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LA PROMOTION DES EMPLOIS VERTS EN ALGERIE : Contribution de Mourad Bergheul, Expert-Consultant formateur facilitateur

L’Algérie à l’instar des autres pays en voie de développement devra entamer une réflexion profonde sur les voies et moyens de promouvoir l’économie verte, de dégager des priorités pour orienter les activités productives durables, notamment par la création d’emplois verts décents et durables.

Le taux de chômage ne cesse d’augmenter compte tenu de la conjoncture que traverse notre pays. L’économie algérienne est cependant fortement dépendante des hydrocarbures. Le pays a donc, comme l’ensemble des autres pays exportateurs de pétrole a subi la « double peine » des conséquences sur l’activité économique, des mesures sanitaires prises pour endiguer l’épidémie du Covid-19 et la chute vertigineuse des prix des hydrocarbures.

Sous ce double effet de la pandémie, l’économie algérienne s’est contractée de 5,46 à 6,5% au cours de l’année 2020. Les restrictions à l’activité économique induites par les mesures sanitaires ont aussi eu un effet important sur l’emploi et le taux de chômage qui se situe entre 15,2% et 15,3% de la population active au cours de l’année 2020. Ce taux était par contre de 11,4% en 2019.

Pour faire face à cette situation, les pouvoirs publics ont mis en œuvre une politique de soutien à la création d’emplois au profit des jeunes hommes et femmes pour accompagner les « Start up » ainsi que le développement des très petites entreprises-TPME- issues des dispositifs mis en place et déjà affirmées sur le marché de la production de biens et de services.

Ces dispositifs, représentés aux niveaux central et régional, sont les suivants :

– ANEM (Agence nationale de l’emploi),

– ANADE l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat,

– ANGEM (Agence Nationale de Gestion du Micro Crédit),

– CNAC (Caisse nationale d’assurance chômage),

-En 2020, un nouveau Ministère délégué auprès du Chef du Gouvernent dédié aux start-up a été créé afin de soutenir les jeunes entrepreneurs, notamment par la mise à leur disposition de ressources à travers la création d’un nouveau fonds public « Algerian Start-up Fund » pour l’investissement dans les startups.

En guise de contribution à la politique de plein emploi des jeunes et des femmes en Algérie déjà mis en place, les pouvoirs publics doivent se pencher d’ores et déjà  à l’élaboration d’une « Stratégie Nationale de Promotion des Emplois Verts (SNEV) ».

La promotion des emplois verts, dimension sociale de l’économie verte, devrait en effet constituer en l’Algérie «un levier » important pour lutter contre la pauvreté et le chômage des jeunes et des femmes qui constituent les couches la plus vulnérables dans la société. La nécessité impérieuse s’impose donc d’initier à travers une démarche et méthodologie participative avec l’ensemble des secteurs en charge de l’emploi, une nouvelle stratégie à travers la mise en œuvre d’un cadre de référence pour la promotion des emplois verts en Algérie.

Toutefois, pour cerner l’importance des emplois verts et leur aptitude à créer des richesses et de la valeur, il est nécessaire de circonscrire de la notion dans toute sa diversité et sa complexité. Ceci passe bien entendu par l’identification, par secteur d’activités économiques, des acteurs concernés ou susceptibles de l’être à court et moyen terme.

Ce processus participatif d’identification et de formulation des emplois verts doit être mené sur toute l’étendue du territoire national et doit faire l’objet d’une étude approfondie et la soumettre aux parties prenantes-Ministère de l’emploi- de l’environnement, du commerce, de la transition énergétique, de l’agriculture et de la pêche pour validation.

L’objectif général de l’étude est de formuler, à travers une méthodologie   participative, une stratégie, un cadre de référence, pour la promotion des emplois verts en Algérie. De manière spécifique, l’étude devra s’atteler à :

  • donner une définition, la plus partagée et la plus indiquée, de « l’emploi vert »
  • identifier, selon les filières qui existent ou à identifier à travers cette étude, des emplois décents et productifs dans des conditions d’équité, de sécurité et de dignité humaine ;
  • établir les potentialités et les activités promotrices d’emplois verts selon les           secteurs et mettre en relief les innovations ;
  • établir la place et toute la pertinence des emplois verts dans les politiques actuelles          de développement économique social et environnemental ;
  • définir les grands axes « d’un plan opérationnel »ainsi que le mode opératoire de mise en œuvre de la stratégie Nationale des Emplois Verts en Algérie.

Cette approche permettra sans aucun doute de définir de façon consensuelle de ce qu’est l’emploi vert en Algérie comme         étant : « toute activité humaine décente, individuelle ou collective, qui procure des revenus, préserve l’environnement et garantit une utilisation rationnelle des ressources naturelles » et de tracer les grands axes et une feuille de route pour la promotion l’emploi vert et ce, face aux enjeux et défis économiques, sociaux et environnementaux que traverse notre pays.

L’objectif est de permettre entre autre la réduction de la pauvreté au moyen d’investissements publics et privés sur le capital naturel dans l’optique d’une croissance économique forte, durable et inclusive qui favorise à même une croissance du revenu et de l’emploi.

Il ne faut pas perdre de vue que la transition de l’Algérie vers une économie verte requiert, à l’instar des bonnes pratiques utilisées à l’international, des mutations axées autour des processus politiques, de la formation et surtout de la recherche du financement vert, des actions de sensibilisation et des mécanismes de suivi et de leur pérennisation.

La Stratégie Nationale de Promotion des Emplois Verts devra prendre en charge les 6 axes majeurs suivants :

  1. Renforcement du cadre législatif, institutionnel et réglementaire
    1. Création d’opportunités d’emplois verts à travers les résultats de l’étude,
    1. Renforcement des capacités humaines à travers la formation et l’accompagnement,
    1. Développement d’une politique nouvelle adaptée au financement vert
    1. Mise en place de mécanismes de suivi et de pérennisation
    1. Création d’un Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte

Mourad Bergheul

Expert- Consultant formateur facilitateur

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