrées fiscales pétrolières importantes conjuguées aux montants accumulés dans le fonds de régulation des recettes reflètent la relative aisance financière du pays. Elles tendent pour les unes à réduire le déficit budgétaire, pour l’autre à financer le déficit du Trésor.
Par Khaled Remouche
Le secteur des hydrocarbures a continué en 2023 à financer de façon substantielle le budget de l’Etat en contribuant à environ 60% des recettes budgétaires. En effet, dans le bilan provisoire du secteur de l’énergie présenté récemment par le ministre de l’énergie, Mohamed Arkab devant la commission économique de l’APN, il ressort que les recettes fiscales pétrolières ont augmenté de 2,4 %. Elles ont atteint 5678 milliards de dinars en 2023, contre 5546 milliards de dinars en 2022. Soit l’équivalent d’environ 40 milliards de dollars américains.
Les recettes budgétaires étaient estimées en 2023 à 8926 milliards de dinars, tandis que les dépenses budgétaires prévues ont été fixées à 14706 milliards de dinars. Ce déficit budgétaire aurait été ainsi plus important si les recettes fiscales pétrolières n’avaient été aussi significatives. Si on croise ce bilan avec celui récent de la Banque d’Algérie qui fait état d’un montant de 8295 milliards de dinars accumulés dans le fonds de régulation des recettes (FFR)à fin 2022, on constate que l’Algérie a de quoi financer le déficit du Trésor qui est considéré comme le vrai déficit dans le budget de l’Etat. Il faut savoir que le déficit budgétaire reste encore virtuel. Puisque la consommation des dotations budgétaires n’arrive pas à atteindre les 100%.
A noter que même si le prix du baril algérien a enregistré une baisse importante de 104 dollars en 2022 à 84 dollars en 2023, la bonne tenue des cours de l’or noir l’année dernière ont contribué à la stabilité macroéconomique du pays, à l’excédent de la balance des paiements et à l’augmentation des réserves de change : 85 milliards de dollars à fin 2023, correspondant à deux ans d’importation de marchandises. Un répit pour parachever les réformes de l’économie nationale à mêmes de renforcer la résilience de l’économie nationale face aux chocs extérieurs et en finir avec la dépendance aux hydrocarbures. Mais n’occultons pas le fait que la baisse des prix du pétrole a affecté en 2023 particulièrement la filière exportation des engrais qui a connu une chute en valeur des ventes de ce produit à l’étranger.
Ce qui invite à diversifier la composition de nos exportations hors hydrocarbures en l’élargissant à des produits moins liées aux prix des hydrocarbures. A cet égard, Ali Bey Nasri, consultant en commerce extérieur, n’a cessé d’appeler à l’intensification des investissements hors hydrocarbures pour créer un tissu industriel plus dense et plus diversifié avec comme secteurs à favoriser : en particulier la sidérurgie, la mécanique, les mines, les services, le secteur pharmaceutique, les énergies renouvelables, l’agriculture, l’agroalimentaire et l’électroménager mais plus intégrés.
Il convient, en ce sens, de regarder, en outre, de plus près le secteur minier. Car des études étrangères attestent que l’Algérie recèle des réserves minières importantes notamment en or, cuivre, minerai de fer, terres rares. Encore faut-il drainer des entreprises étrangères connues pour leur savoir-faire et leur intégrité en vue de partenariats gagnant gagnant afin de confirmer l’énorme potentiel du sous-sol algérien et surtout exploiter ces ressources en vue de leur exportation. Pour M. Kefaifi , spécialiste du secteur minier, elles pourrait procurer à l’Algérie des recettes qui pourraient se chiffrer en dizaines de milliards de dollars.
K.R.