Nadjiba Bourenane: «les indices sont très positifs pour la recherche de lithium et de terres rares»
L’Algérie mise sur l’exploration pour valoriser ses ressources stratégiques.

Dans cet entretien accordé à Algérie Invest, la directrice générale des Mines, Nadjiba Bourenane, au ministère de l’Energie et des Mines, revient sur la stratégie nationale visant à développer un secteur minier moderne, attractif et à forte valeur ajoutée. Entre les projets en cours de prospection, la relance de gisements stratégiques, les perspectives d’exportation et l’intégration industrielle (batteries, sidérurgie, engrais), elle affirme que le potentiel algérien est considérable. Elle révèle notamment que les premiers indices pour le lithium et les terres rares sont prometteurs, à condition de poursuivre l’exploration avec des technologies de pointe.
Entretien réalisé par Khaled Remouche
Algérieinvest: Quelle est la vision stratégique des autorités pour relancer le développement du secteur minier ?
Mme Nadjiba Bourenane: La stratégie du pays vise à développer pleinement le potentiel minier national. L’Algérie dispose d’une richesse géologique importante, mais notre sous-sol demeure en grande partie inexploré. Nous devons intensifier les efforts de prospection et d’exploration pour identifier des gisements capables de répondre à la demande du marché national et international.
Comment évaluez-vous ce potentiel ?
Il est significatif, notamment pour des substances essentielles à l’industrie comme le minerai de fer et le phosphate. Nous avons également des polymétaux comme le zinc et le plomb, des minéraux industriels destinés à des filières spécifiques, ainsi que des matériaux de construction. Pour les minerais stratégiques tels que le lithium et les terres rares, les premiers indices sont très positifs. Mais nous devons approfondir les recherches avec des technologies modernes pour confirmer leur présence et leur exploitabilité économique.
Envisagez-vous de développer ces ressources stratégiques en partenariat avec des entreprises étrangères ?
Cela dépendra des opportunités. À ce sujet, un protocole d’accord a été signé récemment avec M. Zeghib dans le cadre du développement des énergies renouvelables, notamment la fabrication de batteries LFP (lithium-fer-phosphate) pour le stockage solaire. Nous avons déjà les ressources en fer et phosphate, mais pour le lithium, il est encore nécessaire de l’évaluer précisément.
Pouvez-vous nous donner plus de détails sur les 26 projets miniers en cours dans le cadre du plan 2021-2023 ?
Ce programme triennal est toujours en cours. Les recherches visent des gisements de polymétaux, de lithium, de phosphate, de minerai de fer et de manganèse — un composant clé pour la sidérurgie. Ce sont des projets de prospection et d’exploration, qui exigent du temps, car l’investissement minier est long, risqué et capitalistique. Il faut parfois dix ans pour confirmer la rentabilité d’un gisement.
Hormis les grands projets stratégiques connus, d’autres développements sont-ils en cours ?
Oui, nous développons des gisements à forte valeur ajoutée : dolomite à Oum El Bouaghi, feldspath à Annaba, baryte à Médéa, bentonite à Tlemcen, et un projet de transformation de phosphate à El Aouinet (Tébessa) destiné à la production d’aliments végétaux et animaux. Ce sont des projets qui répondent à une réelle demande locale.
Qu’en est-il des exportations actuelles et de vos prévisions à moyen terme ?
Pour le moment, la production alimente principalement le marché national. Les exportations restent modestes, dominées par le phosphate et dans une moindre mesure, le zinc. Toutefois, avec l’entrée en production des projets de Gara Djebilet, Oued Amizour et Tébessa, nous passerons à la transformation du phosphate en acide phosphorique, qui a une forte valeur ajoutée. Cela nous permettra de couvrir toute la chaîne des engrais. À l’horizon 2030, nous prévoyons une hausse significative du chiffre d’affaires à l’export.
K.R.
Un commentaire