Nettoyage des panneaux solaires : Une technique révolutionnaire inventée par des chercheurs algériens

Un groupe de chercheurs du Laboratoire Apelec de la faculté de génie électrique de l’Université de Sidi-Bel-Abbès vient de mettre en place une nouvelle technique de nettoyage des panneaux solaires sans eau et sans contact avec la surface. APELEC a déposé un brevet à l’INAPI (Institut algérien de la propriété intellectuelle) avec extension à l’international (dépôt en PCT). Ce brevet qui constitue une première pour un laboratoire algérien, a été breveté sous l’intitulé « Dispositif de refroidissement du panneau solaire et d’auto-nettoyage du vent électrique » soumis par Tilmatin Ammar, Qudoos Nozha, Yan Allah Khalifa et Yassin Balbna. Le Pr Amar Tilmatine aborde pour Algérie Invest cette invention et appelle le secteur socio-économique à participer de façon effective pour le financement de la recherche.
Propos recueillis par : Younès Djama
Algérie Invest: Vous avez mis en place une technologie novatrice de nettoyage des panneaux solaires. En quoi consiste-t-elle ?
Dr Amar Tilmatine : Il s’agit d’une nouvelle technique d’auto nettoyage des panneaux solaires sans utilisation d’eau et sans contact avec la surface du panneau. Le dispositif est basé sur un vent électrique, appelé vent ionique, créé par un plasma. Autre avantage est la petite puissance de ce dispositif qui est de 20 watts seulement. Les techniques actuelles utilisent soit de l’eau soit avec un balai rotatif. La nôtre est un mécanisme avec un vent électrique produit artificiellement par un dispositif innovant. Notre technique produit un plasma de déplacement des charges électriques produisant un vent électrique, ionique. Nous avons travaillé sur cette technique depuis plusieurs mois. On vient de la breveter et on attend les opportunités venant d’investisseurs intéressés. Nous avons d’ores et déjà été contactés par des industriels nationaux et étrangers. Nous sommes en discussions et on verra. Pour le moment, rien n’est concrétisé, il s’agit juste d’une prise de contact. Nous avons une protection de 30 mois de notre brevet. Pendant cette période sécurité, nous pouvons traiter en toute aisance.
Comment avez-vous pu mettre en place cette technologie ?
Tout est parti d’une intuition pour utiliser pour la première fois ce vent pour le nettoyage. Généralement, ce vent est utilisé pour le refroidissement des composants électroniques et nous l’avons utilisé pour la première fois dans le domaine des panneaux solaires.
Quelles sont vos attentes concernant cette invention ?
Nous sommes disposés à céder le brevet à un investisseur dans le domaine de l’énergie solaire. Il représente aussi le premier brevet déposé par un laboratoire algérien en international.
Vous avez également mis en place d’autres inventions. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Nous avons des produits qui ont abouti à l’industrie notamment dans le domaine des séparateurs de particules pour l’industrie de recyclage et les générateurs d’ozone pour la désinfection de l’eau et des espaces. Nous sommes en cours de dépôt d’un autre brevet en international d’une nouvelle technique de séparation de particules.
Travaillez-vous sur d’autres projets de recherche ?
Nous travaillons sur plusieurs axes par rapport au secteur socio-économique, dans le domaine du recyclage des déchets. Aussi, nous avons des projets pour des générateurs d’ozone dans le secteur de l’agriculture, le traitement de l’eau, la stérilisation des infections…Actuellement, nous sommes aussi en train de développer un système de traitement des déchets hospitaliers lesquels posent un énorme problème en Algérie. Le prototype sera prêt, si tout va bien, dans six mois. Cette invention (banaliseur de déchets hospitaliers) aura un grand impact au niveau national.
Comment vous financez vos recherches ?
Nous sommes financés par la DGRSDT (Direction de la Recherche et du Développement Technologique), qui assure l’acquisition des équipements et le budget de fonctionnement. Notre laboratoire possède ainsi les moyens nécessaires pour bien mener la recherche expérimentale. Le prototype qu’on a réalisé pour le nettoyage des panneaux solaires coûte environ 100 à 150 euros.
Pensez-vous que le secteur économique devrait s’impliquer dans le financement des travaux de recherche dans les universités ?
En effet, l’une des contraintes de la recherche est que le secteur socio-économique ne participe pas de façon effective pour le financement de la recherche. Je pense que les laboratoires doivent se rapprocher des entreprises pour gagner leur confiance. A l’étranger, les industriels à la recherche de solutions à des problèmes vont sur internet à la recherche des laboratoires qui peuvent les aider. En Algérie, les industriels, je pense, n’ont pas cette culture de s’adresser aux laboratoires. Il y a un problème de confiance des industriels vis-à-vis des laboratoires.
Y.D.