Présidentielles : Pouvoir d’achat et réformes économiques au cœur des promesses électorales
Entre augmentations salariales, réformes fiscales et soutien social : les candidats face au défi de la soutenabilité budgétaire

Dans la course à la présidentielle, les trois principaux candidats ont placé l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens au cœur de leurs promesses. Entre augmentations salariales, revalorisation des retraites, plafonnement des prix des produits de première nécessité et réformes fiscales, chacun présente une vision ambitieuse. Toutefois, la concrétisation de ces engagements soulève des questions sur la capacité de l’État à maintenir un budget équilibré face à d’éventuelles baisses des prix du pétrole et autres chocs économiques.
Par Khaled Remouche
Dans la course à la présidentielle, les trois principaux candidats se sont engagés à améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, chacun avec des promesses ambitieuses.
Abdelmadjid Tebboune : augmentation des salaires et maîtrise de l’inflation
Le candidat indépendant, Abdelmadjid Tebboune, a promis de poursuivre l’augmentation des salaires, avec une hausse prévue de 47 % en 2024, atteignant jusqu’à 100 %. Cette augmentation concernerait les fonctionnaires. Il s’engage également à revaloriser les retraites et à réduire les impôts, en particulier l’impôt sur le revenu global (IRG).
Pour préserver le pouvoir d’achat, Tebboune propose aussi de maîtriser l’inflation, notamment en plafonnant les prix des produits de grande consommation et en réévaluant le dinar.
Youcef Aouchiche : doublement du SNMG et revenu universel
Le candidat du FFS, Youcef Aouchiche, propose de doubler le salaire national minimum garanti (SNMG), le portant de 20 000 dinars à 40 000 dinars par mois. Il prévoit aussi d’instituer un revenu minimum universel de 20 000 dinars par mois, destiné aux chômeurs, aux femmes au foyer et aux personnes à mobilité réduite.
Parmi ses autres engagements figurent l’augmentation des allocations familiales à 3 000 dinars par enfant et la hausse de la bourse des étudiants à 20 000 dinars. Il envisage également le plafonnement des prix des produits de grande consommation. Pour financer ces mesures, Aouchiche mise sur une augmentation des recettes fiscales, notamment en améliorant le recouvrement fiscal, qui passerait de 3 000 à 7 500 milliards de dinars. Il s’engage également à introduire un impôt sur la fortune.
Cherif Hassani : soutien aux enseignants et réformes sociales
Cherif Hassani, candidat du MSP, propose d’augmenter les salaires des enseignants, y compris ceux de l’enseignement supérieur, afin qu’ils atteignent le même niveau que celui des cadres supérieurs. Il promet également de prendre en charge les revendications des enseignants.
Hassani s’engage aussi à réviser la loi sur la retraite, à augmenter diverses allocations, et à accroître la bourse des étudiants. Par ailleurs, il souhaite transformer l’allocation chômage en allocation d’intégration dans les entreprises économiques.
Des promesses ambitieuses face aux contraintes budgétaires
Cependant, la concrétisation de ces promesses dépendra fortement de la capacité du budget de l’État à soutenir de telles dépenses. Si ces engagements sont tenus, les dépenses budgétaires pourraient dépasser le plafond fixé par la loi de finances, qui est de 15 000 milliards de dinars pour 2024, de 17 000 milliards de dinars pour 2025 et de 16 000 milliards de dinars en 2026, selon les prévisions de l’avant-projet de loi de finances pour 2025.
Il est crucial que le futur Président de la République trouve des solutions pour ajuster le budget de l’État et assurer que le Trésor public puisse couvrir l’écart entre les dépenses et les recettes. Une baisse des prix du pétrole pourrait compromettre ces engagements et mettre en péril les efforts pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens.
Les trois candidats devront donc non seulement veiller au réalisme de leurs promesses, mais aussi prendre en compte la résilience de l’économie algérienne face aux chocs extérieurs.
K.R.