Forum maritime d’Alger : Appel des experts à clarifier la réglementation et à la création d’une chambre maritime
«On a commencé à appliquer à la CNAN la taxe carbone à partir de janvier 2024 »

Plusieurs spécialistes qui ont animé le forum Maritime d’Alger estiment la part des compagnies maritimes nationales dans le marché du transport maritime en Algérie entre 3 et 4%. Les importations de services de l’Algérie liées au transport maritime sont évaluées entre 4 et 6 milliards de dollars.
Par Khaled Remouche
Le forum maritime d’Alger s’est clôturé ce mercredi par un consensus des experts qui ont animé cette rencontre, centrée sur l’ouverture du marché du transport maritime en Algérie et sur la nécessité d’interpeller les autorités pour clarifier la réglementation qui selon Noureddine Koudil , premier responsable de la Cnan Med, a bloqué pendant des décennies la création de compagnies maritimes privées.
Outre le problème du cout élevé des navires, la loi ou l’interprétation de la loi n’ a pas permis la création de compagnies maritimes privées exploitant des navires via l’affrètement. Une compagnie privée doit acquérir un navire au minimum pour pouvoir exercer cette activité. Cette interprétation restrictive de la loi a empêché l’émergence de compagnies privées pour la plupart privilégiant l’affrètement au départ en raison du cout élevé des navires. D’autant que les banques n’ont pas joué le jeu, considérant que ce secteur est méconnu. Nourddine Koudil a suggéré qu’un noyau d’experts sollicite le Ministère des transports afin de rendre plus claire cette réglementation et libérer ainsi l’investissement privé dans ce secteur. Il a également, au titre de ces recommandations appelé à la création d’une chambre maritime qui permettra de soumette les préoccupations des acteurs du marché et des experts aux autorités.
L’expert, Abdallah Seriai a suggéré, lui, la création d’un fonds pour financer les acquisitions des navires par ces investisseurs privés. Au cours de la séance de la matinée, plusieurs spécialistes ont avancé que la part du pavillon national dans le marché du transport maritime algérien est de 3 à 4%. D’aucuns ont relevé que les importations de services de l’Algérie liées au transport maritime sont estimées entre 4 et 6 milliards de dollars, d’où la nécessité de renforcer la flotte. A cet égard, les pouvoirs publics ont décidé l’acquisition de 25 navires dont 13 ont été réceptionnées. «Cela ne suffit pas », a lancé Abdelkrim Rezal, expert. L’objectif des autorités est de parvenir à une part de 30%. Des intervenants ont rappelé que dans les années 70, le pavillon national était le premier en Afrique. Il y avait un plan d’acquisition de 150 navires «Les années 80 et 90 correspondent à un désinvestissement dans l’acquisition de nouveaux navires. Ce qui conduit à la vétusté des navires que détenaient la compagnie maritime CNAN et au rétrécissement de sa part de marché, a expliqué Selim Raged , spécialiste en transport maritime.
Aujourd’hui, outre le renforcement de la CNAN, l’ouverture du secteur privé, l’investissement privé est appelé à contribuer à accroitre la part du pavillon national dans ce marché actuellement dominé par les armateurs étrangers Maersk, CMA- CGM, Arkas. Meziane Cherchem Directeur logistique à CMA-CGM a abordé le modèle économique futur des compagnies maritimes. L’avenir est dans la logistique, a-t-il souligné. Les compagnies maritimes imitant le modèle Maersk auront tendance à investir dans les plateformes logistiques, dans la réalisation de ports, de terminaux à conteneurs et dans des entreprises de transport terrestre pour compenser leurs éventuelles pertes dans le fret.
Noureddine Koudil : «On a commencé à appliquer à la CNAN la taxe carbone à partir de janvier 2024 »
Quant à la question de la décarbonations, Meziane Cherchem a indiqué que les nouveaux navires, la construction des navires ont tendance à intégrer la dimension environnementale avec la réduction des émissions de CO2 avec notamment l’utilisation comme énergie de propulsion des bateaux l’hydrogène vert et le GNL, une énergie de transition. Noureddine Koudil a indiqué, en ce sens, qu’on a commencé à appliquer la taxe carbone à la CNAN pour les navires accostant dans les ports européens. L’expert a insisté sur la formation dans ce secteur très complexe Il a rappelé que l’Algérie dans les années 70 envoyaient ses jeunes cadres se former dans les plus prestigieuses écoles de formation dans ce domaine notamment en Angleterre. Pour recouvrer ses parts de marché et se moderniser, le pavillon national doit donc de nouveau consentir de gros efforts de formation.
K.R.