ActualitésDéveloppement durableInternationalNationaleTransport maritime
A la Une

Jan Hoffman, Directeur logistique à la Cnuced : «L’Algérie pourrait tirer profit de la transition énergétique dans le secteur du transport maritime»

Le secteur du transport maritime international se prépare à une transformation majeure sous l’impulsion de la transition énergétique. Dans cette mouvance mondiale, l’Algérie dispose d’atouts indéniables pour tirer parti des nouvelles tendances, que ce soit en matière de décarbonation, de digitalisation ou de performance portuaire. Éclairage sur les enjeux et les perspectives de ce secteur stratégique pour le pays.

Rencontré en marge de la deuxième édition de la conférence internationale sur l’économie maritime placée sous le thème : «naviguer vers l’avenir : construire le secteur maritime de demain», Jan Hoffman, Directeur logistique à la Cnuced, qui est également Président de l’association des économistes spécialisés dans ce domaine présente dans cet entretien les principales tendances en matière d’évolution du transport maritime international.

« Dr Jan Hoffmann est une figure incontournable dans le secteur maritime, il est l’initiateur de la section Profile Maritime des pays au sein de la CNUCED, ce qui a permis d’améliorer la compréhension des dynamiques maritimes au niveau mondial. Par ailleurs, Jan Hoffmann est le fondateur du Liner Shipping Connectivity Index, un outil essentiel pour évaluer la connectivité maritime des pays et leur intégration dans le commerce international. il est est internationalement reconnu pour son expertise et son engagement envers le développement économique maritime. En tant qu’ancien président de l’Association internationale des économistes maritimes, il a su rassembler les meilleurs esprits du domaine pour promouvoir des pratiques durables et innovantes. »

Entretien réalisé par: Khaled Remouche

Algérie Invest :Quelles sont les tendances  en matière d’évolution du transport maritime international à court et moyen-long terme ?

M. Jan Hoffman : La tendance la plus importante actuellement  et sur les 25-30 prochaines années c’est la transition énergétique et la décarbonation du transport maritime. En 2050, les bateaux ne doivent émettre aucun gramme de CO2, en un mot zéro CO2.  Cette transformation énergétique affectera donc les bateaux. Les navires doivent maitriser leur consommation d’énergie et changer leur carburant. L’inconvénient est que les carburants alternatifs au fuel et moins polluants sont plus chers et prennent 2 à 4 fois plus d’espace que les carburants habituels. Les coûts du transport pour les compagnies maritimes seront donc plus chers et pénaliseront surtout les pays à faibles ou à moyens revenus.

Qu’en est –il du cas de l’Algérie dans ce domaine de la transition énergétique en rapport avec le transport maritime ?

L’Algérie a un potentiel qui pourrait lui permettre de tirer profit de cette transition énergétique. L’Algérie a un potentiel dans le domaine éolien et solaire. Elle produit du méthanol, de l’ammoniac qu’elle peut exporter. Elle peut donc approvisionner les compagnies maritimes en carburants alternatifs au fuel.

Quelles sont les autres tendances en matière d’évolution du transport maritime international ?

Je peux citer la digitalisation, l’automatisation, l’intelligence artificielle, la block Chain qui donnent des possibilités pour améliorer la performance de l’économie maritime nationale. Je peux citer également les facilitations. Cela pour réduire les coûts du transport maritime qui seront plus importants à cause de la transition énergétique. On devrait réduire les coûts avec la transformation digitale.

Que pensez- vous de cette tendance à l’intégration verticale des plus grandes compagnies maritimes dans le monde ?

Nous avons Maersk, MSC, CMA CGM, Cosco qui sont les quatre plus grandes compagnies maritimes dans le monde et qui ont leurs propres opérateurs portuaires qui fournissent des services. Ils ont également leurs propres entreprises qui exploitent des terminaux à conteneurs. Ces géants investissent dans les chemins de fer, le transport aérien. Mais Il y a un danger dans cette évolution. Cela réduit la concurrence. Cela pénalise des pays à faibles ou moyens revenus. Ces compagnies sont plus puissantes financièrement que des Etats.

Quelle est votre appréciation sur la tendance à l’amélioration constante par les ports des indicateurs de performance portuaire ?

Il y a différents indicateurs. Il y a des indicateurs faciles à calculer comme  le temps que met le bateau dans ses opérations dans le port. Il y a également un autre indicateur le temps que met la Douane pour libérer la marchandise. A la Cnuced, on a développé le concept de connectivité, à savoir la connexion avec d’autres pays, directement ou indirectement. L’Algérie a amélioré cet indicateur de connectivité.

Que reste –il à faire pour améliorer l’économie maritime en Algérie ?

Je suggère la participation du secteur privé au développement du secteur maritime en Algérie. Il faudrait également améliorer les indicateurs de performance portuaire, en particulier l’indicateur de connectivité. L’économie maritime en Algérie connaitra une évolution positive avec les investissements privés dans ce secteur. Il faudrait également réformer la Douane et l’administration publique. Dernière suggestion : je reviens comme autre solution à la transition énergétique où l’Algérie affiche un potentiel important.

K.R. 

North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference
Afficher plus

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

Adblock détecté

S'il vous plaît envisager de nous soutenir en désactivant votre bloqueur de publicité