Youcef Bouzenada : «Digitalisation et soutien aux PME, clés pour dynamiser le marché financier algérien»

Dans cet entretien, Youcef Bouzenada, Président de la COSOB, dévoile les initiatives clés pour dynamiser le marché financier algérien. Il propose la digitalisation des opérations boursières, le développement de la culture financière et un rôle accru des intermédiaires en opérations de Bourse (IOB), notamment les banques, pour accompagner les entreprises dans leur introduction en Bourse. Il évoque également la création d’un compartiment de croissance à la Bourse d’Alger destiné aux PME et start-up.

Entretien réalisé par: Khaled Remouche

Algérie Invest : Quels sont les objectifs du séminaire sur la dynamisation et la stratégie pour un marché financier algérien performant organisé par la COSOB et l’UAR ?

Youcef Bouzenada : Nous avons co organisé cet évènement avec l’Union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance UAR. L’importance de cet évènement consiste à montrer l’activité intermédiation en bourse. Comme vous le savez, l’intermédiation boursière est une activité très importante pour dynamiser le marché financier. Les intermédiaires en opérations de Bourse IOB sont déjà responsables de l’introduction des ordres de bourse, de l’accompagnement des sociétés qui veulent s’introduire en Bourse.

Avec l’expertise de nos frères tunisiens (ndlr experts et dirigeants de la Bourse de Tunis qui ont co animé la rencontre), on voulait échanger et partager sur les points qui ont un lien direct avec l’intermédiation en bourse pour la dynamisation du marché financier. Pourquoi nous avons organisé conjointement cet évènement avec l’UAR ? Parce que les sociétés d’assurance sont connues comme étant les principaux investisseurs institutionnels. On voulait instaurer cette réflexion parce qu’on a introduit dans l’avant-projet de loi sur le marché financier qui est en phase de rédaction une disposition à savoir la possibilité que la COSOB agrée les compagnies d’assurance  en qualité d’intermédiaire en opération de Bourse IOB compte tenu de leur potentiel notamment   en termes de système d’information, de personnel qualifié ou en termes de réseau d’agences.

Quelles sont les entreprises en voie d’introduction en Bourse, c’est-à-dire en voie de recevoir le visa de la COSOB, préalable à leur cotation en Bourse ?

Actuellement après le CPA, on a reçu une demande d’introduction en bourse d’une start-up qui est connue. Elle s’appelle Moustachir. Elle est spécialisée dans le consulting. Elle dispose d’une plateforme électronique qui relie les consultants avec les sociétés qui cherchent du consulting. Son dossier est en cours d’étude. C’est une première si on arrive à lui donner le visa.  Mais on n’a pas encore statué. Il y a une autre société qui a introduit une demande d’émission de titres participatifs. C’est une société qui active dans l’industrie. Il y aura l’introduction en bourse de la BDL prochainement. Son dossier n’a pas encore été déposé à la COSOB. Lorsque le dossier est déposé, il sera traité dans les plus brefs délais.

Que préconisez- vous pour dynamiser le marché financier notamment boursier ?

Il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu si on veut dynamiser le marché financier. Le premier facteur qu’on étudie aujourd’hui est l’intermédiation en bourse. Il faut que les IOB banques jouent leur rôle que ce soit en accompagnement des entreprises dans leur introduction en bourse ou en matière d’orientation des entreprises qui ne sont pas éligibles au crédit. Parce qu’aujourd’hui en Algérie, les IOB sont en majorité des banques. Ces dernières sont en contact direct avec les entreprises qui cherchent du crédit. Parfois, on trouve que des entreprises ne sont pas éligibles au crédit. Il est possible que ces entreprises soient éligibles à l’introduction en Bourse ou bien à l’émission obligataire. Il faut que l’intermédiation en Bourse des IOB   banques jouent ce rôle-là, orientent  les sociétés vers le marché financier.

Il y a également le facteur de la digitalisation. Il faut qu’on digitalise les opérations de Bourse pour les rendre plus faciles à utiliser par les clients, les investisseurs, directement via les applications mobile. Comme partout dans le monde, les Bourses ont été développées via ces applications. Il y a aussi la problématique de l’offre et la demande. Concernant l’offre, les entreprises publiques ou privées doivent d’abord avoir déjà une culture du marché. Ils doivent connaitre qu’il y a un autre mode de financement qu’ils peuvent explorer autre que le classique.

Faut-il privilégier l’introduction des sociétés télécom comme Algérie Telecom et Mobilis au regard de leurs importants moyens financiers ?

C’est connu dans le monde, comme les sociétés d’assurances, ce sont des acteurs très importants qui peuvent mobiliser des investisseurs sur le marché. Nous en qualité de régulateur, notre principale mission est d’organiser ce marché boursier, de simplifier les conditions à l’introduction en bourse comme nous l’avons fait dans le cadre de la promulgation du nouveau texte réglementaire relatif à la bourse des valeurs mobilières. Nous avons introduit dans ce texte plusieurs facilitations. On a simplifié les procédures pour les sociétés. Nous sommes dans l’attente de l’arrivée de ces sociétés télécom.

Qu’en est-il du compartiment PME-Start up au sein de la Bourse d’Alger ?

Le règlement 23-04 cité précédemment a créé un compartiment de croissance. Il n’y a plus la notion de PME et start-up. C’est un compartiment de croissance qui est destinée aux PME et aux Start-up. Les conditions d’admission dans ce compartiment ont été simplifiées au maximum. En l’occurrence si une PME ou une start-up ouvre son capital à hauteur de 1 milliard de centimes, 10 million de dinars, elle est cotée en Bourse. Il n’y a pas encore de sociétés qui ont été introduite dans ce nouveau compartiment. Il n’y a   que l’entreprise Aom Invest qui était déjà dans le compartiment PME. (ndlr qui existait auparavant).

K.R.

North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference