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Le rapport alarmant de la banque mondiale sur l’économie algérienne, tributaire de la rente des hydrocarbures en décroissance

La Banque Mondiale (BM) prévoit, dans sa dernière note de conjoncture sur l’Algérie, une croissance économique de 3,8% en 2021 contre une décroissance en 2020 induite par le coronavirus et ses conséquences sur l’économie et l’emploi. Nous vous proposons cette analyse du Professeur des universités, expert international -Abderrahmane MEBTOUL Docteur  d’Etat 1974- expert-comptable de l’institut supérieur de gestion de Lille- directeur d’études – expert indépendant- Ministère Energie /Sonatrach 1974/1979-19908/1995- 200/2007-2013-2015 auteur de nombreuses contributions internationales sur les enjeux énergétiques mondiaux, parvenue à notre rédaction.

 1.-Pour la banque mondiale, dans son rapport du 21 janvier 2021 le taux de croissance prévu en 2021 serait de  +3,8%, 2,1%  en 2022 contre  -6,5%, en 2020 .Comme conséquence le produit intérieur brut par habitant est passé de 4.077 dollars en 2017 à 4.120 dollars en 2018, à 3.942 dollars en 2019 et 3.232 en 2020, à 3.323 dollars en 2021 et à 3.534 dollars en 2022. Donc une détérioration du pouvoir d’achat, encore que le PIB par tète d’habitant voile d’importantes disparités par couches sociales et que  le taux de 3,8% prévu en 2021 s’applique à un taux négatif précédent donnant en termes réel, s’il se réalise, entre 0 et 1%.

La  croissance est ralentie par la baisse des recettes des hydrocarbures, qui constitue sa principale entrées en devises ne devant  pas faire d’illusions d’un cours supérieur à 80 dollars le baril où selon le FMI pour les lois de  finances 2020/2021, l’Algérie fonctionne à un cours supérieur à 100 dollars expliquant l’important déficit budgétaire. En effet,  le PLF2021 prévoit  les dépenses budgétaires (dépenses de fonctionnement et d’équipement) qui  se situent à environ 64,98 milliards de dollars au cours de 128 dinars un dollar au moment de l’établissement de la loi tandis que les recettes fiscales globales (ordinaires et pétrolières) sont estimées à 41,62 milliards de dollars, soit un déficit budgétaire record de plus de 21,75 milliards de dollars  contre, à la clôture 2020, de 18,60 milliards de dollars avec un déficit global du trésor de 28,26 milliards de dollars, soit 17,6% du PIB. Aussi ces indicateurs sont fonction des déterminants du cours des hydrocarbures où le cours actuel du Brent  le 23/01/2021, est volatil; les investisseurs se montrant préoccupés par les signaux, même faibles, d’un retour du Covid-19 en Chine et avec plus d’intensité aux USA et en  Europe; est de 54,09 dollars le Brent ( 45,27euros)  et 51,99 le Wit ( 42,72 euros) . Le niveau du cours actuel s’explique par plusieurs raisons, et sera fonction de la maitrise de l’épidémie du coronavirus et donc du retour à la croissance de l’économie mondiale mais également du nouveau modèle de consommation énergétique au niveau mondial en grandes mutations entre 2021/20030 avec un Mix énergétique :

-une légère reprise  de l’économie mondiale, suscité par le vaccin contre l’épidémie du coronavirus ; mais selon le FMI, le  niveau  de croissance de  2019 ne sera pas  atteint  avant 2022  sous réserve de la maitrise de l’épidémie et  d’une entente commerciale entre l’occident  et la Chine,

– le nouveau plan de relance annoncé par  le nouveau président US d’environ 1900 milliards de dollars dont une  grande fraction sera consacrée aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique , avec le retour des USA à l’Accord sur le  climat de Paris, préfigurant au niveau mondial, une importante   transition énergétique   qui influera  sur le prix des énergies fossiles classiques ,

-la reconduction de l’accord des pays de l’OPEP, sous réserve du respect des quotas  devant tenir compte  de l’entrée sur le marché  de la Libye,

 -Des fluctuations  des stocks américains ayant assisté à une baisse puis fin e la semaine à une hausse,

 -un léger  ralentissement de la production de pétrole et gaz de schiste US,

 -la baisse du cours du dollar par rapport à l’euro, étant passé de 1,10 dollar un  euro à 1,2138 dollar le 22/01/2021, impactant le cours entre 10/15%.

-Pour l’Algérie , l’on devra tenir compte que 33% des recettes en devises  proviennent du gaz naturel , une baisse de plus de  70% en référence à 2008/2010, le cours au 23/01/2020 étant de 2,52 dollars le MBTU, couvrant à peine els couts de production de l’Algérie

2.- Fin 2020, selon le rapport du Ministère de l’Energie de janvier 2021, le chiffre d’affaires de Sonatrach non inclus les dérivées, à ne pas confondre avec le profit net, devant retirer les  couts, a été fin 2020 de 20 milliards de dollars, comme je l’ai annoncé  il y a trois mois (voir www.google.com ),  avec une forte baisse en volume physique,(moins 11%) les cours de pétrole ayant  baissé à 42 dollars le baril en 2020,( la BM donnant un chiffre différent)  contre 64 dollars en 2019, et non pas de 24 milliards de dollars comme annoncé par certains responsables du secteur, la différence étant énorme 4 milliards de dollars, montrant une non maitrise de la gestion faute d’une information fiable. Cette baisse des revenus de l’Etat, pour un montant de 1.853 milliards DA de fiscalité pétrolière  versé au Trésor public durant l’année 2020, en baisse de 31% rapport au montant de 2019,  est certes imputable à l’épidémie du coronavirus ,pour 70/80%) mais également à la gestion, interne de Sonatrach pour 20/30% expliquant  l’audit exigé par le président de la république y a plus de quatre mois .L’économie algérienne extériorisée via la rente de hydrocarbures induit ,forcément, combiné avec la dévaluation du dinar où la dépréciation a connu un taux d’environ 30% entre 2019/2021 , le cours étant le 21/01/2021 à 132,92 dinars un dollar et 160, 90 dinars un euro,   une inflation importante pour tous les produits importés biens de consommation, biens intermédiaires  et équipements, l’ONS et la baisse des réserves de change qui tiennent la  cotation du dinar officiel à plus de 70% . En cas de baisse drastique des réserves de change à 12/15 milliards de dollars,  la banque d’Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro fin 2021 et non 2023 comme prévu par le gouvernement  avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctue en fonction du taux d’inflation avec une projection début 2023 d’environ 300 dinars un  euro, en cas   de la non dynamisation des exportations hors hydrocarbures. Si l’on s ‘en tient au rapport de la  banque mondiale  de janvier 2021, le  secteur des hydrocarbures représente  94 % de ses exportations de produits  98% avec les dérivées et 40 % de ses recettes budgétaires, alors que l’équilibre budgétaire en Algérie, est estimé à 106,3 dollars  entre 2020/2021, alors que  le prix moyen d’exportation  a été de  40,4 dollars en 2020,  contre de  dollars en 2017, 70,5 dollars en 2018, 64,2 dollars en 2019, 42 dollars en 2021, la BM prévoyant  48 dollars en 2022. Les réserves de change pour la BM, contredisant les prévision du PLF 2021,pour 2021/2013,  devraient diminuer à moins  à  5,7 mois d’importation en 2021) et 3 mois d’importation en 2022 ( donc selon ces prévisions,  une cessation de paiement courant juin  2021 malgré toutes les restrictions des importations en 2020 ayant paralysé tout l’appareil de production ), contre 19,2 mois en 2017, 15,5 mois en 2018, 13,6 en 2019 et 13,6 en 2020  et « les revenus des hydrocarbures passeront de 13,1 % du PIB en 2019 à 9,5 % du PIB en 2020 et pour  les neuf premiers mois de 2020, l’on a assisté à  une baisse de 10,1 % de la production,  les prix du Sahara Blend ayant  chuté de 39,4 % .

3.-Des  mesures strictement monétaires, pour l’Algérie,  contredisent les lois élémentaires de l’économie où toute dévaluation en principe devrait dynamiser les exportations, Or entre 1970/2020,oùle cours du dinar est passé de 5 dinars un dollar en 1970 à 132 dinars un dollar le 22/01/2021, environ  98% des exportations proviennent toujours  des hydrocarbures en incluant les dérivées, montrant que le blocage est d’ordre systémique. La résultante du faible taux de croissance tirée directement et indirectement par la dépense publique via la rente des qui irriguent tous les secteurs à environ 80% ( cela peut se calculer par  l’inversion de la matrice, triangulation du table des échanges interindustriels) entraine avec la pression démographique, plus de 44 millions en 2020 avec une population active approchant 13 millions, plus 50 millions d’habitants en 2030, un fort taux de chômage environ 15% en 2020 tenant compte des emplois précaires et dans l’informel ,assistant à la tertiarisation de l’emploi à faible valeur ajoutée, où l’on devra  devant créer entre 350.000/400.000 emplois par an, non par décrets qui s’ajoute aux taux de chômage actuel. Cependant soyons réalistes, loin de toute démagogie destructrice car à certains discours, l’Algérie dépendra encore pour long temps des hydrocarbures pour ses recettes en devises, d’où l’urgence de profondes réformes structurelles. Cependant évitons toute sinistrose, l’espoir faisant vivre comme dit l’adage. L’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne a toutes les potentialités de surmonter la crise actuelle sous réserve de la réforme en, profondeur de son système politique et économique, d’ une vision stratégique de développement hors hydrocarbures, la stabilité juridique  et monétaire, une lutte contre la mauvaise gestion et la corruption dans le cadre  d’ une  libéralisation maîtrisée dans le cadre des valeurs internationales, parallèlement à la levée des entraves bureaucratiques, un nouveau mangement et transparence de la gestion de Sonatrach lieu de production la rente, la refonte du  foncier, l’adaptation du système socioéducatif, la réforme du  système financier dans son ensemble lieu de distribution  de la  rente pour éviter les pratiques occultes du passé  et  l’intégration de  la sphère informelle,33% de lamasse  monétaire en circulation plus de 40% de l’emploi et de l’activité économique par des mécanismes économique et non par des actions bureaucratiques ( étude réalisée sous la direction du Pr A.Mebtoul –la sphère informelle et enjeux géostratégiques au Maghreb -Institut Français des Relations Internationales IFRI décembre 2013 réactualisée en octobre 2019 dans la revue sstratégie IMDEP du Ministère de la défense nationale MDN).

Abderrahmane MEBTOUL

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