L’enjeu des dix prochaines années: confirmer l’important potentiel énergétique algérien
Face à la croissance continue de la demande domestique en énergie, l’Algérie doit se tourner vers un mix énergétique diversifié combinant hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, énergies renouvelables et hydrogène vert pour assurer sa sécurité énergétique à long terme.
Par Khaled Remouche
Dans une étude récente publiée par le cabinet international PricewaterhouseCoopers (PwC) intitulée « Algérie, un acteur énergétique majeur dans la région », le potentiel énergétique de l’Algérie est détaillé, en présentant notamment ses vastes réserves d’hydrocarbures non conventionnels. L’Algérie détient l’une des plus grandes réserves mondiales de gaz de schiste, classée troisième après les États-Unis et la Chine, avec une réserve estimée à 280 000 milliards de mètres cubes , dont 10 % seraient récupérables. En ce qui concerne le pétrole de schiste, le pays se classe au septième rang mondial, avec des réserves estimées à 1 194 milliards de barils . Un taux de récupération de seulement 5 % pourrait mettre en lumière plus de 50 milliards de barils , selon PwC, ce qui représente un enjeu majeur pour l’Algérie dans les dix prochaines années.
Potentiel en énergies renouvelables
L’Algérie ne se limite pas à ses ressources en hydrocarbures. Le pays dispose également d’un immense potentiel en énergies renouvelables, notamment solaire et éolien. Le territoire national bénéficie d’une durée d’ensoleillement exceptionnelle, dépassant 2 000 heures par an, atteignant même 3 900 heures dans les régions du grand sud et des hauts plateaux. De plus, l’Algérie détient un potentiel éolien important, reconnu par de nombreux experts.
Dans le cadre de la transition énergétique, le gouvernement algérien s’est fixé l’objectif d’atteindre une capacité de production de 15 000 MW en énergie solaire et 5 000 MW en énergie éolienne d’ici 2030. Ces investissements sont essentiels pour diversifier l’ approvisionnement énergétique du pays et réduction de sa dépendance aux énergies fossiles.
L’hydrogène vert, un pari sur l’avenir
L’Algérie voit également dans l’hydrogène vert une opportunité stratégique. PwC indique que le pays dispose d’un potentiel significatif pour la production et l’exportation d’hydrogène vert. À l’horizon 2040, l’Algérie prévoit de devenir un acteur clé de ce secteur en répondant à 10 % de la demande européenne en hydrogène . Ce développement s’inscrit dans le cadre du programme européen de transition énergétique, dans lequel l’Algérie souhaite jouer un rôle de premier plan.
Défis liés à la consommation de gaz naturel
Cependant, l’Algérie fait face à un défi majeur : la stagnation de sa production de gaz naturel combinée à une forte augmentation de la consommation domestique. Entre 2010 et 2021, la demande intérieure de gaz a augmenté de 84 % , avec un taux de croissance annuel moyen de 5 % . Cette situation menace l’équilibre du bilan gazier du pays, où 99 % des centrales électriques dépendent toujours du gaz naturel. Pour maintenir ses exportations et répondre à la demande interne croissante, la société nationale Sonatrach prévoit d’investir 30 milliards de dollars entre 2023 et 2027 dans l’exploration et la production d’hydrocarbures conventionnels.
Vers un mix énergétique diversifié
L’Algérie doit toutefois aller au-delà des hydrocarbures pour garantir sa sécurité énergétique à long terme. Cela implique de confirmer et d’exploiter les réserves en gaz et pétrole de schiste tout en développant les énergies renouvelables et l’hydrogène vert. Ce processus nécessite une approche intégrée, incluant la sensibilisation des populations locales, notamment celles du sud, où se trouvent ces ressources. Un effort de formation des ressources humaines, la prise en compte des aspects logistiques et la mise en place de plans sociaux pour soutenir ces communautés seront également cruciaux.
Ainsi, la diversification énergétique de l’Algérie est essentielle pour répondre à la demande énergétique croissante, maintenir ses exportations et garantir un développement économique durable.
K.R.
Un commentaire