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Panorama de l’économie mondiale en 2024: Défis et opportunités pour l’Algérie

«L’Algérie est mieux lotie en matière d’inflation par rapport à beaucoup de pays dans le monde»

L’Algérie fait partie seulement de quatre pays en Afrique à être classés comme risque modéré. Très peu de pays ont un risque faible ou modéré dans le monde, le reste de la planète est classé come risque sensible ou élevé, relève Nazim Sini, PDG d’AGS.

Par Khaled Remouche

Au cours de la rencontre économique ramadanesque organisé jeudi dernier à l’hôtel El Djazair à Alger, le PDG d’AGS, Nazim Sini a entamé sa communication majeure sur le panorama de l’économie algérienne en 2024 par la présentation de l’évolution de l’économie mondiale l’année en cours. Celle-ci constitue selon l’orateur des opportunités pour les entrepreneurs nationaux, mais aussi des menaces. Premier point de cette évolution, la croissance mondiale, suivant les institutions internationales, s’établira à 3%. « Cette croissance restera assez faible par rapport à l’avant Covid. Elle va être supportée essentiellement par les pays émergents : Asie, Afrique et Moyen-Orient et l’Amérique latine.

Au niveau des pays industrialisés, on voit un recul de la croissance. Dans la zone euro, les projections donnent un niveau de croissance de 0,9% et un rebond de 1,7% en 2025. Aux États-Unis, on est sur 2,1%. La Chine connait un léger fléchissement de sa croissance l’année prochaine de 4,6% en 2024 à 4,1 % en 2025. En Afrique subsaharienne qui est notre zone naturelle, dans la zone où on peut exporter, on voit un rehaussement de la croissance à 4,1% ». Nazim Sini relève qu’on a assisté ces deux dernières années à deux chocs économiques violents, à savoir l’inflation mondiale : 18% à l’échelle de la planète. Nazim Sini a cité les pays qui sont touchés par l’hyper inflation, en l’occurrence l’Iran : 51% en 2023 et 47% en 2024. L’inflation en Algérie, elle, est sous la barre des 10%. Même si le ressenti du citoyen est contraire, nous sommes mieux lotis par rapport à beaucoup de pays dans le monde, estime le PDG d’AGS. L’autre choc est la variation des taux d’intérêt directeurs. «Je voudrais aborder les taux directeurs parmi les trois banques centrales parmi les plus importantes : la Fed (la Réserve Fédérale américaine), la BCE (la Banque centrale européenne), la BC anglaise. Si on suit les taux directeurs en 2021, les acteurs du marché financier pouvaient emprunter massivement, gratuitement et parfois avec des taux d’intérêts négatifs. Imaginez les entreprises, les acteurs financiers qui ont reposé leur modèle de croissance sur l’endettement, imaginez le choc qu’ils ont sur 2022-2023-2024 avec des taux d’intérêt qui ont augmenté jusqu’ 4,75%. C’est énorme. Cette hausse des taux d’intérêts a des victimes : par exemple la SV Banque est tombé en faillite l’année dernière aux Etats Unis. ».

L’orateur a évoqué aussi certains indicateurs qui reflètent une certaine évolution de l’économie mondiale.  « Pour les indicateurs précieux qui intéressent les chefs d’entreprises, les dirigeants que vous êtes, il faut citer le prix de l’once d’or qui risque d’atteindre les 3000 dollars alors qu’il est actuellement à 2100 dollars. Pour le blé, les prix dans les marchés à terme vont de 180 euros à 213 euros la tonne, c’est deux fois moins chère qu’en 2022. Pour les prix du baril de pétrole, on est sur un consensus pour 2024 entre 75 et 96 dollars le baril. » Le PDG d’AGS relève des tensions sur certaines matières premières « D’autres matière premières qu’il va falloir suivre de près le cuivre, le fer le caoutchouc, le café et le sucre. Car il va y avoir des tensions mondiales sur ces matières premières dont nous sommes malheureusement importateurs. Même topo pour le fret   qu’il va falloir surveiller aussi. Quant au gaz naturel, il est devenu objet de bataille, a-t-il ajouté, entre les pays producteurs et les pays consommateurs. « Parce que si on veut respecter les accords de Paris, il va falloir dépenser 200 milliards de dollars par an pour décarboner l’économie. Et l’énergie intermédiaire entre le pétrole et les énergies décarbornées , c’est le gaz. On comprend ainsi l’appétence des Occidentaux pour le gaz naturel ».

«Il va y avoir des tensions mondiales sur le café, le sucre, le cuivre, le fer, le caoutchouc»

Nazim Sini a souligné que la géopolitique constitue le risque numéro 1 pour l’économie mondiale. En guise de démonstration, il posera une question à l’assistance : quel est le risque N°1 pour l’économie mondiale : l’intelligence artificielle ?, la cyber sécurité ?  Le changement climatique ? « Les banques d’affaires internationales estiment que ce n’est ni l’un ni l’autre. C’est plutôt la géopolitique » a-t-il répondu.  Ces banques d’affaires identifient six risques majeurs au niveau géopolitique. « D’abord, il va y avoir les élections en Europe avec le risque de montée de populisme et de dislocation de l’Union européenne. Vous avez aussi un enlisement de la guerre russo-ukrainienne qui continue de peser sur les marchés internationaux. On sous-estime aussi une possibilité d’escalade entre la Chine et Taiwan. Imaginez, ces deux pays concentrent 60% de la production de semi-conducteurs. Ajoutons les tensions qui persistent dans les relations commerciales entre la Chine et les Etats Unis ainsi que les tensions en Mer rouge qui font peser des risques sur l’économie mondiale » a-t-il précisé. Pour illustrer ce dernier risque, un Zoom est présenté sur le détroit de Mandeb qui permet aux navires d’accéder au Canal de Suez pour indiquer que depuis les attaques sur les navires, il y a une baisse de 40% du trafic des navires marchands. « Les navires qui viennent d’Asie sont obligés de contourner cette voie en passant par le cap de Bonne Espérance. Cela allonge le trajet de 10 jours. Le fret s’avère plus cher. » a-t-il expliqué Ce qui fait dire à Nazim Sini que le transport maritime est l’un des enjeux majeurs   pour la stabilité du commerce mondial. Pour illustrer cette importance stratégique, il dira qu’il y a 100.000 navires à travers le monde qui représentent 80% du commerce mondial.

Après avoir affiché les quatre catégories de risques : risque sécuritaire, politique, économique, sanitaire, Nazim Sini a exposé une cartographie du risque pays dans le monde. « Vous avez très peu de pays à risque faible, peu de pays à risque modéré et reste de la planète est considéré comme risque sensible et comme risque élevé. L’Algérie fait partie des quatre pays seulement en Afrique à être classé comme risque modéré.  Ce qui veut dire que la perception de notre pays à l’étranger est en train de changer ». Il citera enfin des facteurs de risques en 2024 que sont   la nouvelle flambée des prix des produits de base, la pénurie de certaines matières premières, un dérèglement de la chaine logistique à cause de ce qui se passe en Mer rouge. Il citera aussi la baisse de la consommation domestique sur certains marchés occidentaux, ce qui suppose une baisse de recettes pour les exportateurs et des taux d’intérêt élevés qui risquent de paralyser les marchés immobiliers notamment chinois, européens.  A cela s’ajoute des politiques d’austérité adoptés par certains pays qui risquent d’alimenter la spirale récessionniste. L’orateur évoquera également le fait que l’année 2024 est une année cruciale en matière électorale au Sénégal, au Mexique, en Angleterre, en Russie ainsi qu’aux Etats Unis».

K.R.

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