Nazim Sini: «La commission de recours va contribuer à débureaucratiser l’économie nationale»
Ce sont les entreprises qui composent l’activité commerciale et économique.

Dans cet entretien, le fondateur du cabinet conseil Algeria green Service ( AGS), M. Nazim Sini aborde la rencontre économique ramadanesque centrée sur le panorama de l’économie algérienne en 2024 organisée récemment en collaboration avec la Bourse d’Alger, l’évolution du climat des affaires dans notre pays et sa vision sur l’avenir de l’économie algérienne.
Entretien réalisé par : Khaled Remouche
Algérie Invest : Qui est Nazim Sini ?
Nazim Sini : Je suis enseignant d’économie, conférencier, expert économique et chef d’entreprise, fondateur du cabinet AGS qui est à l’origine de cet évènement : rencontre économique ramadanesque.
Pouvez- vous présenter aux lecteurs la société AGS ?
AGS est un cabinet de conseil qui accompagne les entreprises dans leur démarche d’exportation notamment en matière de certification aux normes CE et également dans les normes environnementales. Puisqu’ AGS a aussi la vocation à accompagner la durabilité des entreprises. Il y a des entreprises qui activent dans la transformation numérique, nous on active dans la transformation environnementale.
Comment expliquez-vous le partenariat entre AGS et la Bourse d’Alger en vue d’organiser cette rencontre économique ramadanesque ?
Tout simplement parce que le Dg de la Bourse d’Alger et moi-même avons la même vision de l’économie, de ce quoi être un acteur économique : un acteur qui est conscient, qui fait de la veille stratégique, qui est conquérant, offensif qui ne subit pas les chocs extérieurs. C’est ma vision des choses. Je rêve de voir des acteurs économiques travailler la main dans la main en mettant en place des partenariats public-privé. J’ai pensé à la Bourse d’Alger (ndlr co-organisateur de la rencontre). Parce que j’estime que le secteur financier a un rôle prépondérant à jouer dans la croissance économique du pays. C’est comme cela qu’est né la synergie et la collaboration avec la Bourse d’Alger dans l’organisation de cette rencontre.
Quelle est de manière succincte votre vision du développement économique de l’Algérie à court et moyen terme ?
Je vois les choses de la manière suivante : avoir une stratégie de développement qui soit conjoncturelle immédiate avec des mesures qui soient efficaces qui ont des retombées instantanées et une vision sur le moyen et le long terme. Pour le moyen terme, on est à l’horizon 2030. Pour le long terme, on est sur une génération. Je vois l’avenir de l’Algérie radieux. Mais il va falloir répondre à des conditions : c’est d’abord un cadre réglementaire qui soit en cohérence aux attentes des entrepreneurs, c’est avoir aussi une vision plus libérale et moins administrée de l’économie. Mais aussi mettre en ordre de bataille les acteurs qui composent l’économie : le public et le privé. Il va falloir faire en sorte de créer quelque part une armée économique pour aller à la conquête des marchés internationaux. Il faut surtout travailler sur trois piliers : la souveraineté énergétique, nous l’avons, la souveraineté alimentaire et la souveraineté numérique.
Comme expliquer que votre présentation dans cette rencontre économique intitulée panorama de l’économie algérienne en 2024 soit si optimiste ?
En fait, lorsqu’on analyse les données statistiques macroéconomiques, on constate qu’il y a une amélioration, une embellie qui apparait à travers les grands agrégats macroéconomiques. Ces grands agrégats positifs sont dus à un rebond de l’activité. Ce sont les entreprises qui composent l’activité commerciale et économique.
Aujourd’hui le meilleur baromètre de l’économie nationale, ce sont les entreprises. Est ce qu’elles ont des carnets de commande qui sont sont pleins. Est-ce qu’elles arrivent à développer du chiffre d’affaires, à gagner des parts de marché, à préserver leurs marges Or, toutes dans leur majorité sont extrêmement confiantes sur l’année 2024. Elles sentent qu’il Il y a une embellie économique en Algérie. Mais elles sentent aussi qu’il y a des menaces.
Quelles sont ces menaces ?
Je les ai cités dans ma présentation notamment des chocs géopolitique très importants, notamment un risque d’ l’inflation aussi important, ainsi que des chocs en matière de raréfaction de certaines matières premières qui peuvent affecter nos industriels qui ont besoin de cette matière première pour fabriquer les produits finis. Le dernier choc est la concurrence internationale. La plupart des pays se positionnent. Il va falloir être un peu moins discrets sur la scène internationale, être un peu plus conquérants. Et on doit se servir de la diplomatie économique.
Quelle est votre appréciation sur l’installation de la commission de recours en matière d’exportation hors hydrocarbures ainsi que sur le climat des affaires ?
Le climat des affaires reste encore à améliorer. Il faut en être conscient. En le disant, il convient d’être pragmatique. Le climat des affaires en Algérie s’est amélioré, c’est indéniable. Le climat des affaires de 2019 et celui de 2024, n’a strictement rien à voir. Les entreprises le disent clairement : il y a une amélioration du dispositif réglementaire qui accompagne l’opérateur et qui le protège. C’est le plus important. Les entreprises ont besoin de transparence. C’est le cas aujourd’hui avec ce qui se passe, notamment avec cette commission qui va débureaucratiser l’économie nationale. Il ne faut pas cependant que cet organisme soit assailli de demandes. Si elle est assaillie, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans l’économie. L’objectif est que cette institution serve de garde-fou à des blocages qui sont parfois liées à des complexités administratives ou des personnes malveillantes.
Est ce que la tenue de cette rencontre a répondu à vos attentes ?
Cela a complètement répondu à mes attentes. Imaginez- vous, recevoir 200 entreprises publiques et privées, des personnalités de premier plan, des start-up, des, des TPE, des PME. Tout le monde réuni autour d’un seul objectif : l’essor économique de l’Algérie.
K.R.