Fethi Chennaoui: «Le partenariat algéro-néerlandais Blue Green Zone a pour ambition l’exportation vers l’Europe de solutions locales»
Un pont entre innovation algérienne et marché européen dans les secteurs bleu et vert.
À l’occasion du lancement du programme Blue Green Zone, fruit d’un partenariat entre l’incubateur algérien Blue Green Business et l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, Fethi Chennaoui, directeur de l’incubateur, détaille dans cet entretien, accordé à Algérie Invest, les objectifs, les étapes et les ambitions de cette initiative. L’accent est mis sur l’accompagnement des startups innovantes dans l’économie bleue et verte, avec pour finalité leur accès au marché néerlandais et européen.
Entretien réalisé par : Khaled Remouche
Algérie Invest: Quelle sera la nature de l’accompagnement de la partie néerlandaise ?
M. Fethi Chenoui: L’accompagnement de la partie hollandaise sera principalement un apport d’expertise. Elle contribuera au coaching des candidats choisis. Il y aura la possibilité de disposer d’experts hollandais une fois que le besoin aura été exprimé. Blue Green Zone est aussi un espace où se tiendront des rencontres B to B, du networking, des conférences thématiques. La partie néerlandaise a un axe prioritaire : l’entrepreneuriat. Elle vise à encourager les initiatives et sait que l’entrepreneuriat est le moteur de l’économie. Elle veut soutenir les jeunes entrepreneurs algériens. Il ne faut pas oublier que les Pays-Bas sont un partenaire clé de l’Algérie. Les opérateurs privés algériens qui suivront ce programme auront une chance d’accéder à une vision hollandaise de l’entrepreneuriat, une vision qui a fait ses preuves.
L’intérêt est commun. La partie néerlandaise est consciente du potentiel que représentent les jeunes diplômés et entrepreneurs algériens dans le domaine de l’innovation. Il y a une matière grise locale, des startups innovantes, des solutions locales qui pourraient être utiles sur le marché hollandais. L’objectif final du programme est de créer des partenariats algéro-hollandais durables et de renforcer la coopération entre les deux pays. Les Pays-Bas disposent d’une expertise mondialement reconnue dans l’économie bleue et l’économie verte. C’est un pays très avancé dans ces domaines.
Quelle sera la contribution de l’incubateur Blue Green Business et de son réseau à la réussite de ce programme ?
Blue Green Business dispose déjà de son réseau et de ses partenaires, avec des ressources humaines expérimentées dans le domaine du business. Nous apporterons notre savoir-faire en matière d’accompagnement et de coaching. Il ne faut pas oublier que nous sommes labellisés par le ministère chargé des startups. Ces dernières ont besoin de se développer sur le marché national. Nous avons perçu ce besoin. Les startups qui intégreront ce programme pourront, pourquoi pas, accéder au marché néerlandais. C’est un véritable challenge pour nous.
Blue Green Business existe depuis 2016. Nous nous spécialisons de plus en plus avec l’évolution de l’écosystème des startups en Algérie. Nous avons des références, une expérience d’accompagnement et de business matching, tout un réseau d’experts, notamment dans les deux secteurs ciblés. C’est ce qui explique le choix de l’Ambassade des Pays-Bas à Alger de faire de notre structure un partenaire clé dans ce programme.
Ce programme est-il cogéré par l’incubateur et l’Ambassade du Royaume des Pays Bas ?
Oui, il est cogéré par les deux parties. C’est un partenariat algéro-néerlandais. Il s’adresse à des startups avancées, qui ont déjà des produits sur le marché, ainsi qu’à des porteurs de projets ayant des prototypes en phase finale. Il s’agit, pour ces derniers, de transformer leur prototype en produit commercialisable sur le marché national.
Les startups plus matures bénéficieront de l’expertise néerlandaise. Nous sommes déjà en contact avec plusieurs d’entre elles. Toutefois, il faut élargir le cercle des bénéficiaires, sans compromettre la qualité. Nous avons pour mission d’enrichir ce cercle et de contribuer au développement de ces jeunes entreprises. Nous pensons accueillir entre 12 et 13 candidats, en fonction de l’intérêt suscité par l’appel à candidatures. Des experts néerlandais interviendront dans les deux domaines ciblés. L’un des objectifs de la phase finale du programme est l’export. Une seconde édition du Startup Day sera organisée, centrée cette fois-ci sur le partenariat algéro-néerlandais dans les secteurs de l’économie bleue et verte
Ce programme est –il destiné principalement au marché national et au marché hollandais ?
Le cycle de vie d’une startup nécessite une accélération de son développement. Elle doit s’agrandir, évoluer vers le statut de PME. La partie néerlandaise offre aux startups l’opportunité d’accéder au marché néerlandais, et pourquoi pas au marché européen.
Ces startups vont-elles contribuer au développement de l’économie circulaire en Algérie ?
Certaines y contribuent déjà. Mais il reste un besoin important d’élargir ce marché, d’en améliorer les pratiques et d’y intégrer davantage d’innovations. L’un des objectifs du programme est précisément de répondre à ce besoin.
Quelles ressources humaines mobilise Blue green Business pour contribuer à la réussite de ce programme ?
Un incubateur, c’est avant tout un collectif d’entrepreneurs. Nous comptons sur la qualité de nos universitaires. Dans le cadre du programme, nous serons cinq en interne, mais nous mobiliserons un réseau de plus d’une centaine de collaborateurs : experts, coachs, personnel technique, chefs d’entreprise. C’est cette synergie qui fait la réussite de Blue Green Business. Nous sommes actifs dans plusieurs secteurs : énergétique, agroalimentaire, économie bleue et verte. Dans le domaine maritime, par exemple, nous soutenons des innovations en Blue Tech, en construction navale, dans l’écosystème marin et l’économie circulaire.
Quelles sont les références de Blue Green Business ?
Nous accompagnons les porteurs d’idées, selon la qualité de l’entrepreneur. Notre mission est de les coacher, de les accompagner. Nous avons permis à plusieurs d’entre eux d’atteindre la labellisation. Nous avons contribué à l’évolution de projets qui commercialisent aujourd’hui leurs produits sur le marché national. Une dizaine de startups sont nées grâce à notre accompagnement.
Quelles sont les ambitions du programme Blue Green Zone ?
Blue Green Zone est un espace issu d’un partenariat entre Blue Green Business et l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas. Il a été lancé le 24 septembre dernier à Alger. L’objectif est d’accompagner et d’accélérer le développement de startups algériennes et de porteurs de projets innovants dans l’économie bleue et l’économie verte. Ce programme vise à transformer l’innovation en opportunité business, à renforcer la compétitivité des jeunes entrepreneurs et à les propulser vers les marchés européens.
Quels sont les domaines ciblés par ce programme ?
De manière générale, il s’agit de l’économie bleue et de l’économie verte. Pour la première, les domaines sont : gestion durable de l’eau, protection des écosystèmes côtiers, artisanat maritime, pêche responsable, énergies marines renouvelables, construction navale durable. Pour l’économie verte, le programme recherche des solutions locales exportables dans : économie circulaire, valorisation de la biomasse, agriculture durable, innovation agroalimentaire, mobilité verte, modèles à faible émission carbone.
Quelles sont les étapes de ce programme d’accélération ?
La première phase s’étend de fin septembre 2025 à février 2026. Elle concerne le lancement, la structuration du programme, la sélection des projets, et le diagnostic initial. L’appel à candidatures sera lancé début octobre sur notre site bgbincubator.com et sur nos réseaux sociaux.
La seconde phase, de mars à août 2026, prévoit un coaching intensif, le prototypage avancé, des tests terrain, du networking B2B et la connexion avec des partenaires néerlandais.
Enfin, la troisième phase (septembre à décembre 2026) portera sur la mise en réseau, la valorisation, des événements de promotion, des rencontres B2B et une édition spéciale du Startup Day. Des conférences thématiques et workshops seront également organisés.
K.R.



