Farid Yala, expert maritime: «Les ports algériens, des indicateurs de performance en deçà des standards internationaux»

Lors de la conférence internationale sur l’économie maritime, l’expert Farid Yala a dressé un état des lieux alarmant du transport maritime en Algérie, marqué par des infrastructures portuaires peu compétitives face aux normes internationales. Entre domination des grands groupes mondiaux, transition énergétique et montée en puissance du gigantisme, il appelle à une refonte stratégique urgente basée sur des indicateurs de performance, la digitalisation et une gestion moderne des ports.
Par Khaled Remouche
Au cours de la conférence internationale sur l’économie maritime organisé par GTS et World Trade Center Alger, Farid Yala, expert maritime, a présenté une communication sur les enjeux et défis du transport maritime international ainsi que la compétitivité dans l’activité portuaire. D’emblée, il a relevé en matière de stratégie qu’on assiste à la formation à l’international d’oligopoles- allusion aux géants Msc, Mearrsk, CMA CGM et Cosco-qui essaient de réduire les couts, de massifier le transport maritime international, choisissent des destinations de prédilection. En somme ils veulent faire leur business le plus simplement possible avec l’aide autant des Etats que des opérateurs économiques. Il a ensuite souligné que le transport maritime international en termes de tonnage a connu une croissance concernant les conteneurs de 3,5% en 2024 et devrait selon les prévisions de la Cnuced progresser de manière générale en moyenne de 2,5 % en 2025 par an et se stabiliser en moyenne à cette hauteur d’ici à 2029. Le volume à atteindre est 12 milliards de tonnes.
Concernant la composition de la flotte mondiale, elle compte en janvier 2024 110.000 navires soit une jauge brute de 2,6 milliards de tonnes contre 94.000 navires en 2021. Il y a eu un changement dans la typologie des demandes relève-t-il : le conteneur représente 14% contre 2% en 1980. La tendance est au gigantisme : on construit des navires plus grands. La Chinois travaille sur un plan de construction d’un navire d’une capacité de transport 32.000 conteneurs, soit au minimum 600. 000 tonnes. La Chine est en train de construire deux navires d’une capacité de 27500 conteneurs chacun. Il s’agit des plus grands navires dans le monde. Il y a dans le monde plus de 100 navires en construction qui auront pour énergie de propulsion le gaz naturel liquéfié (GNL), à des fins d’alignement aux exigences liées à la transition énergétique, à la lutte contre le changement climatique.
Autre tendance : on assiste à la globalisation du conteneur. On enregistre en 2024 160 millions de conteneurs transportées, la capacité de transport mondial est de 31 millions de conteneurs (le conteneur fait plusieurs voyages dans l’année). Les quatre plus grandes compagnies maritimes dans le monde ont dans leur portefeuille 80 % des conteneurs qui circulent à l’échelle de la planète. Farid Yala apporte dans la foulée une importante nuance : 70% des navires dans le monde circulent sous pavillon de complaisance, d’où la notion relative de souveraineté, laisse-t-il entendre. C’est eux qui détiennent le fret, ce ne sont pas les Etats. L’expert signale, en outre, que les quatre plus grandes compagnies maritimes dans le monde détiennent le plus grand nombre de navires de transport de marchandises. MSC la plus grande compagnie maritime dans le monde détient 713 navires, 5,5 millions de conteneurs, Maersk 587 navires, CMA CGM 561 navires et Cosco 554 navires. Ces compagnies génèrent un revenu de 81 milliards de dollars et ont des marges qui tournent autour de 20%.
Le temps d’attente d’un navire dans le port est en moyenne de 7 heures à l’international contre souvent plusieurs jours en Algérie
Il existe, ajoute-t-il 4936 ports dans le monde dans 196 pays, 13 en Algérie. Dans ce nombre, 900 sont dédiés au conteneur. Concernant les performances portuaires, le port de Shanghai traite 50 millions de conteneurs. C’est 40 fois ce que fait l’Algérie. En termes de cadence, la moyenne de déchargement des conteneurs à l’international est de 250 conteneurs/heure contre 10 conteneurs/heure en Algérie. Le développement des ports a-t-il observé s’assimilent à des opérations internationales, des opérations économiques. « Il n’y a pas de sentiment dans le transport maritime. C’est du business» ajoute-t-il. En ce sens, il a souligné que la gestion des ports ce sont à travers des tableaux de bord, des indicateurs de performance qui permettent de situer la productivité du port algérien avec les ports performants ailleurs dans le monde et donc de prendre des mesures pour améliorer ces indicateurs. Ce ne sont pas des appréciations.
A cet égard, il a relevé que le temps d’attente d’un navire en moyenne à l’international est de 7 heures contre plusieurs jours en Algérie. Il s’agit de voir constamment ce qui passe à l’international où on est à l’ère du gigantisme. Par exemple, à Singapour, on a lancé la construction en 2023 d’un port d’une capacité de 63 millions de conteneurs et, soit si on considère 1 conteneur de 20 tonnes, cela correspond une capacité de transport de plus d’1 milliard de tonnes. Une image de l’ambition de ce pays d’accaparer une part importante du marché maritime mondial. On estime le cout de cette méga infrastructure à 36 milliards de dollars. Il a observé, en outre, que 40 % de la flotte de porte-conteneurs mondial passe par 8 à 13 ports. Le navire fait ainsi le tour du monde. Ce n’est pas comme en Algérie où le navire se limite par exemple à la ligne Alger-Marseille- Alger.
Enfin, Farid Yala a conclu sa communication en suggérant une stratégie pour moderniser le transport maritime en Algérie et le rendre performant. Il préconise en particulier un état des lieux du secteur, une vision, des réformes structurelles, un schéma directeur révisé tous les cinq ans accompagné d’un suivi dans sa mise en œuvre pour l’améliorer s’il y a lieu, le développement du management, la création d’observatoires et la digitalisation.
K.R.
L’intervention de M. Farid Yala ICI
GOOD EVENING,
J’AIS LU VOTRE RAPPORT DE SITUATION DU TRANSPORT MARITIMES EN ALGERIE.
CONCERNANT VOS SUGGESTIONS POUR MODERNISER LE TRANSPORT MARITIME ET PRINCIPALEMENT LES INFRASTRUCTURES PORTUAIRES QUI SONT DANS UN ETAT DE DELABREMENT TRES AVANCE. A 70 POUR CENT OBSOLETE EN 2024.
VOUS AVEZ OUBLIER LE FACTEUR HUMAINS QUI DIRIGERA ET GERERA LE DOMAINE MARITIME DE A A Z.
IL NE FAUT PAS OUBLIER QU’AVEC L’ARRIVEE DE LA DIGITALISATION, ROBOTISATION’,AUTOMATISATION A OUTRANCE, ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE , NOUS SOMMES TRES EN RETARD A DES ANNEES LUMIERE PAR RAPPORT AUX AUTRES PAYS.
C’EST UN TRAVAIL COLOSSAL QUI ATTEND LES DECIDEURS DU PAYS, POUR RELEVER LE DEFI DANS CE DOMAINE STRATEGIQUE ‘QUI EST LE MONDE MARITIME DANS SA GLOBALITE.
BARAKA ALLAHOIU FIK CAPTAIN YALA
BON COURAGE MON FRERE.
SIFI ABDERRAHMANE
MARINE CHIEF ENGINEER